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samedi 24 octobre 2015

Conflit d'intérêts: Moscovici, commissaire européen en campagne des régionales en France

L'ex-ministre de l'Economie et des Finances, en visite de campagne en PACA, région où le FN est en position de force 

Le journal socialiste Libération le dit en "visite de terrain"...

"Ce n’est pas un hasard si j’ai choisi cette région pour mon premier déplacement," clame-t-il à chaque étape. Pierre Moscovici a fait une descente ce vendredi en Provence, officiellement pour faire le VRP de la Commission européenne.

Parachuté de Bruxelles pour tenter, le temps d’une journée, d’améliorer l’image du Parti socialiste sur le thème des institutions européenne vécues comme  coupées des citoyens dans, dit-il, "une région où l’euroscepticisme est très implanté", commente-t-il. L'ancien trotskiste suspecte ainsi les électeurs provençaux d’être des extrémistes de droite menaçant le conseil régional du président sortant, le socialiste Michel Vauzelle.

Au moment où l’Europe fait face à plusieurs crises, grecque ou migratoire avec l'afflux déstabilisant de clandestins africains,
et à quelques semaines d’élections régionales pour lesquelles les sondages prédisent un nouveau vote record pour le Front national, l’ex-ministre des Finances - exfiltré du gouvernement de Hollande pour incapacité à redresser la courbe de l'emploi - vient en Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca) pour tenter de redorer l’image de commissaires 'bureaucrates' qui s'aliènent la population par leurs multiples tracasseries. Pas gagné.

Moscovici confie vouloir "multiplier" ces déplacements sur le terrain
Valls est déjà passé cet été,
avant Moscovici
Ce n’est vraiment pas un hasard s'il a choisi cette région pour son premier déplacement... Il est venu soutenir le candidat PS en région PACA, un ancien chef de cabinet de Michel Sapin (2000- 2002) et prend la mairie de Forcalquier ... dans les Alpes-de-Haute-Provence en 2001, avec le soutien de Paris où il a fait sa carrière: dès 1995, il est directeur de cabinet d'un proche de Dominique Strauss-Kahn, Tony Dreyfus,  alors maire du 10e arrondissement de Paris.

Libération l'a suivi tout au long de sa traversée de la France en TGV
, depuis Paris jusqu'à Aix-en-Provence
et le journal des multi-millionnaires Bruno Ledoux (héritier de Penarroya) et Patrick Drahi, également propriétaire de L'Express/L'Expansion, salue cette ingérence dans son édition du 23 octobre. Il la justifie: "comme le font les ministres français, pour 'débattre avec des chefs d’entreprise, des jeunes, des médias' ".  
A Sciences-Po Aix, il commence par les "futures élites". Il est venu prêcher la bonne parole européenne sur le traité transatlantique, l’accueil des réfugiés et de la Grèce, évitant les questions économiques et financières ou de croissance et d'emploi: on comprend pourquoi l'ancien ministre de Hollande n'a pas intérêt à y revenir.
Moscovici est revenu sur le lieu de ses exploits

Depuis son éjection, "la France n’est plus la mauvaise élève de l’Europe" ?
La veille, les étudiants aixois avaient eu droit à Jean-Luc Mélenchon. Aux critiques feutrées des jeunes privilégiés, dont les positions sont pourtant clairement plus à gauche que les siennes, l'ex-militant de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) d'Alain Krivine et ex-ministre de Hollande, Moscovici réplique : "Il est normal de porter tout ça, mais faites-le en pro-européens", les exhorte-t-il avant de repartir pour Marseille visiter des start-up financées à la fois par la région Paca et les fonds structurels européens, puis la rédaction du quotidien local La Provence, propriété de Bernard Tapie, avant de finir sa journée dans une "école de la deuxième chance" implantée dans les quartiers Nord de la ville et par un "dialogue citoyen" sur France 3 concernant "l’emploi des jeunes".
"Que peut faire l’Europe ?"
Pour l’apprentissage, pour que les entreprises "jouent le jeu" quand elles "reçoivent des aides", l’embauche des jeunes… Moscovici s’emploie à décrire les politiques économiques européennes pour les démocratiser, mais c’est compliqué d’expliquer concrètement en quoi l’échelon communautaire peut aider les Français à trouver un emploi -surtout à des jeunes dont l'avenir est  jonché de roses- et éviter le langage l'anglais bruxellois: trois fois le mot "benchmark' en trente minutes (pour 'repère' ou 'référence' en langue de Molière) dans la bouche d'un Français  par ailleurs solidaire du "made in France" de Montebourg. 
Moscovici dispense les conseils d'un gestionnaire en échec de Paris à Bruxelles "Ne croyez pas que l’Europe peut tout", dit-il. Et quand la responsable de la mission locale de Marseille se plaint des lenteurs des fonds structurels européens, Moscovici avoue son impuissance d'’un : "Je me ferai votre ambassadeur."

Les citoyens boudent l’Union européenne  un peu plus à chaque élection (plus de 57 % d’abstention en 2014) ou préfèrent utiliser un bulletin Front national pour sanctionner Paris. Le commissaire français appelle ça une "commission politique", en opposition à l’ère Barroso jugée trop "bureaucratique". Il n’empêche que le PS voyait d'un mauvais oeil une présidence de l'UE par Juncker, ancien premier ministre du paradis fiscal luxembourgeois et favorable au Monsanto. Aujourd'hui, ses services, en accord avec les traités européens signés par la France, sont en train d’étudier le budget français pour un avis de la Commission prévu pour la mi-novembre, raconte Moscovici.
Depuis 2012, François Hollande dit qu’il va réorienter l’Europe. Il a échoué en 2012. Puis, il a tenté une nouvelle fois de proposer quelque chose suite aux élections européennes. Cette proposition s’est matérialisée par l’envoi d'une lettre en faveur d’un plan de relance de 1200 milliards d’euros. Le communiqué du conseil européen publié le 27 juin 2014 est assez clair, il n’a rien obtenu. Rien. Pas même un lot de consolation. La conférence de presse fut en ce sens assez pénible, puisqu’il s’agissait pour lui de tenter de sauver la face comme il le pouvait. Il a d’ailleurs terminé en parlant de foot et de l’équipe de France.
Il faut admettre que
jamais la France n’a été aussi faible depuis les prémices de la construction européenne, et le Président en porte l’entière responsabilité. Le plus frappant est que son avis n’est même plus considéré comme digne d’intérêt par la presse étrangère, il est devenu bien trop faible sur le plan intérieur pour pouvoir porter la voix de son pays en Europe. C’est un véritable effondrement politique de la France au sein de l’Union.
Moscovici juge les rapports avec Paris "plus fluides"
"La France n’est plus la mauvaise élève de l’Europe mais elle n’est pas non plus la championne" (sic, et 'gasp' !) admet-il froidement devant la future 'élite'. Et d'assurer que si "la Commission définit les fins, les Etats choisissent les moyens". L’ancien député du Doubs cite ainsi l'exemple de réformes celles de l’ex-chancelier Schröder en Allemagne, "plus radicales mais [qui] se sont révélées plus efficaces" et estime que la "réforme du marché du travail en France n’est pas achevée".

Un bon point à Emmanuel Macron
Sur le plateau de France 3, voilà Moscovici qui plaide pour une "économie déverrouillée, "plus souple" qui apparaît comme un soutien au gouvernement, à deux jours de l'ouverture officielle de la campagne des régionales. Difficile de ne pas considérer que l'ancien ministre de Hollande n'est pas venu apporter sa contribution à l'effort du PS.
Première incursion; la prochaine à Calais ou Lille ?

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