POUR

LA &nbsp LIBERTE &nbsp D' EXPRESSION

Free speech offers latitude but not necessarily license

mercredi 21 août 2013

Canfin (EELV) caillasse Valls

Canfin : "Valls déclenche le désordre"

Pascal Canfin analyse la place de la question environnementale au sein du gouvernement

A la veille de l'ouverture des Journées d'été d'Europe Ecologie - Les Verts, l'ancien député européen et ministre délégué au Développement fait aussi le point sur les échéances à venir, à l'automne, pour les écologistes et assure qu'il "jugera sur pièces" et en "tirera les conséquences". De Manuel Valls, l'écologiste dit ne pas "voir comment" EELV pourrait "participer au gouvernement" s'il devenait Premier ministre.

Cette année a été ponctuée par un certain nombre de couacs entre ministres. Récemment, Manuel Valls et Christiane Taubira se sont affrontés sur la réforme pénale. Cette équipe gouvernementale manque-t-elle de cohésion?

La gauche n'a jamais été caporalisée,
car la liberté d'expression fait partie de ses valeurs. Par définition [!], il y a plus de débats dans un gouvernement de gauche que de droite, car le rapport à l'autorité est différent. [C'est aussi pourquoi le chaos caractérise les altermondialistes] Ceci dit, j'ai été surpris par la sortie de Manuel Valls sur la politique migratoire lundi lors du séminaire de rentrée. Pour quelqu'un qui veut incarner l'ordre, c'est lui qui déclenche le désordre. Sur le fond, le regroupement familial est un droit internationalement reconnu. En France, il concerne 15.000 personnes par an. J'ai du mal à croire que c'est un des principaux problèmes de la France, aujourd'hui comme dans 10 ans.

Comment expliquez-vous l'attitude de Manuel Valls?

Je n'ai pas à l'expliquer [sic]
, mais je trouve que finalement cette stratégie le marginalise au sein de la gauche. Un gouvernement, c'est une alchimie autour d'une vision partagée. Le chef doit incarner l'équilibre, ce que fait aujourd'hui Jean-Marc Ayrault. Sincèrement [c'est là qu'il faut se méfier], je ne vois pas comment, si Manuel Valls était Premier ministre, nous pourrions participer au gouvernement.

Avec trois autres ministres,
vous avez signé un texte sur la transition énergétique. Avez-vous eu un retour lors du séminaire de lundi? 

Il n’y a pas eu de retour direct
, car il n’y avait pas de copie remise, ni de note donnée. Mais tout le monde a parlé d’environnement : le Président, le Premier ministre, Laurent Fabius, Pierre Moscovici… Il est évident que la nouvelle donne écologique est l’un des enjeux fondamentaux auxquels la France sera confrontée dans les dix ans à venir. La réponse a donc été de remettre cette question au coeur de la stratégie du gouvernement.

Les "quatre mousquetaires" ont-ils eu un poids dans cette prise de conscience?

Je pense qu’on y a contribué.
Notre objectif politique est de constituer au coeur du gouvernement - et non en marge - un pôle qui défend la transition écologique et théorise un nouveau logiciel pour la gauche. L’écologie, c’est le bon sens, c'est l'intérêt économique de la France et c'est conforme à ses valeurs.

D’autres ministres pourraient-ils vous rejoindre?

On verra. On ne structure pas un courant dans un parti, mais une dynamique au service de l'avenir de la France.
L’idée est aussi d’être en totale cohérence entre ce que l’on porte en tant qu’écologiste au gouvernement et ce que porte le ministre de l’Environnement. On a gagné au change entre Delphine Batho e et Philippe Martin. Nous n’aurions pas pu mener cette initiative avec Delphine Batho. On travaille en confiance avec Philippe Martin, qui est le vrai ministre du Redressement productif. La transition écologique et l’économie verte sont la base du redressement productif de la France. [Montebourg peut se recycler dans la voulange et les croissants!]

Ne faut-il pas aussi voir dans ce texte une opposition à Arnaud Montebourg ? 

