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lundi 7 décembre 2009

Des historiens militants contre une disposition de la réforme des lycées

L'histoire à l'école, enjeux politiques

Corporatisme des historiens

Cette disposition ne mobilise pas les géographes...
L'histoire, plus que toute autre discipline scolaire, avant les sciences économiques, la philosophie et les lettres, est un outil de formatage des jeunes esprits. Si elle ne l'était pas, les historiens engagés qui comptent ne pas se priver du moyen de peser sur les consciences en devenir, seraient restés indifférents à cette disposition, au même titre que les géographes.
Avant même la présentation jeudi par le ministre de l'Education Nationale, Luc Chatel, de la réforme des lycées, une cinquantaine d'universitaires, d'artistes et d'homme politiques signent un appel contre la proposition de rendre optionnelle l'histoire-géographie en terminale S prévue dans le projet de loi.

Ils ne sont pas élus et n'ont aucune représentativité, mais exigent, car ils prônent aussi l'interventionnisme citoyen.

"Il est impératif d'annuler cette décision, inspirée par un utilitarisme à courte vue, qui se trouve en contradiction avec les objectifs proclamés du système éducatif français sur le plan de la formation intellectuelle, de l'adaptation au monde contemporain et de la réflexion civique des futurs citoyens", déclarent les signataires de cet appel publié dans le "Journal du Dimanche".

Les points de vue
  • Selon les protestataires, l'éventualité de rendre optionnelle l'histoire-géographie en terminale scientifique "ne peut que susciter la stupéfaction par son décalage avec les nécessités évidentes de la formation des jeunes Français au début du XXIe siècle".
    "A l'heure de la mondialisation [?], les futurs bacheliers scientifiques n'auraient donc nul besoin de se situer dans le monde d'aujourd'hui par l'étude de son processus d'élaboration au cours des dernières décennies, pas plus que par l'analyse de sa diversité et des problèmes qui se posent à la planète et à son devenir", ajoutent-ils. Déni d'enseignement ininterrompu de l'histoire depuis l'école primaire. Tout se joue-t-il en terminales ?
  • Sur la même ligne politique, la FSU a estimé que la réforme des lycées dans son ensemble comportait des "projets dangereux pour l'avenir des jeunes et du système éducatif". Remarque passe-partout, sans grand intérêt...
    Un argumentaire généraliste et rudimentaire, mais à connotation fortement politique.
    "Cette réforme s'inscrit dans la logique des choix qui ont présidé à la loi LRU dans l'enseignement supérieur et la réforme de la voie professionnelle du lycée [hors sujet: nouvel amalgame; elles ne sont pas concernées et la conservatrice FSU est restée tournée vers le passé !] ; elle prépare aussi de nombreuses suppressions de postes dans les lycées à la rentrée 2011", a répété le syndicat, figé dans sa nostalgie de la co-gestion comptable de l'Education Nationale.
  • Le ministre de l'Education nationale souhaiterait être "certain que tous les universitaires qui ont signé aient bien compris" ce que souhaite faire le gouvernement.
    "L'histoire-géo sera confortée comme discipline fondamentale constitutive d'une culture partagée. Tous les élèves, qu'ils soient en littéraire, en ES (économique et sociale) ou en scientifique, auront dorénavant quatre heures d'histoire-géo par semaine, dans un tronc commun en première", a-t-il expliqué sur France-Info.
    "Ce que nous avons souhaité c'est qu'à la fin de la première, les scientifiques valident leurs acquis par une épreuve du baccalauréat anticipée", a-t-il ajouté. "En ES et en L, l'épreuve du baccalauréat aura toujours lieu en terminale, mais en scientifique (...) ils passeront l'épreuve du bac anticipée en première".
    Le cas n'est pas unique, puisqu' en section technologique moins élitiste, les historiens ont dédaigné de se mobiliser, lorsque l'histoire-géographie est venu rejoindre le français parmi les épreuves anticipées ddu baccalauréat en fin de premières... La filière S concentre décidemment toute l'attention sélective et l'énergie parcimonieuse des militants de l'histoire engagée, qui par ailleurs défilent contre toute forme d'élitisme dans l'E.N. ... Faut-il donc penser que ni la géographie, ni le français n'est nécessaire à "la formation des jeunes au début du XXIe siècle" et "à l'heure de la globalisation", à parité avec l'histoire ?

