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mardi 27 mai 2008

L’affaire des « connards » du Nouvel Observateur

Sarkozy, à nouveau la cible d’une nouvelle désinformation



La malveillance devient une spécialité de la presse d’opposition

Le magazine d’information Le Nouvel Observateur, fondé par Gilles Martinet de l’A*P (déjà !), Roger Stéphane, Claude Bourdet et Hector de Galard de Combat et la collaboration de Jean-Paul Sartre, s’enfonce dans la diffamation.
Depuis 1964, quand Claude Perdriel, industriel, et Jean Daniel, journaliste, s’associent pour relancer l'hebdomadaire qui devient le Nouvel Observateur, la ligne rédactionnelle du magazine, mise au point par Jean Daniel, Maurice Clavel ou Gilles Martinet, est l’héritière d'une longue période d'« opposition » aux gouvernements français de centre-droit et conserve une nette sensibilité « de gauche ». Le Nouvel Observateur a compté des signatures honorables comme celles de Jacques Delors, Robert Badinter et Jean Lacouture.

Qu’en ont fait, les Claude Perdriel, Jean Daniel, Jacques Julliard et Denis Olivennes, depuis mars 2008 ? Celui-ci, le 25 mars 2008, écrivait pourtant ceci (extraits):
Le Nouvel Observateur est au cœur de trois défis cardinaux des années à venir.
Tout d’abord un enjeu de liberté. Je veux parler évidemment de la « libre communication des pensées et des opinions (…) l’un des droits les plus précieux de l’homme », comme dit la Déclaration de 1789. Elle n’est certes pas menacée dans notre pays par quelque moderne despotisme. […]
Un enjeu de société ensuite. La révolution Internet est une chance pour le développement de la communication. Elle multiplie, à une échelle sans précédent, l’offre d’information et l’accès à celle-ci. Mais elle remet en cause aussi les modèles économiques traditionnels de la presse, et menace peut-être jusqu’à son existence telle que nous la connaissons. Et puis, parce qu’elle place trop souvent sur le même plan le vrai et le faux, le savoir et l’opinion, l’information et la rumeur, qu’elle se développe dans les marges du droit, notamment celui qui protège la dignité de la personne humaine, elle bouleverse radicalement la société d’information dans laquelle nous vivons. Le Nouvel Observateur, là aussi, a un rôle éminent à jouer. […] Dans les années qui viennent, il va devoir, bien sûr, renforcer encore cette double présence et tisser sa toile sur la Toile. Il devra le faire en y défendant les principes de vérification, de hiérarchisation, d’interprétation des informations, et, plus généralement, de respect intransigeant des valeurs éthiques qui constituent son identité même, contribuant ainsi à civiliser l’univers pour l’instant sauvage du Net.
Enfin, un enjeu politique. La gauche moderne, qui réfute aussi bien la démagogie que le fatalisme, est à réinventer. Soucieuse à la fois de croissance économique, de justice sociale, de développement des libertés et des droits, de respect écologique et d’ambition culturelle, cette gauche-là, si elle existe ailleurs en Europe, est une idée neuve en France, où son projet est à repenser.
Le Nouvel Observateur est le creuset naturel de cette rénovation. Pas en militant, car il n’obéit à aucune discipline partisane, mais comme une forge où sont usinés les outils d’intelligibilité du monde qui nous entoure. Il entre dans sa mission […] de contribuer à cette nouvelle vision d’une société plus juste et fraternelle. [fraternelle, mais haineuse ?] […]


Mais les faits, comme les habitudes, ont la vie dure. Un journaliste pas comme les autres est indigné par les pratiques de la profession. Jean Quatremer (1957), est spécialisé dans les questions européennes au quotidien Libération et il a quelque chose à dire :
Dans le Nouvel Observateur paru jeudi dernier [22 mai], la rubrique « Téléphone Rouge », composée d’informations plus ou moins « confidentielles », s’ouvre sur la nouvelle suivante :
Titre : « Les nouveaux connards de Sarkozy.

