Anne Lauvergeon se tient en embuscade
Le sort de Stéphane Richard à son fauteuil de PDG sera scellé lundi par le conseil d'administration d'Orange.Ses chances de rester dépendent essentiellement du choix des représentants de l'Etat socialiste à l'heure des comptes et alors que le candidat Hollande promettait de ne pas interférer dans les nominations.
La mise en examen le 12 juin pour "escroquerie en bande organisée" dans le cadre de la chasse aux sorcières menée contre Bernard Tapie dans l'affaire Crédit Lyonnais : le patron d'Orange Stéphane Richard était directeur de cabinet de la ministre de l'économie Christine Lagarde. Son maintien à la tête de l'entreprise - après seulement deux ans (février 2011) - va être discuté lors d'un conseil d'administration, qui se tiendra à cette date, a déclaré François Hollande. Un vote à haut risque pour le grand patron, lâché par ses soutiens politiques.
Les représentants de l'Etat, clés de l'issue du vote
Le conseil d'administration d'Orange est composé de 15 membres, dont Stéphane Richard lui-même. Chaque administrateur compte pour une voix.
Actionnaire principal avec 27% du capital, l'Etat ne détient que trois sièges: deux représentants de l'Agence des participations de l'Etat, nommés directement par le pouvoir, et un représentant du Fonds stratégique d'investissement (FSI), nommé par les actionnaires. Trois administrateurs sont élus par le personnel et représentent les trois syndicats les plus représentatifs de l'entreprise : la CGT (le numéro un dans l'entreprise aux dernières élections), la CFDT, et Sud.
Un administrateur représente le personnel actionnaire.
Enfin, le board compte sept administrateurs indépendants, dont certains sont très proches de la majorité socialiste. C'est le cas de Charles-Henri Filippi, qui fut directeur de cabinet de Georgina Dufoix, Muriel Péricaud, membre du cabinet de Martine Aubry lorsqu'elle était ministre, et Jean-Michel Severino, qui figurait dans l'équipe de campagne de cette dernière en 2012.
Quelle sera la position des représentants de l'Etat au conseil d'administration?
Président Mitterrand et A. Lauvergeon |
Il est difficile d'imaginer un vote majoritaire contraire à celui des représentants de l'Etat, très impliqué dans la régulation des télécoms, un secteur important pour la croissance française. Laurent Riche, délégué syndical central CFDT, estime ainsi que "l'Etat va avoir une position prédominante" et que "tout cela se prépare en amont, forcément dans une approche concertée". Les pressions sur les administrateurs indépendants doivent être terribles...
Deux syndicats contre Richard, un pour son maintien
Du côté des représentants des salariés, la CFDT soutient "une continuité de la gouvernance", donc le maintien du PDG, mais la CGT occupe une position politique radicale et ne soutient pas Stéphane Richard, bien qu'il oit apprécié du personnel. "L'entreprise a changé de patron trois fois en cinq ans, déclare Laurent Riche. Son départ serait dommageable à la refondation sociale. Il a apporté quelque chose au dialogue social qui n'existait pas auparavant."
La CFDT est cependant très réservée sur les actions de soutien initiées par la CFE-CGC Unsa, qui a lancé une pétition en interne. "On n'est pas là non plus pour en faire plus qu'il n'en faudrait. Si ça continue, on va faire une kermesse ou un téléthon !"
Quant aux trotskistes de Sud, ils considèrent que la mise en examen n'est "pas compatible avec la direction de l'entreprise". "Il y a une vraie question de moralisation de la vie publique, nous affirme Christian Pigeon, représentant de SUD qui, pas plus que la CGT, ne connaît pas la présomption d'innocence. "C'est pourquoi nous demandons sa suspension, comme elle s'appliquerait à n'importe quel salarié en attente des conclusions de l'instruction." La représentante de Sud au conseil d'administration votera en fait contre le maintien de Stéphane Richard.
Est-il vraiment soutenu en interne?
En interne, un hypothétique soutien majoritaire ne pèserait sûrement pas lourd dans la décision des administrateurs. Certes, Stéphane Richard a apaisé la situation sociale de l'entreprise après les difficiles années Didier Lombard. Et l'Adeas (Association de défense de l'épargne et des salariés de France Télécom) déclare que "l'essentiel des salariés et de leurs représentants sont derrière Stéphane Richard", selon Challenges.
Une enquête du Comité national de prévention du stress indique que 69% des salariés considèrent que le "nouveau contrat social" de Stéphane Richard est surtout une opération de communication. En outre, l'effet des 10.000 recrutements sur trois ans promis par l'actuel PDG a été atténué par les départs non remplacés qui auront lieu d'ici à 2015 (4000 recrutements contre 11.000 départs). Le montant des dividendes, chiffrés à 2,1 milliards contre 4,1 milliards consacrés à la masse salariale, fait également partie des griefs envers Stéphane Richard.
Enfin, la transition en cas de débarquement de Stéphane Richard serait vraisemblablement assurée par Gervais Pellissier, le directeur financier du groupe, nommé directeur général délégué en novembre 2011, ce qui devrait rassurer les marchés. Certains y voient d'ailleurs, dans la mesure où c'est la première fois que le groupe compte un deuxième mandataire social, la volonté d'assurer une stabilité à la société en cas de malheur...
Ainsi, les avis seraient-ils partagés sur l'intérêt de l'entreprise et de ses salariés à garder Stéphane Richard.
Mais qui pour lui succéder?
Hollande a recasé A. Lauvergeon d'Areva à EADS en mars 2013 |
De plus, le timing de cette décision ne pouvait tomber plus mal, à un an tout juste de la date de renouvellement du mandat de Stéphane Richard. De plus, l'entreprise doit réagir rapidement pour contrer une concurrence qui tire ses marges vers le bas alors que les télécoms européens sont agités par un mouvement de concentration dans lequel Orange a un rôle à jouer. Le choix de d'un membre du sérail serail donc judicieux.
D'autant que Lauvergeon traîne un boulet: depuis janvier 2012 elle est soupçonnée d'être impliquée dans l'escroquerie présumée du rachat d'UraMin.
D'autant que Lauvergeon traîne un boulet: depuis janvier 2012 elle est soupçonnée d'être impliquée dans l'escroquerie présumée du rachat d'UraMin.
Cette agitation politico-judiciaire conforte une majorité des syndicats qui pointe le mélange délétère des genres entre politique et business plaçant une entreprise privée dans cette situation, alors qu'elle n'a rien à voir avec un scandale qui, lui aussi, mêle allègrement intérêts privés et intérêts publics.
on ne va tout de même pas avoir à supporter cette pétasse homosexuelle et sectaire ? qu'on l'envoie ambassadrice au Buhtan !
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