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dimanche 7 janvier 2018

La laïcité. bouclier fêlé de Charlie hebdo et de la gauche effondrée

Quand la laïcité est  agressive, elle ne peut prétendre rassembler

Les anarcho-révolutionnaires de Charlie hebdo tentent pourtant de se faire plaindre

 Trois ans après Charlie, la laïcité sectaire, comme bouclier, reste une gageure. Des organisations intolérantes de défense de la laïcité célèbrent aujourd'hui la liberté d'expression, instrumentalisant logiquement les attentats de janvier 2015. Les victimes étaient laïques, mais surtout révolutionnaires et ceux et celles qui restent s'étonnent de toujours payer le prix fort de l'anarchie rigolarde. Trois ans après le massacre et la mobilisation, le journal dispose d'un beau pactole constitué sur la récupération de l'événement médiatico-politique, mais que reste-t-il de l'esprit Charlie, s'interrogent maintenant les survivants ?

L'opération consiste à redorer une image que la satire "no limit" a conduit au bain de sang.
Le crime de masse est indéfendable, mais la provocation réitéréee, pas davantage. Il y a trois ans, la France entière apprenait stupéfaite le massacre à la rédaction de Charlie Hebdo. Une attaque sans précédent, mûrement réfléchie, très certainement téléguidée par des cerveaux fanatiques, et exécutée par deux anciens délinquants radicalisés. 
Les provocateurs étaient-ils moins fanatisés, notamment par le concept largement franco-français de laïcité ? Une France bouleversée qui s'est mobilisée, offrant à la nation une de ses manifestations les plus massives, quatre millions de personnes dans la rue revendiquant ensemble : "Je suis Charlie". Les Français ont la compassion chevillée au coeur.
 
Un esprit était né, nous assure-t-on, assez peu spontanément, car les participants ne connaissaient pas nécessairement le journal, donc son contenu subversif, discriminatoire et blessant.  Ils savent, depuis, et se sont détournés, à la fois du journal et de ce soi-disant "esprit Charlie" créé de toutes pièces. 
Ceux et celles qui tentent d'incarner ce qui n'a pas de substance cherchent à faire revenir les manipulés et les déçus. C'est le sens de l'opération du samedi 6 juillet devant les anciens locaux du sulfureux hebdo, puis aux Folies-Bergères à Paris.

La mystification se fonde sur l'idée que la liberté d'expression ne puisse pas reculer devant les idéologies et les fanatismes

Mais moins qu'une 'tenue' franc-maçonne ?
Pour commémorer ces moments tragiques, mais aussi pour baliser l'avenir autour de "valeurs" (ils n'ont pas peur des mots)plusieurs organisations de défense de la laïcité ont organisé une journée de rencontres et de débats à Paris. Réécrire la fusillade et détourner le sens que les tueurs voulaient donner à leur geste obscène. Obscène, comme les dessins publiés pour faire mal et provoquer des actes de représailles qui auraient dû être détournés de leurs commanditaires sur des acteurs involontaires, des esprits faibles et malléables, susceptibles de modifier leurs modes de pensée, leur sens commun, leurs votes.  Voire leurs actes, subversifs et vengeurs. L'effet boomerang a toutefois opéré.

