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dimanche 7 juin 2009

Fatiha Benatsou, beurette et préfète

Première préfète issue de la diversité

Fatiha, 52 ans, se confie au Parisien sur son fabuleux destin.
« Je ne suis pas du sérail. » C’est le moins que l’on puisse dire. Née en France de parents Algériens, Fatiha Benatsou, 52 ans, nommée mercredi première préfète issue de la diversité, a grandi jusqu’à l’adolescence dans un bidonville et a quitté l’école à 14 ans pour s’occuper de ses frères et soeurs alors que sa mère venait de décéder. Elle a été baby-sitter, caissière, auxiliaire de vie auprès des personnes âgées. Puis, une fois mariée, elle a repris des études, décroché un bac + 4, est devenue membre du Conseil économique et social (CES)… Une fabuleuse ascension de l’échelle sociale que permet la France.

« C’est dans ce passé que je puisse mon énergie »

« C’est vrai, mon histoire a un petit côté conte de fée, même si j’ai connu des périodes très difficiles. C’est dans ce passé que je puisse mon énergie », raconte celle qui deviendra d’ici trois semaines préfète déléguée à l’Egalité des chances dans le Val-d’Oise. Sa nomination, elle l’a apprise il y a deux jours à l’issue du Conseil des ministres. « J’ai alors pensé à ma mère qui est partie trop tôt », confie-t-elle, des sanglots dans la voix.
En provenance de Kabylie, ses parents ont débarqué dans l’Hexagone dans les années 1950. « Leur rêve, c’était de pouvoir scolariser leurs enfants. » La famille s’entasse alors dans un taudis à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Son papa se retrousse les manches sur les chantiers, « payé à la journée ». « Nous vivions dans la pauvreté, mais je n’avais pas le sentiment d’être pauvre. On m’a appris à ne jamais se plaindre. A l’école, comme j’étais une élève plutôt sage, les instituteurs me chouchoutaient. Je faisais des envieux parmi mes camarades dont certains m’humiliaient par rapport à mes habits. » En 1975, le bidonville est rasé. Fatiha et les siens sont relogés dans une cité de transit de l’autre côté du périph. A 18 ans, elle se marie. « Un mariage un peu arrangé par la famille, mais qui est au final un grand bonheur puisque je suis toujours avec le même homme », sourit-elle. Au bout de quinze ans de cours du soir, cette battante, mère de deux enfants, obtient « un master option ingénierie d’affaires ». Puis travaille au développement de la carte à puce, à la Sonacotra où elle s’intéresse vivement au sort des vieux immigrés, au secrétariat d’Etat aux Anciens combattants et aujourd’hui dans un établissement public d’aide aux élèves décrocheurs. Comment celle qui s’est toujours jurée de devenir première représentante de l’Etat dans un département y est-elle parvenue ? « Ce fut un véritable parcours du combattant. J’ai pris mon bâton de pèlerin, j’ai contacté des préfets, demandé des rendez-vous à des conseillers à Matignon et à l’Elysée. J’ai envoyé plein de lettres qui sont restées parfois sans réponse. Mais dans ce pays, on arrive à pousser des portes à force de détermination. »
Au service de l’Etat, elle promet de penser « à tous ceux qui doutent de la République, ceux qui, en ouvrant leur fenêtre à La Courneuve, ont le sentiment de ne pas avoir de chance ».

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