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samedi 22 septembre 2007

Sarkozy est passé, Noah ne s’est pas cassé

Le champion est ‘out’
Grattons là où ça fait du bien ! La presse n’assure pas le suivi des déclarations ni des comportements ridicules et il faut bien admettre que c’est souvent un souci aussi vain que cruel. Mais tel est le lot des bloggers qui n’oublient pas …
Prenez l’exemple de Noah. ’Si tu savais’, Yannick ! Interviewé dans Le Parisien du 25 mai 2007 par Emmanuel Marolle, un journaliste complaisant et promis à un bel avenir, il se voit rappeler tout de même sa déclaration d’il y a un an et demi : "Si Sarkozy passe, j’me casse". Cette réaction à l’emporte-pièce, cette rime riche, révèlent à la fois la force créatrice de l’artiste, la puissance de l’athlète et le personnage surfait qu’il est, tout étonné d’avoir été pris au mot ! L’artiste, le champion et l’idéologue cherchent-ils à démontrer que l’homme médiatique n’est pas responsable ? Mais que les bloggers le seraient davantage ?
En effet, plutôt que d’affronter sans détour sa responsabilité, Noah préfère s’en prendre à Alain Genestar (décidemment !) et dénonce le fait qu’on ait, dans un entretien de deux heures, seulement retenu cette phrase qu’on a voulu bien sentie, mais qui ne fut que sottise de fin de match au vestiaire. Si on déchiffre bien sa puissante pensée, il avoue qu’en proférant cette menace (pour qui ?), il ne parlait pas sérieusement et que son engagement ne valait pas cher. De là à prendre l’exemple de Noah et à mettre sur le même plan la profondeur de l’engagement des artistes et la superficialité du ‘pacte présidentiel’ de Sa Cynique Majesté Royal, il n’y a qu’un petit pas glissé que nous nous retenons de franchir…
Après s’être vanté de n’avoir pas "retourné sa veste" siglée, comme tant d’autres entre les deux sets de la présidentielle (des noms ?), il émet encore une protestation molle et insignifiante, une balle derrière le filet, au sujet du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale. Puis le toujours d’jeune se déclare pas "prêt" pour l’instant à rencontrer le président, lequel n’a rien demandé -à la différence de Delanoë qui en a des frémissements dans les reins-, mais "ça viendra peut-être" puisqu’on a "le temps, on est jeunes, non ?" Alors, Bertrand attend que ça vienne, …son heure ! Noah sera derrière lui, en soutien.
L’artiste face au journaliste du Parisien cherche à dissimuler son embarras derrière l’ironie déplacée, le ton rigolard de l’homme promu penseur socialiste (‘à l’insu de son plein gré’) , à la suite d’un propos qu’il avait tenu sans y croire, comme une boutade, une balle ‘out’ ou une chandelle, comme il vous plaira. Un coup foiré, de toute façon. Faut-il donc regretter que le journaliste n’ait pas tiré un meilleur parti de cette conscience militante, en lui permettant de développer, en lui accordant une deuxième balle, en quelque sorte. L’occasion de faire face à l’inanité de son discours belliqueux et à la perte de crédibilité qui devait naturellement s’ensuivre. Lorsque quelqu’un dont, par ailleurs, on célèbre les principes, le mode de vie et la famille élargie (puisque ce tennisman expert ne donne pourtant pas d’effet rétro à ses services), vient à reconnaître que ce qu’il a déclaré était léger, une posture (une position ?) jusqu’au-boutiste mais tellement mâle, on devrait y prêter une attention plus grande qu’à ses délires, ses désirs de voyages lointains. Pour la Suisse, ce sera pour la prochaine fois ? C’est à force de prendre des pétards mouillés pour de vraies réflexions que les médias donnent un lustre usurpé à des personnalités sensibles et influençables et participent de ce jeu actuel où, faute d’être parfaitement identifiés, la vérité et le mensonge, la sottise et le militantisme nouent des rapports ambigus et en définitive démagogiques et pitoyables. Le PS se reconstruit, nous dit-on. Il devrait donc se réformer, mais il n’a pas encore commencé les travaux. Mais l’édifice reste en zone tellurique, car le PS dérape encore, si on en croit les paroles discriminatoires et la musique rap de Benoît Hamon sur les ‘personnes verticalement défavorisées’ (en langage PC), qui sont selon lui de bon aloi puisqu’elles lui sont chères et puisqu’elles sont estampillées socialistes, les garants de la morale politique universelle. (Nous y reviendrons.)
Sarkozy est passé, Noah ne s’est pas cassé. Tant mieux, d’ailleurs. Et qu’il continue de nous enchanter par ses chansons plutôt que de véhiculer des rodomontades à la Josiane Balasko et de nous décevoir à la balle de match. Que la comique nous fasse rire et que le chanteur nous distraie, mais qu’ils réfléchissent avant d’entonner les mots des paroliers et dialoguistes du microcosme. Le faiseur de tubes s’est fait entuber par Delanoë et ses amis, ‘forty-love’! Ce ne serait pas dramatique si Yannick Noah et ses semblables réalisaient que le succès ne fait ni le chanteur ni le penseur. Dommage que Noah n’ait pas vu arriver le slice de la liftée socialiste. Sarkozy a fait un ace ; c’est le jeu ! Le meilleur gagne ; il ne peut le nier…
Noah aurait pu faire amende honorable et se contenter de chanter « J’aurais dû comprendre », puisque ce n’est pas donné à tout le monde. Croyez-vous qu’il a enfin compris ? Hélas ! Il n’y a rien à faire, car magnanime, il fait un amorti et déclare qu’il n’éprouve ni haine ni rancoeur … à l’encontre du "nouveau président" ! Difficile de croire plus longtemps qu’il faut être intelligent pour être champion.

Décidemment, Faudel le vaut bien !

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