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jeudi 22 décembre 2011

Révisionnisme vs négationnisme: les lois mémorielles, y faut voir...

Le devoir de mémoire, oui, mais ça dépend !



Le devoir de mémoire,
il est sélectif,
avant oubli total...
ou exacerbation concomitante


Et ça dépend de quoi, s'il vous plaît ?

Ah, ben y faut voir; ça dépend de l'époque et des personnes concernées...
Pour faire simple, c'est à la tête du client, au faciès.
Ici encore, la pensée unique en vigueur pèse sur la notion et les critères recevables. C'est ainsi que les soulèvements anti-coloniaux peuvent retenir l'attention, mais que le génocide arménien fait débat. Attention ! La terminologie marque votre positionnement: un "massacre", éventuellement, mais un "génocide", sûrement pas ! Il est seulement toléré de parler de "drame". C'est à peine si les victimes et leurs descendants peuvent être d'un avis différent. Qu'elles fassent entendre leur voix et elles déclenchent des manifestations, parmi les plus démocratiques qui soit, bien évidemment...

En France, il est "politiquement correct" de contester l'armée française confrontée au soulèvement algérien, et il est convenable de parler, non pas de "guerre civile", mais de "guerre anti-coloniale". Les livres d'histoire stigmatisent les tortionnaires sud-américains des régimes Pinochet et Videla, qui ont tenté d’éliminer les activistes de gauche, mais il est en revanche intolérable de seulement évoquer les répressions soviétiques en Tchécoslovaquie (Coup de Prague, prise de contrôle du pays par le Parti communiste tchécoslovaque soumis à l'Union soviétique (URSS), en février 1948, ou les charniers par les Khmers rouges (cambodgiens communistes d'inspiration maoïste qui ont asservi le Cambodge de 1975 à 1979, au régime totalitaire du dictateur Pol Pot).
En Afrique, le Rwanda a bien été victime d'un génocide en 1994, mais l'Education nationale n'a pas retenu qu'en URSS Joseph Staline a ordonné le génocide la déportation du peuple tchétchène en 1944, sous prétexte de collusion avec l’agresseur nazi, ceux du Pacte germano-soviétique de 1939 qui consacra l'alliance de Staline avec les nazis !...

Détails de l'Histoire
La télévision de service public a-t-elle consacré une soirée au génocide de 2 millions de morts civils en 45 ans par les totalitaires communistes de Roumanie dans la période 1946-1989 ? C’est pourtant un cas encore unique de reconnaissance officielle d’un génocide sur critères politiques, religieux et sociaux, voire éthniques (francs-maçons, juifs non-communistes, syndicalistes, intellectuels, artistes trop indépendants et Rom..)
Ainsi, il n'est toujours pas admis que le Goulag soviétique et le Laogaï (plus de 1000 camps de rééducation par le travail - c'est-à-dire camps de concentration qui ont fait 20 millions de morts - en République populaire de Chine de Mao) sont des génocides.
Il a fallu attendre 2005 pour que l'Irak soit reconnu coupable du gazage des Kurdes par Saddam Hussein (par armes chimiques) qualifié par le Tribunal de La Haye de crime de génocide (février à septembre 1988).

Les "lois mémorielles" peuvent-elle établir une vérité historique ?

Le traitement militant de la colonisation française et la ré-écriture partisane de l'Histoire sur ce sujet ont suscité le vote de l'article 4 de la loi du 23 février 2005, qui invite à une lecture historique " positive " de la période. Le débat s'est crispé avec le dépôt d'une plainte contre l'historien Olivier Pétré-Grenouilleau, fondée sur la loi Taubira, pour contestation de crime contre l'humanité. Le chercheur contestait que les traites négrières aient été un génocide, car elles n'avaient pas pour but l'extermination d'un peuple, mais ne remettait pas en cause leur caractère de crime contre l'humanité (juin 2005). La plainte a été retirée et cette affaire a débouché sur la création du collectif Liberté pour l'histoire qui réclame l'abrogation de toutes les " lois mémorielles ", dont la loi Taubira. Depuis cette affaire qui ravive la question de l'indépendance idéologique des historiens-chercheurs, l'article de loi engage leur responsabilité. Tout révisionnisme historique devient plus délicat (celui-ci vise à revoir la lecture et l'interprétation historique d'un sujet en se fondant sur l'apport de nouvelles sources ou leur réexamen, plutôt que des interprétations libres. Il se distingue du " négationnisme ", discours ayant pour but de nier la réalité d'un fait historique confirmé par les sources).

