Egypte: les laïcs continuent de résister aux islamistes pro-Morsi

Les occidentaux, partisans d'une légitimité démocratique en Egypte

Les pro-Morsi manipulent population et information

Les violences ont repris jeudi en Egypte, après un mercredi extrêmement meurtrier: une "journée en enfer", selon France Télévisions, dans la surenchère.

VOIR et ENTENDRE ce reportage sur les événements du jeudi 15 août:

Des islamistes incendient le siège d’un gouvernorat au Caire

Des islamistes ont incendié un bâtiment officiel au Caire et tué deux policiers dans le nord et le centre, en riposte à l’assaut contre des partisans du président déchu Mohamed Morsi dans la capitale. 

Dans la province de Guizeh,  dans la métropole du Caire, des islamistes pro-Morsi ont mis le feu au siège de l’administration. 

Un policier de 21 ans a été tué par balles dans l’attaque d’un club de la police à Al-Arish, dans la péninsule du Sinaï, un fief des groupes islamistes armés qui visent régulièrement les forces de l’ordre, selon des responsables de la sécurité qui ont requis l’anonymat. Un autre a péri dans l’assaut d’un commissariat à Assiout, dans le centre. Dans les deux cas, les sources sécuritaires ont attribué les attaques aux "partisans de Morsi".

Des terroristes "islamistes" ont aussi mené un raid sur la télévision d’Etat. 

Le vendredi de la colère

Les islamistes pro-Morsi ont pris le risque de faire des victimes: leur vendredi de colère, un jour de prière, a fait plus de 80 morts. Ces martyrs aiguiseront-ils la compassion des media occidentaux ? 

La journée de vendredi a été marquée par de nouveaux affrontements meurtriers à travers tout le pays, faisant au moins 70 morts, selon un dernier bilan provisoire et non officiel, donc invérifiable. "Le vendredi de tous les dangers n'est malheureusement pas terminé et on pense avec inquiétude aux jours qui viennent", a commenté Laurent Fabius, qui indique que les violences redoublent à la tombée de la nuit.

Les mosquées, centres d'agitation et foyers de résistance, sont la cible naturelle des laïcs 

VOIR et ENTENDRE un reportage sur l'entrée sans violences de soldats dans une mosquée:

Les fanatiques religieux manipulent population et media

La presse française aux côtés des insurgés islamistes 

La mise en scène islamiste du vendredi de colère trouve un écho favorable auprès des media occidentaux et les Français ne sont pas de reste, sans nuances, ni précautions: du pain béni en période de disette estivale de l'information.

Quelques titres:

"Egypte: les pro-Morsi refusent de se disperser, la police menace" (Libération: 1/8/2013) Le quotidien socialiste établit les responsabilités et dramatise: " la police se préparant ostensiblement à intervenir malgré les appels au calme de la communauté internationale qui redoute un bain de sang"...

"Après l’assaut sanglant, l’Iran et le Qatar condamnent" (Ouest-France du mercredi 13 août 2013) 'L’Iran suit de près les événements amers en Egypte, désapprouve les actions violentes, condamne le massacre de la population et met en garde contre ses conséquences graves', affirme le communiqué."

"Les pro-Morsi ne cède[ent] pas sous la menace" (Yahoo!)

Obama ne prend pas parti pour les pro-Morsi

Les frères musulmans multiplient les chiffres des victimes par cinq et dix et nos media les répercutent sans possibilités de vérifications

Lorsque le 3 juillet, le président islamiste fut déchu par l'armée, Libération écrivit le 1er août 2013: " Les Etats-Unis, de très loin les principaux bailleurs de fonds de l’armée égyptienne, s’étaient bien gardés jusqu’alors de qualifier de coup d’Etat l’arrestation par les militaires de M. Morsi, toujours détenu au secret." Libération s'était bien gardé en revanche de rappeler que l'Egypte de Morsi était soutenue par le Qatar. Or, le 14 août, le Qatar, principal soutien des Frères musulmans, a dénoncé avec force l'intervention de la police égyptienne contre les partisans du président islamiste déchu, Mohammed Morsi. "Le Qatar dénonce avec force la méthode utilisée contre les manifestants pacifiques (...) qui a coûté la vie à un certain nombre d'innocents sans armes", a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar.

Estimant que l’Egypte est sur "un chemin dangereux", le président des Etats-Unis a condamné "avec force" les violences en Egypte et a annulé les prochaines manoeuvres militaires entre les deux pays.

Obama: "America will work with all those in #Egypt...who support a future of stability that rests on the foundation of justice and peace"
— The White House (@whitehouse) August 15, 2013

Mais, le jeudi 1er août, le secrétaire d’Etat américain John Kerry s’était dit "très, très inquiet" de ces morts, mais il avait été clair, estimant que l’intervention de l’armée le 3 juillet a permis de "rétablir la démocratie". "Des millions et des millions de gens ont demandé à l’armée d’intervenir. Tous avaient peur d’une descente dans le chaos et la violence", a-t-il alors déclaré à la télévision pakistanaise Geo TV.