Sur le gaz de schiste, on a un désaccord avec Arnaud Montebourg.
Le président de la République a arbitré dans notre sens. La non-exploitation du gaz de schiste est une victoire des écologistes. Lorsqu’il était candidat à la primaire socialiste, Arnaud Montebourg était contre les OGM, contre les gaz de schiste, contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes… Il tenait un discours écolo. Depuis qu’il est ministre, il a complètement changé de bord. Nous, nous avons conservé notre cohérence.

Les grands rendez-vous de l’automne (budget, fiscalité écologique et transition énergétique) approchent pour les écologistes. Début juillet, vous menaciez de quitter le gouvernement si des "actes" n'étaient pas pris. Vous maintenez vos propos?

Les choses sont très simples.
Si ces rendez-vous sont manqués, on en tirera les conséquences. Derrière les grands discours, qui ont encore été tenus hier et dont je me félicite, les échéances du 20 septembre avec la conférence environnementale, puis le Conseil des ministres du 25 septembre où le budget sera présenté, représentent une grande partie du rendez-vous. C’est le moment de vérité.

Fin septembre, vous pourrez donc dire si vous restez ou non au gouvernement?

Je ne peux pas imaginer qu’après les discours prononcés, les actes ne suivent pas.
On jugera sur pièces. Il y a des rendez-vous. On les évaluera lors du Congrès d’EELV [fin novembre à Caen]. A ce moment-là, on prendra une décision politique : faut-il continuer ou arrêter? Si les rendez-vous de septembre sont réussis, nous pourrons alors nous projeter dans l’an 2.

Le secrétaire national Pascal Durand affirme que la première année Hollande "n'a pas été à la hauteur des attentes de changement". Partagez-vous ses propos?

En matière d’écologie, je comprends la
frustration des militants écologistes qui, après dix ans de droite, se sont dit qu’on allait tout de suite repartir dans une politique beaucoup plus favorable à l’environnement. Maintenant, sur la fiscalité écologique par exemple, les esprits n’étaient pas prêts en septembre 2012 [lors de la précédente conférence environnementale] pour faire une réforme fiscale écolo, il fallait notamment digérer l'échec de la taxe carbone version Sarkozy. Il a fallu un an de travail de conviction. Maintenant, les choses sont mûres. Mais, d'une manière générale, il ne faut pas minorer ce qui a déjà été fait, je pense par exemple à la non exploitation des gaz de schiste ou encore au récent plan d'investissements d'avenir très marqué par l'écologie. Je suis convaincu que la vraie victoire des lobbies ce serait le départ des écologistes du gouvernement.

Vous êtes sur des dossiers qui semblent moins concrets que ceux de votre collègue écologiste Cécile Duflot au Logement. Est-ce difficile pour vous?

C'est évidement moins médiatique, mais la politique de Développement relie la France au reste du monde. A travers elle, on influence la marche du monde dans 100 pays, en plus des institutions internationales (Banque mondiale, ONU…). Par ailleurs,
je travaille aussi sur la négociation climat. La France va accueillir la grande conférence internationale sur le climat à Paris en 2015 et devra réussir ce qui a échoué à Copenhague en 2009. Cela ne fait pas nécessairement la une des journaux, mais si nous parvenons à un accord sur le climat, cela me comblera largement!

En vue des municipales de 2014, le PS appelle à l'unité dès le premier tour, tandis qu'EELV prône l’autonomie au moins dans les grandes villes. Pourquoi?

Aux élections municipales, il y a deux tours.
Au premier tour, les électeurs choisissent la couleur qu'ils veulent donner à la majorité. Pour les électeurs, c'est limpide : vous choisissez au premier tour et que le meilleur gagne. Ensuite, on se rassemble au second tour pour gagner face à la droite. Les cas de figure où aucune liste de gauche ne fait plus de 10% des votants au premier tour et risque donc l'élimination est quand même extrêmement faible.

Après les municipales, auront lieu les élections européennes. Vous étiez troisième sur la liste écologiste en Ile-de-France en 2009. Pourriez-vous être tête de liste en 2014?

Il y a un calendrier qui sera déterminé par le Conseil fédéral d'Europe Ecologie, le 14 septembre prochain. En fonction de ce calendrier, je prendrai ma décision.
Aujourd’hui, je n'exclus aucun des scénarios.


VOIR et ENTENDRE le portrait de Canfin vu par Pascal:


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):