Plusieurs conceptions des rapports entre la loi et l'histoire s'opposent
Dans un Etat libre, il n'appartient ni au Parlement ni à l'autorité judiciaire de définir la vérité historique ". C'est le point de vue défendu par les signataires de " Liberté pour l'histoire ", partisans d'une stricte séparation, gage de démocratie, selon eux, mais risque d'égarements idéologiques, pour leurs détracteurs. " Gérard Noiriel, un des inspirateurs de la pétition du 25 mars 2005, concède qu'on ne peut empêcher le législateur d'intervenir sur ce qui touche à la mémoire, mais se dresse sur ses ergots si le politique voulait se mêler de la recherche et de l'enseignement en histoire, car ce serait un frein à l'endoctrinement par l'enseignement et à la manipulation des esprits par la presse, l'un et l'autre engagés. Ce communiste, directeur d’études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), pointe l'ancien article 4 de la loi du 23 février 2005, mais aussi la loi Taubira. Elle établit en effet que les programmes scolaires et de recherche devront accorder à la traite négrière et à l'esclavage la place qu'ils méritent, mais il regrette qu'elle n'impose pas un jugement positif ou négatif sur la question. D'autres historiens, en revanche, soulignent qu'il ne s'agit pas de dicter l'histoire mais de lutter contre l'idéologie de la négation. Dans cette situation, le juge appliquant la législation en vigueur n'est pas compétent pour juger de la véracité des affirmations de l'historien , mais du caractère intentionnellement nuisible ou non de son travail et de ses allégations. Cet historien engagé a été membre du conseil scientifique de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, avant d'en démissionner en mai 2007 avec 7 autres universitaires, pour protester contre la création par Nicolas Sarkozy d'un ministère associant la question de l'immigration et de l'identité nationale.

Les "lois mémorielles" lance la "guerre des mémoires" et met les victimes en concurrence
La gauche préférerait le statu quo, car la loi du 23 février 2005 confronte deux mémoires et deux idéologies" à la vérité historique. Ainsi, celle des rapatriés et celle des anciens colonisés, ou de leurs descendants présents sur le territoire français, alors que le politiquement correct oeuvre dans le "sens de l'histoire", en faveur de la diversité et du communautarisme. Françoise Chandernagor, écrivain socialiste, ancien maître des requêtes au Conseil d'Etat mais aussi descendante d'esclave et fille d'André Chandernagor, ancien député de la Creuse et ministre du gouvernement Pierre Mauroy, situe le début de ce phénomène avec la loi Gayssot (député PCF). Les opposants à la loi modifiée stigmatisent les élus du peuple qui ont ouvert " la boîte de Pandore : ils agitent leurs chiffons rouges, estimant qu'à partir de ce moment-là, " chaque fraction de la population a voulu la loi "mémorielle" qui sacralisait son propre malheur ". Anticolonialiste et signataire du manifeste des 121, qui dénonce la répression en Algérie en 1960, Claude Lanzmann abonde dans ce sens. Selon lui, il n'y a pas concurrence, mais " universalité des victimes ". Pour lui, " comprendre que la loi Gayssot, qui porte sur le désastre le plus paradigmatiquement antihumain du XXe siècle, est aussi une garantie et une protection pour toutes les victimes ", éviterait la guerre des mémoires et cette concurrence des victimes. Seulement, ce caractère universel échappe aujourd'hui à beaucoup, dont Henri Rousso: " la mémoire de la Shoah est ainsi devenue un modèle jalousé, donc, à la fois, récusé et imitable : d'où l'urgence de recourir à la notion anachronique de crime contre l'humanité pour des faits vieux de trois ou quatre cents ans ".
Derrière ces positionnements, c'est la question de l'opportunisme des historiens et du parti-pris électoraliste de la presse qui est également posée. Lors des événements ayant conduit à la mort d'un jeune palestinien, Mohammed Al Durah, Claude Lanzmann écrivit un article dans Le Monde, dans lequel il déclarait que, selon lui, on ne peut prendre en compte la version d'un "journaliste arabe" dans cette affaire. Que dire d'un historien arabe ou de toute partie prenante?