Intervenant depuis son lieu de vacances de Martha's Vineyard (Massachusetts), le président Obama s'est d'ailleurs gardé de couper les ponts avec l'armée égyptienne, évoquant les liens de longue date entre Washington et Le Caire et affirmant que c'est aux Egyptiens de déterminer leur propre avenir.

"The United States strongly condemns the use of violence against protesters in #Egypt." http://t.co/BsUC9mud8U, pic.twitter.com/UwGlUU52BJ
— The White House (@whitehouse) August 14, 2013

Les islamistes font perdurer la transition politique

Les pro-Morsi français ont-ils oublié les menaces islamistes contre les libertés ?

Partout où ont éclaté les révolutions arabes – ce sont les islamistes qui ont mis les marrons du feu. Les éternels naïfs nous font croire que l'islamisme est le passage obligé vers la démocratie et que ces régimes seront obligés tôt ou tard de respecter le pluralisme, les libertés et l’égalité entre hommes et femmes. 

La consécration de la Charia comme inspiratrice unique de la législation ne leur fait pas peur et la révolte des laïcs égyptiens n'a pas réussi à les faire bouger d'un pouce dans leurs convictions gauchistes. 

Muhammad Morsi, premier Président égyptien démocratiquement élu, pensait avoir les mains libres pour façonner le pays en fonction des vues du parti des Frères Musulmans dont il est issu.

La déchéance et la détention de Morsi a suscité l'apparition d'un nouveau mouvement salafiste en Égypte. Le groupe, qui a pris le nom d’Ansar al-Charia, a annoncé sur internet le recours à la violence pour imposer la charia dans le pays. Pour ces radicaux, le coup d’Etat militaire, la fermeture d’une chaîne de télévision gérée par les Frères musulmans et la mort de manifestants constituent "une déclaration de guerre contre l’islam en Égypte".

Comment les censeurs des militaires peuvent-ils occulter 

que Morsi s'était plaçé au-dessus des lois hors et de tout contrôle, qu'il rétablissait la charia, loi coranique liberticide, et qu'il a fait accélérer la publication d’une nouvelle Constitution par une Commission réduite aux islamistes. Mais, sur ce point Hollande et Taubira ont-ils fait autrement avec la loi sur le mariage et l'adoption homosexuels ? 

Les opposants à ses décisions – libéraux, laïcs, chrétiens essentiellement, et des femmes – ont organisé des manifestations place Tahrir et devant le Palais présidentiel. Le président Morsi a organisé la riposte en suscitant des contre-manifestations massives des Frères Musulmans et des salafistes, au risque dune nouvelle déstabilisation du pays et avec le message que ce sont les pro-Moubarak qui l’empêchent de mener à bien la transition vers 'une démocratie' qui serait soumise à la Charia, un 'état républicain' qui imposerait la charia à l'état de droit.

Ainsi que l’a souligné la Cour européenne des droits de l’Homme dans plusieurs jugements à propos de la Turquie : la Charia n’est pas compatible avec la démocratie, du fait du refus du pluralisme et de la liberté d’expression et de la soumission imposée aux femmes dans l’ordre juridique.

En 2012, les meurtres ont augmenté de 130 %, les vols de 350 % et les enlèvements de 145 %, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Des gens se font lyncher en public sous les yeux de passants qui s’arrêtent pour prendre des photos. 

L'Arabie Saoudite a repris la main sur les Qatari, principaux soutiens des Frères musulmans. Une semaine après l'ultimatum de l'armée égyptienne qui a renversé Morsi, trois pays du Golfe, l'Arabie Saoudite, les Emirats et le Koweït, ont promis 12 milliards de dollars aux nouvelles autorités du pays, avec pour objectif la prise d'options sur l'économie du pays des Pharaons.

En France, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, était invité à réagir vendredi sur BFMTV à la situation de crise en Egypte, au lendemain du "vendredi de colère", dans le contexte de la déclaration de Le Drian, selon lequel notre Rafale "intéresse l'Inde et le Qatar"... (lien).

Le Normand a ménagé la chèvre et le chou. 

"On assiste à un clivage extrêment dangereux en Egypte, avec, d'un côté, le gouvernement militaire, de l'autre, les Frères musulmans", a ainsi commenté l'ancien député-maire du Grand-Quevilly en Seine-Maritime (Haute-Normandie), avant d'ajouter: "il est certain que la répression faite par le gouvernement a été beaucoup trop brutale" (près de 600 personnes sont mortes mercredi, mais plus de 1.000, selon les Frères musulmans, lors de l'assaut de la police contre les pro-Morsi). "Le droit de manifester doit être respecté mais cela veut dire que les manifestants doivent se comporter de manière pacifique."

Dans ces méandres diplomatiques officiels, la presse fait son marché et choisit le sensationnel et la rue.
Les partisans des frères musulmans appellent, ce samedi 6 juillet, à de nouvelles manifestations "pacifiques" en soutien à la dictature islamiste de Mohamed Morsi empêché de nuire par le pouvoir laïc.