Sentiment préalable de mise du lecteur en condition: Nicolas Sarkozy a toujours autant de mal à se faire au style présidentiel.
Accusation diffamatoire :
Putain les mecs, il fait chaud, on se fout sur la terrasse !”, a-t-il lancé, lundi 5 mai, à quelques journalistes spécialistes des questions européennes qu’il avait invité pour une rencontre informelle à l’Elysée. L’entretien s’est déroulé dans la bonne humeur jusqu’à ce qu’un des reporters s’avise d’interroger Sarkozy sur sa pusillanimité à propos des droits de l’homme en Tunisie. Réponse du président : « Rien à foutre, de toute manière, ce ne sont que des connards qui posent des questions à la con… ” ».
Jean Quatremer témoigne :
Spectaculaire, mais totalement faux. Je le sais, comme mes confrères en poste à Bruxelles le savent, puisque j’étais présent. Et je peux vous affirmer que jamais le Président n’a tenu de tels propos. En le disant, je brise le « off » dont nous étions convenu avec l’Élysée. Mais comment rester muet devant un tel mensonge qui nuit à toute la profession : d’une part parce que celui qui a parlé (ou qui a parlé à quelqu’un qui a parlé) a violé le « off », mais surtout parce qu’il a raconté n’importe quoi. C’est exactement de la même eau que le soi-disant SMS envoyé par Nicolas Sarkozy à son ex-femme (« si tu reviens, j’annule tout »).
Cette rencontre avec le chef de l’État, qui a duré deux heures (au lieu d’une heure prévue),

s’est effectivement déroulée dans une ambiance détendue. L’Élysée avait invité une quinzaine de journalistes français spécialiste des questions européennes (presse écrite, télévision, radio, agences) ainsi qu’un confrère italien de l’Agence Europe afin de faire le point avant le début de la présidence française de l’Union. Mais personne du Nouvel Observateur n'était présent, l’hebdomadaire n’ayant pas de correspondant à Bruxelles. Le Président n’a pas été langue de bois, comme je l’ai raconté ICI et il n’a jamais été méprisant à l’égard des journalistes. Il a juste dit du mal des journalistes politiques qui lui posent "toujours les mêmes questions quelque soit l’endroit où il se trouve dans le monde". Il nous a même complimentés, ce que nous avons pris avec des pincettes : « vous, vous connaissez votre sujet et il vous passionne. Vous posez des questions de fond ».
La réunion devait se dérouler dans un salon (photo ci-dessus): trois fauteuils (l’une pour lui, les autres pour son conseiller diplomatique et son conseiller pour les affaires européennes) faisant face à une vingtaine de fauteuils. Mais il faisait beau. Le Président s’est amusé : « je ne suis pas contre la distance présidentielle, mais là, quand même, c’est trop. Cette maladie de faire des trucs tristes. Ca manque de convivialité. Et si on se mettait dehors, êtes-vous d’accord ? » Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais nul « putain les mecs » ou alors mes confrères et moi-même sommes devenus brutalement sourds. Une fois dehors, un huissier lui apporte ses Ray Ban. Il voit notre regard: "je sais, ça fait bling bling", s'amuse-t-il.
Sur la Tunisie, Sarkozy a défendu sa position avec passion, expliquant que Ben Ali n’était sans doute pas le plus grand des démocrates, mais que grâce à lui le pays n’avait pas versé dans l’islamisme radical, que les femmes n’étaient pas voilées et faisaient des études. « Il faut comparer avec ce qui se passe dans la région ». Un long plaidoyer passionné qu’il a conclu par un ironique : « je ne m’énerve pas, j’explique », reprise de la « une » de Libé au lendemain de sa dernière intervention télévisée.
Ce qui m’a le plus frappé, c’est le fait que, contrairement à Jacques Chirac, Sarkozy a toujours mis en avant l’intérêt européen et a évité de parler de l’intérêt de la France. Une véritable rupture, de ce point de vue. À plusieurs reprises, il a trouvé des accents mitterrandiens. Par exemple, sur le paquet « lutte contre le changement climatique » : « il faut prendre ce paquet tel qu’il est, même s’il ne fait pas les affaires de la France. Si on commence à entrer dans une négociation point par point, c’est fini ». Et il n’a pas conclu par : « putain, vous avez compris les connards » ?
Je sais, c’est décevant et ça ne sera pas dans le Nouvel Obs.
(photos: JQ, preuve que j'y étais, moi ;-)) LIEN

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