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lundi 22 juin 2015

Patrick Drahi, cet homme d'affaires qui veut Bouyghes télécom, après Libération, L'Express et Numéricable-SFR

Le boulimique propriétaire du quotidien Libération, de Numéricable et de SFR, inquiète

L'insatiable homme d'affaires Patrick Drahi a-t-il le premier des 10 milliards d'euros qu'il offre pour le rachat de Bouygues Telecom?

Le gouvernement s'est montré totalement hostile à cette opération dimanche. Une telle offre, si elle aboutit, chamboulera profondément le paysage des télécoms français et surtout celui de la téléphonie mobile, qui était passé de trois à quatre opérateurs en janvier 2012 avec l'arrivée fracassante de Free Mobile. L'offre de rachat sera examinée "mardi" ou "en début de semaine" par le conseil d'administration de Bouygues Telecom.

Des grandes manoeuvres à forte odeur de soufre
A la tête d'un empire de media et de télécommunications en France, comprenant notamment les publications L'Express et Libération, l'homme d'affaires franco-israélien Patrick Drahi avait réussi en mars 2014 à s'emparer de SFR à l'issue d'une longue bataille avec Bouygues Telecom, le rachetant à Vivendi pour 13,36 milliards d'euros. 
Le schéma actuellement en discussion pour la prise de contrôle de Bouygues Telecom prévoit également d'associer l'opérateur Free (groupe Iliad de Xavier Niel, déjà associé aux socialistes Pierre Bergé et Matthieu Pigasse dans la prise de contrôle du journal Le Monde, lesquels co-détenaient déjà le groupe le Nouvel Observateur). 
Free récupèrerait une partie des fréquences, antennes et boutiques de Bouygues Telecom, tandis que l'Orange a affirmé "ne pas faire partie de ce deal", indiquant cependant "rester ouvert aux discussions avec les autres acteurs pour voir si nous pouvons faciliter un accord."

Patrick Drahi est "surendetté", met en garde un syndicaliste 

"Il s'agit de l'offre la plus aboutie et la plus sérieuse" de ces dernières années en matière de recomposition du paysage français des télécoms, a estimé une source (anonyme) "proche du dossier" et nécessairement partiale, avant de souligner que le conseil d'administration de Bouygues Telecom peut aussi la rejeter. Si l'offre est validée, elle devra ensuite obtenir l'accord de l'Autorité de la concurrence: comme "il s'agit d'intérêts privés, seule l'Autorité de la concurrence peut donner ou pas son feu vert", a ajouté cette source intéressée, en commentaire à l'opposition exprimée par Emmanuel Macron.
 
Se pose également la question du financement de l'opération pour le milliardaire qui a accumulé une dette supérieure à 30 milliards d'euros mais semble ne plus connaître de limites dans sa frénésie d'acquisitions: le pouvoir socialiste lui a laissé la bride sur le cou et l'aventurier entend continuer de profiter de l'aubaine. 

Patrick Drahi a sollicité et obtenu "un nouvel emprunt auprès de BNP Paribas" et paierait son acquisition "en cash" mais à crédit . "Il faut comprendre que cette opération, si elle aboutit, va solidifier l'édifice de M. Drahi en France, et en un sens 'dérisquer' son profil, le rendre plus solide aux yeux des créanciers", continue de raconter la fameuse source secrète et "proche du dossier". 

Les conséquences sociales de ce nouveau coup ne peuvent encore être évaluées

Agressif en affaires, Patrick Drahi est un homme de "coups" également connu pour ne pas avoir beaucoup d'états d'âmes quand vient le moment de restructurer une entreprise. Lorsqu'il a racheté Noos, Hot ou encore SFR, des milliers de postes avaient en effet été supprimés

Les syndicats de Bouygues Telecom (qui comptait 8.817 salariés à fin 2014) comme ceux de Numericable-SFR (10.591 salariés) sont déjà inquiets : "ce serait une catastrophe pour l'emploi au regard des doublons en interne et dans la filiale télécom", résume Fabrice Pradas, délégué central de l'UNSA, premier syndicat chez SFR. 

Le projet de P. Drahi est "économiquement très dangereux", parce que l'homme d'affaires franco-israélien "n'est pas endetté, il est surendetté", juge Azzam Ahdab (CFDT, troisième syndicat chez Bouygues Telecom). "S'il s'agit d'emprunter de l'argent pour casser des emplois, au détriment des consommateurs aussi, c'est irresponsable comme attitude. Les pouvoirs publics doivent intervenir et ne doivent pas laisser faire", selon lui, en dehors même de toute considération des risques de concentration et d'hégémonie.

Aventurier milliardaire au parcours atypique 

Né à Casablanca, le franco-israélien arrive à Montpellier à 15 ans. Héritier de la bosse des maths de ses parents profs, il enchaîne Maths spé, l'école Polytechnique et se spécialise dans les télécoms. Patrick Drahi commence sa carrière chez Philips, puis est embauché par UPC, filiale européenne de Liberty Global, le groupe du magnat américain du câble John Malone, qui deviendra son modèle. Le géant américain mène une politique d'acquisitions boulimique en Europe, avec l'aide de Patrick Drahi. 

Puis le binational se met à son compte et commence à racheter un à un des petits câblo-opérateurs régionaux en mauvaise posture, à la façon d'un Bernard Tapie en son temps. En France, à coup de restructurations et à l'issue de grands efforts d'intégration de ces actifs disparates, il bâtit Noos, qui deviendra Numericable, poids lourd du câble. Il poursuit également ses acquisitions à l'étranger, financées par la dette, en Belgique, au Portugal, en Suisse, en Israël ou en République dominicaine. Il est aujourd'hui 57e fortune mondiale.

Son appétit de media est un signe fort de sa volonté de devenir un homme d'influence. Le pouvoir socialiste l'a observé avec sympathie, mais commence à se préoccuper de la constitution de son empire de presse: le propriétaire de L'Express, L'Expansion, Libération et est devenu un homme sur lequel il faut pouvoir compter.


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