Une imposture typiquement marxiste prenant le contre-pied de la réalité. Plus elle est énorme, mieux la contrevérité s'impose. L'événement, intitulé "Toujours Charlie !", est organisé par le Printemps républicain, la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) et le Comité Laïcité République, trois associations très actives dans le combat laïc et ont besoin d'invoquer la République pour apparaître légitimes.
Le Printemps républicainLes trotskistes de Mediapart décrivent cette association comme "un collectif exprimant un communautarisme national [qui] ambitionne de constituer une Union sacrée qui repose, pour l'essentiel, sur l'essentialisation de l'islam et la stigmatisation des musulman-e-s". Le site l'associe au Parti socialiste et dénonce le radicalisme de certains membres. A deux exceptions près (Emmanuel Maurel et Jérôme Guedj), l’aile droite du PS y est en effet (sur)représentée (des proches de François Hollande et de Manuel Valls – dont Gilles Clavreul, délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, d’ex-partisans de Dominique Strauss Kahn), ainsi que le chevènementiste Mouvement républicain et citoyen. Quelques communistes, au moins un membre et un ex-membre du Parti de gauche de Mélenchon sont présents.Sur quelle base, cette stigmatisation ? Elisabeth Badinter et Catherine Kintzler (également signataire), étaient les instigatrices d’un autre article-manifeste en 1989 qui avait fait beaucoup de bruit à l’époque : "Profs, ne capitulons pas !". Dans ce texte co-signé avec Régis Debray, Alain Finkielkraut et Élisabeth de Fontenay, les auteures mettaient en garde contre un 'Munich de l’école républicaine', ni plus ni moins, et s’opposaient à la position "pragmatique et conciliatrice" (selon Mediapart) du ministre de l’Education Lionel Jospin et du Conseil d’État relative au port des signes religieux à l’école.Le 14 mars 2016, le journal Marianne a publié un texte : "Face aux attaques contre la République, manifeste pour un Printemps républicain" signé d'Elisabeth Badinter ou Gérard Biard [rédacteur en chef de Charlie hebdo, pourquoi ne pas le préciser...], en passant par la journaliste millionnaire Anne Sinclair, le politologue Laurent Bouvet [Gauche populaire, réseau d'élus, de militants et de citoyens proches du PS qui plaident pour une meilleure prise en compte des attentes des catégories populaires] et Maître Richard Malka [avocat de la société Clearstream, défenseur, en décembre 2010, de la crèche Baby Loup, obtenant du conseil de prud'hommes la validation du licenciement d’une salariée voilée et, pourquoi le taire?, aussi conseil du journal Charlie Hebdo depuis 1992], chantres habituels de la République assiégée, qui appellent à son renouveau en ces temps troublés d'attentats islamistes. C'est beau comme l'antique, mais en toc.
Comité Laïcité RépubliqueIl a été créé au moment de la première "affaire du voile". Face à la confusion qui s’installait déjà dans de nombreuses têtes et à l’absence de réaction forte et claire des organisations laïques et progressistes, certains intellectuels dénoncèrent eux aussi "un Munich des consciences". Avec eux, Élisabeth Badinter, le castriste Régis Debray, Alain Finkielkraut, Catherine Kintzler, Elisabeth de Fontenay et des francs-maçons et libre-penseurs, proches du parti-radical socialiste, tels Henri Caillavet, Jean-Pierre Changeux, Gisèle Halimi, Albert Memmi, Claude Nicolet, Jean-Claude Pecker et de nombreux autres, soutenus à l’origine par le Grand Orient de France. Ils se mobilisaient pour défendre et promouvoir la laïcité, intervenir partout dans le débat d’idées, sans s’immiscer dans les débats électoraux, disaient-ils. Ce comité avait néanmoins milité en faveur de Nasser Khader, député danois d’origine syrienne, poursuivi pour avoir osé défendre Charlie Hebdo dans l’affaire des caricatures., par exemple. La déclaration de principe fait clairement référence à une citoyenneté républicaine fondée sur les valeurs universalistes issues des Lumières et sur une laïcité qu'ils préféraient ne pas définir.
Manuel Valls à la cérémonie./ AFP
Quelque 1.500 personnes étaient attendues, parmi lesquelles des politiques, dont l'ancien premier ministre Manuel Valls (apparenté LREM), qui s'afficha plusieurs heures au premier rang, la fondatrice des Femen, Inna Shevchenko, l'écrivaine bangladaise Taslima Nasreen ou la philosophe Elisabeth Badinter. D'autres acteurs politiques ont annoncé leur venue, parmi lesquelles le président foireux de l'Assemblée nationale, François de Rugy (LREM), la ministre de la Culture, Françoise Nyssen (qui déclare pourtant ne pas être à sa place en politique), la présidente politicienne de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (LR) et la maire gauchiste de Paris, Anne Hidalgo (PS), escortée du maçon Julliard.

Paradoxalement, ces trois organisateurs de la journée "Toujours Charlie" défendent une conception offensive de la laïcité, contre les "communautarismes" religieux et ethniques. Ce positionnement politique ambigu au côté des fauteurs de troubles leur vaut d'ailleurs de nombreux opposants, notamment à leur gauche, où la gauche radicale dénonce un combat "islamophobe". Si cette journée médiatique n'a comblé aucun fossé, elle en a ouvert d'autres.  

