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dimanche 24 juillet 2016

La chef de la vidéosurveillance de Nice dénonce des pressions du ministre de l'Intérieur

Les méthodes des hommes de Valls démasquées

La chef du Centre de supervision urbain (CSU) de Nice révèle des interventions du ministère de l'Intérieur


De service aux commandes de la vidéosurveillance le soir de la tuerie du 14 juillet, Sandra Bertin, chef du CSU de Nice, a confié un harcèlement des services de Cazeneuve... Elle a informé le JDD des pressions qu'elles a subies de la part de la place Beauvau.  

Une semaine après l'attentat de Nice, on cherche à éclaircir les conditions qui ont permis au tueur de commettre un tel carnage prémédité sans être arrêté. Plusieurs dispositifs de sécurité ont connu des failles ou n'ont pas été activés, produisant un bilan sécuritaire désastreux.

Le 14 juillet, un camion de 19 tonnes a foncé sur la foule en liesse lors du feu d'artifices de la Promenade des Anglais à Nice, faisant 84 morts et plusieurs centaines de blessés parmi plus de 30.000 personnes présentes. Une semaine après, la question des failles de sécurité se pose de manière polémique: plusieurs dispositifs normalement nécessaires à la tenue d'un événement festif de cette ampleur étaient absents. Manuel Valls et Bernard Cazeneuve livrent à ce sujet une bataille sans fin face à Estrosi, président de la région PACA, chacun se renvoyant la responsabilité des erreurs, et l'IGPN, la "police des polices", saisie par Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur pris dans la tourmente de ses mensonges, a dû ouvrir une enquête sur le dispositif policier après les révélations accusatrices de Libération. 
Quand le camion de Mohamed Laouhaiej-Bouhlel entre sur la Promenade des Anglais, ce 14 juillet, que voyez-vous sur vos écrans? 

Je me rappellerai toute ma vie de cette heure-là : 22h33. J’étais devant les écrans du CSU avec les équipes. Nous recevons alors des policiers municipaux positionnés sur la Promenade le signalement d’un camion fou. Nous récupérons tout de suite son image à l’écran et nous demandons son interception. Le camion était lancé à 90 km/h, sans phares, sans qu’on l’entende à cause du bruit. Il contourne le barrage de la police municipale. Les équipes n’ont pas pu l’arrêter. On ne crève pas les pneus d’un 19 tonnes avec un revolver ! 
A ce moment-là, d’autres policiers municipaux sont en civil dans la foule, qui se retrouvent face à lui. S’ils avaient été armés comme nos collègues de la police nationale, une de nos revendications, ils auraient pu le stopper. 

Le poids-lourd se retrouve finalement face aux policiers nationaux, qui tirent et le neutralisent. Il est 22h34. 

"J’ai été harcelée pendant une heure. On m’a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n’ai pas vu à l’écran" 

La sous-direction anti-terroriste vous a demandé, le 20 juillet "l’effacement complet des enregistrements de vidéosurveillance" sur la Promenade pour cette nuit du 14 juillet afin d’éviter les fuites. Ce à quoi s’oppose la ville de Nice…. 

Le lendemain des attentats, le cabinet du ministre de l’Intérieur a envoyé un représentant au CSU qui m’a mis en ligne avec la place Beauvau
J’ai alors eu affaire à une personne pressée qui m’a demandé un compte-rendu signalant les points de présence de la police municipale, les barrières, et de bien préciser que l’on voyait aussi la police nationale sur deux points dans le dispositif de sécurité. Je lui ai répondu que je n’écrirais que ce que j’avais vu. 

Or, la police nationale était peut-être là, mais elle ne m’est pas apparue sur les vidéos.
Cette personne m’a alors demandé d’envoyer par email une version modifiable du rapport, pour "ne pas tout retaper". 

J’ai été harcelée pendant une heure, on m’a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n’ai pas vu à l’écran. A tel point que j’ai dû physiquement renvoyer du CSU l’émissaire du ministère ! 

J’ai finalement envoyé par email une version PDF non modifiable et une autre modifiable (...) 
Jeudi, Bernard Cazeneuve a saisi l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, le service d'inspection de la Police nationale française, rattachée au ministère de l'Intérieur, et de la préfecture de police de Paris, sous l'autorité du ministre de l'Intérieur) pour une "évaluation technique du dispositif de sécurité et d'ordre public". Les conclusions de l'enquête doivent être rendues  la semaine prochaine au ...ministre qui défend le dispositif de sécurité défaillant mis en place
De son côté, vendredi, François Hollande a promis une transparence totale dans l'analyse du dispositif de sécurité déployé ce soir-là. Ancien maire (2001-2012) de la ville de Cherbourg-Octeville (37.000 habitants dans la Manche), absorbée par Cherbourg-en-Cotentin, l'ex-député Bernard Cazeneuve disposait d’une petite police municipale qui n’était pas équipée de vidéoprotection.

Pas de chance en effet pour les hommes de Cazeneuve mis en place par Manuel Valls avant de passer à Matignon, Sandra Bertin est secrétaire générale du Syndicat autonome de la Fonction publique territoriale (SAFPT) Métropole-Ville de Nice...
En avril 2014, le nouveau ministre de l'Intérieur - ancien ministre du ...Budget (il est ancien juriste à la Banque populaire) et nouveau "premier flic de France" inconnu des professionnels de la sécurité-
a dévoilé la composition de son cabinet. Suite aux départs de plusieurs collaborateurs de son prédécesseur Manuel Valls à Matignon, Cazeneuve a dû le renouveler à 50%, mais le préfet Thierry Lataste est resté directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur. Celui-ci avait été préfet de la région Languedoc-Roussillon, directeur général des services de la région Rhône-Alpes, ainsi que directeur de cabinet de Pierre Mauroy, à la mairie de Lille (1983-1985).

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