Ces lois visent à rétablir les frontières entre Histoire et mémoire

L'article 4 de la loi du 23 février 2005 soulignant le caractère positif de la présence française Outre-mer rétablissait un équilibre entre fait historique et commentaire. Il lève une confusion entre Histoire universelle et mémoire personnelle, partisane et politicienne. Il n'appartient pas à l'historien de régenter la mémoire collective, mais pas non plus de faire des choix ni de commenter les faits, car il ne lui appartient pas de juger. Les méthodes de manipulation mentale sont en effet insidieuses, allant du lavage de cerveau par répétition ou matraquage d'images sélectionnées, en passant par le travail sur l'émotivité.
Mais, si l'histoire et la mémoire sont de natures différentes, elles sont néanmoins liées. Le travail de mémoire a permis de renouveler les approches historiques (par exemple : Henry Rousso, Le syndrome de Vichy, 1987) et d'amener les historiens à travailler sur des champs jusque-là négligés. En 2000, le philosophe Paul Ricoeur soulignait l'importance d'un " travail de mémoire " et non pas d'un devoir de mémoire. De son point de vue, l'histoire pourrait être déviée et contribuer à transformer une mémoire malheureuse: une mémoire heureuse et pacifiée serait "juste" ! Mais, que ce soit par négligence partisane, par choix idéologique embarrassée ou volonté délibérée d'occultation, il se trouve justement que le totalitarisme soviétique ne stimule guère les chercheurs vertueux: une mémoire heureuse et pacifiée est parfois hors de portée...

Les lois mémorielles marquent-elles un progrès ?
Certains historiens réclamaient l'abrogation uniquement de la loi du 23 février 2005, mais la plupart ne visaient seulement son article 4 qui tend à rétablir un soupçon d'équité. Mais d'autres souhaitent l'abrogation ou la modification de l'ensemble des quatre lois qui " ont restreint la liberté de l'historien ", ou plus exactement sa liberté de relecture et d'endoctrinement.
D'un point de vue juridique, ces lois sont de nature différente.
La loi Gayssot de 1990 est la seule à créer un délit, la négation du génocide des Juifs, et à prévoir des sanctions applicables par le juge grâce à l'ajout d'un article 24 bis à la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881.
Les trois autres lois, si elles ont en commun de ne créer aucun délit, ni de prévoir aucune sanction, ne se situent pas non plus sur le même plan. La loi Taubira et celle du 23 février 2005 ont une fonction normative, c'est-à-dire qu'elles énoncent des règles de droit qui posent des prescriptions. Ainsi, la loi Taubira permet par exemple aux associations de défense de la mémoire des esclaves de se constituer parties civiles dans des procès pour provocation à la discrimination, à la haine, à la violence, pour diffamation ou injure. Le risque brandit par F. Chandernagor que la loi "mémorielle" ouvre à " chaque fraction de la population" la possibilité de "sacraliser son propre malheur " est donc levé, lorsqu'il s'agit des associations sous contrôle!...

Ceux qu'on peut contrarier et ceux qu'il ne faudrait pas "provoquer"
La loi du 23 février 2005 fixe les droits des Harkis qui, quant à eux, devraient se contenter pour leur défense des cadre des lois déjà en vigueur contre les injures ou diffamations commises à leur encontre.

Mais la loi du 29 janvier 2001, composée d'un article unique reconnaissant le génocide arménien de 1915, a une fonction uniquement déclarative. Elle matérialise un engagement symbolique. Certains juristes estiment que les lois mémorielles, dans ce qu'elles ont de déclaratif, dénaturent la loi, dont le rôle est d'édicter des normes.

Mais ce serait stigmatiser la Turquie et, par amalgame politicien, tout le monde arabe... A commencer par le 9.3 et le socialiste Bartolone !

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