    Les historiens ont défilé avec la FSU pour l'allègement des programmes

    Des allègements, oui, mais des autres disciplines... Ils ne sont visiblement soucieux que de l'intérêt des élèves, mais peu leur chaut, à ces dignes historiens, que la barque de S soit plus chargée que celle des autres. Qu'ils nous disent quelle matière enseignée est moins digne que l'histoire et pourrait rendre des heures. Aussi bien, outre les professeurs de lettres, les professeurs de langue vivante 1 pourraient bientôt pétitionner du fait de l'activisme des historiens et du passage de 5h30 de cours en secondes dans le projet à 4h en terminales. (source Education Nationale )

    Nos distingués historiens envisagent-ils de pétitionner aussi pour réclamer le suivi en classes préparatoires scientifiques et en facs de sciences?
    Mais ce serait abuser l'opinion que de laisser entendre que les terminales seraient privés d'histoire.
    L'histoire-géographie en série S, c'est 4h par semaine, comme en ES et L, en premières générales, et c'est optionnel en Terminale, soit 2 heures, sachant que les élèves de S ont encore 1h hebdomadaire de cours en plus de ceux de ES et de L.
    A la différence des opposants au projet, les parents savent combien leurs adolescents négligent ce petit coefficient (3) de l'histoire-géographie en S, face aux lourds pavés des trois enseignements sientifiques. Mais, pas de souci: considérant, malgré cela, les témoignages (choisis par France Info) d'élèves qui regrettent de ne pas conserver l'histoire au tronc commun de terminale S, l'option histoire en terminale S devrait exploser !...

    Parmi les signataires de cet appel figurent notamment
  • plusieurs politiques
    - les socialistes Martine Aubry, Laurent Fabius et Jack Lang,
    - ou encore Cécile Duflot (secrétaire nationale des Verts) et Marielle Sarnez (vice-présidente du MoDem)
  • et des artistes
    le chanteur Abd Al Malik, le comédien Pierre Arditi (socialiste) ou l'écrivain Philippe Delerm (1950)
  • les historiens

    - André Kaspi, 70 ans et retraité depuis 2006, est maire-adjoint de la ville de Saint-Maur-des-Fossés ;

    -Jacques Le Goff (1924),historien français spécialiste du Moyen Âge, se détourna du communisme lors du « coup de Prague » (1948), mais s'opposa à l'histoire "traditionnelle", celle de de Lavisse. .

    et Michel Winock (1937) fut déjà l'un des initiateurs de la pétition Liberté pour l'histoire, association lancée en décembre 2005 par 19 historiens, dont le communiste Pierre Vidal-Naquet . En réaction au collectif « Liberté pour l'histoire », 31 personnalités dont Serge Klarsfeld, Claude Lanzmann, Yves Ternon ont signé une lettre ouverte « Ne mélangeons pas tout » dans laquelle ils manifestent leur désaccord sur plusieurs points. Ils s'opposent à la suppression de la loi du 13 juillet 1990 dite loi Gayssot (ministre communiste) et rappellent notamment que « la loi du 29 janvier 2001 -reconnaissant le génocide arménien- ne dit pas l’histoire ».

    - Benjamin Stora , co-dirige l'Institut Maghreb-Europe à Paris VIII-St Denis depuis 1990 et a également enseigné à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO, ou langues'O). Il a toujours défendu l'engagement politique comme partie intégrante de son travail de chercheur: l'histoirien ne prétend plus être objectif et impartial.
    Ancien militant trotskyste et âgé de 59 ans, Benjamin Stora a dénoncé la "droitisation" des élites intellectuelles françaises et a décidé de s'engager activement derrière la candidate socialiste avec notamment l'ambition de porter la voix de la jeunesse issue de l'immigration. "Ce n'est pas quand sa famille est en difficulté qu'on la quitte. Il se trouve que, moi, j'étais déjà de tous les combats de la gauche anti-autoritaire quand d'autres étaient "mao-stals" (pro-chinois en 1968). Alors oui, je vais me battre publiquement.", déclarait-il en 2007 dans le Nouvel Observateur.

    Que signifie ce vent de pétitions ?

    Existe-t-il un lien forfuit entre l'appel de ces intellos contre une disposition de la réforme des lycées et cet autre appel à la suppression du ministère de l'Identité Nationale ? Lire PaSiDupes: Des intellectuels prétendent censurer le ministère de l'Identité nationale (lien)

    => Pas seulement !

    Avec Patrick Weil, Sophie Wahnich, Emmanuel Terray, Gérard Noiriel, Marie et Pap Ndiaye, Mathieu Potte-Bonneville, François Maspéro, Françoise Héritier, et Etienne Balibar, Benjamin Stora signa l'appel des intellectuels à voter pour Royal, « candidate de l’espérance » à la Présidentielle de 2007... Lien PaSiDupes
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