Nombre de membres de Charlie Hebdo étaient absents
Emmanuel Macron, la maire de Paris Anne Hidalgo et plusieurs membres du gouvernement rendent hommage aux victimes de \"Charlie Hebdo\", dimanche 7 janvier 2018 à Paris.
L’équipe de l’hebdomadaire satirique semble se tenir plus ou moins à l’écart de cette initiative. Seuls son rédacteur en chef, Gérard Biard, et sa directrice des ressources humaines, Marika Bret, amie de Charb, devait représenter le journal. Les autres membres de l'équipe n'étaient pas là pour des raisons de sécurité. Raison diplomatique officielle pour tenter de masquer des divergences idéologiques au coeur du media.  
Marika Bret n'a pas hésité à faire de la retape, affirmant d'abord, un an après l'attentat et les départs de Luz et du Dr Patrick Pelloux de la rédaction, la nécessité de continuer "pour dire que les Frères Kouachi n'ont pas gagné", puis, trois ans plus tard, estime qu'on n'est pas obligé d'adhérer à l'ensemble des provocations du journal...
Cette commémoration tombe à un moment difficile où un débat agite la société, précisément autour de cette idée de laïcité. Ce rassemblement apparaît aux yeux de certains comme très "vallsiste", sur la ligne de l'ancien Premier ministre qui a montré son intransigeance cet automne, lors d'une passe d'armes avec le site d'information Médiapart, dans le sillage de l'affaire Ramadan. Certains craignent que ce courant, partisan d'une laïcité «sans qualificatif», ne veuille récupérer l'esprit Charlie. Accédez à 100% des articles locaux à partir d'1€/mois Du côté du Printemps républicain, on ne cache pas l'intention de remettre la laïcité au cœur du débat public, et l'on attend du président Emmanuel Macron une prise de position claire. Les initiateurs de cette manifestation revendiquent le droit de critiquer «l'islam politique», tout en excluant toute islamophobie. Un courant qui s'oppose à une extrême-gauche «imprégnée d'une idéologie post-colonialiste qui voit les musulmans comme les nouveaux damnés de la terre». Leurs adversaires les accusent de vouloir récupérer l'esprit Charlie, au lieu de se retrouver entre partisans de "laïcités différentes" et conserver ainsi une unanimité quasi nationale autour de la défense de la liberté d'expression. L'anniversaire de cette tragédie n'aura pas réussi à réparer cette fracture.
On a envie de les plaindre, les survivants de cette Une grinçante ?
Cette commémoration tombe à un moment difficile où un débat agite la sociétéprécisément autour de cette idée de laïcité que le journal a ouvert. 
Ce rassemblement apparaît aux yeux de certains comme très "vallsiste", sur la ligne de l'ancien Premier ministre qui a montré son intransigeance cet automne, lors d'une passe d'armes avec le site d'information trotskiste Mediapart, dans le sillage de l'affaire Ramadan, dont il est peut-être permis de rappeler que l'islamiste est accusé de harcèlement sexuel par plusieurs victimes présumées Certains craignent que ce courant, partisan d'une laïcité "sans qualificatif" - à la différence de l'islamisme qualifié de radical ou de modéré -, ne veuille récupérer l'esprit Charlie. 
Du côté du Printemps républicain, on ne cache pas l'intention de remettre la laïcité au cœur du débat public, et on attend du président Emmanuel Macron une prise de position claire, alors qu'il a réclamé, au contraire, une commémoration sobre, sans prise de parole. Les initiateurs de cette manifestation revendiquent le droit de critiquer "l'islam politique", tout en excluant toute islamophobie.
 
Un courant qui s'oppose à une extrême-gauche "imprégnée d'une idéologie post-colonialiste qui présente les musulmans comme les nouveaux damnés de la terre". Leurs adversaires les accusent de vouloir récupérer l'esprit Charlie, au lieu de se retrouver entre partisans de "laïcités différentes" et conserver ainsi une unanimité de façade quasi nationale autour de la défense de la liberté d'expression. Une notion devenue "tarte à la crème", au même titre que l'humanisme confisqué par la gauche. L'anniversaire de cette tragédie n'aura pas réussi à colmater cette fracture.

L'esprit Charlie s'essouffle et il fallait le ventiler. 
Ce jour du souvenir sera-t-il institué jour férié, alors que désormais le slogan "Je suis Charlie" divise, 61 % des Français se sentant - subjectivement, émotionnellement - encore "Charlie", dix points de moins qu'en janvier 2016, selon un sondage fourre-tout de l'institut Ifop pour Europe 1
Ont-ils réussi à ranimer la flamme ? 

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