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dimanche 16 avril 2006

Jean Lassalle et le traitement de son action dans la presse.
En ce jour de Pâques, plusieurs manières de faire don de sa personne viennent à l’esprit, si jamais l’idée effleure certains: le Christ, en premier lieu et c’est pour de bon. Mais aussi Marie-Ségolène Royal: et alors là on sombre brutalement dans le grotesque.
En revanche, nous devons rendre hommage, à Jean Lassalle, député UDF, qui a fait 5 semaines de grève de la faim, jusqu’à être hospitalisé d'urgence, le 14 avril, pour empêcher une délocalisation dans les Pyrénées-Atlantiques d'une usine du groupe japonais Toyal Europ, qui emploie 150 salariés dans la vallée d'Aspe située dans son département. Que sont 5 semaines de grève individuelle contre 8 d’un collectif de teuffeurs étudiants ?
Qu’un élu fasse preuve d’abnégation laisse le monde pantois, mais devrait remotiver les Français qui pensent avoir des raisons de ne plus croire en rien, et en premier lieu en leurs représentants. Les jeunes et le monde politique en auront-ils pris de la graine ? Chacun interprétera selon ses orientations personnelles.

La majorité parlementaire n’a certainement pas reçu cette leçon de courage : quand on vote une loi pour se renier ensuite, on ne peut pas comprendre.

Ailleurs, les préjugés de la presse s’étalent sous nos yeux, dans la prose du directeur de la rédaction de Libération, A. de Gaudemar, qui y détecte finement «l'impuissance du monde politique à trouver des solutions à des problèmes échappant à la sphère classique notamment lorsqu'il s'agit d'enjeux économiques à dimension internationale.» Quoi qu’il arrive, toujours les mêmes schémas paresseux de pensée d’un altermondialiste obnubilé: le malheureux peut chaque matin à jeun vous pondre des pages sur ce thème rebattu. C’est vendeur et ça ne coûte rien. Du style perspicace et innovant:« Le plus souvent, ce sont les citoyens de base, agriculteurs, ouvriers ou employés, qui subissent cette tyrannie de la mondialisation. » Le plumitif bien pensant est cohérent avec lui-même -parfois aussi avec les siens- et en rajoute : « ils n'ont aucun pouvoir, [et] sont obligés de recourir à des actes plus radicaux, violents ou non violents, qui échappent aux formes d'action traditionnelles ». Ce Monsieur de Gaudemar, qui a pourtant la plume radicale, en reste baba(-cool), mais ne craint donc pas de justifier la violence depuis son bureau. Risquerait-il sa pauvre vie pour ‘ses’ idées (si jamais) et une cause révolutionnaire amie ? Il est clair qu’il a subi, sans analyse, l’enseignement des professeurs FSU et LCR formés à la doctrine dominante marxiste de l’Université française et n’a plus évolué.
Le petit monsieur n’aime pas être dépassé par plus radical et, qui plus est,… sur sa droite: « Jean Lassalle n'a pas seulement assuré une publicité maximale (le ton est un tantinet dépréciatif, non ?) à sa révolte et à sa détresse. (On apprend que toute révolte n’est pas bonne : la lutte contre les multinationales appartient à la gauche !). Son geste est devenu un grave acte d'accusation contre la faiblesse du système auquel lui-même appartient." (Et reprise de la rengaine, en détournant du sujet qu’on n’a pas su défendre : CPE oblige…) Ce directeur intello-bobo s’exonère à nouveau ‘lui-même’, et son canard n’appartient donc plus au monde politico-médiatique: responsable, mais pas coupable, comme d’hab… Jean Lassalle, déjà oublié !

Plus que la politique, ce sont les médias qui sont en cause, tant leur influence est grande et leurs objectifs partisans. Les Pyrénées sont éloignées du microcosme gauchiste. Le député kamikaze n’est ni palestinien, ni de la gauche grand teint. Hélas, les bonnes causes ne sont pas nécessairement celles qui conviennent à la presse militante.
Le Dauphiné Libéré souligne que: « le christique élu au béret basque ne méritait pas la course à la récupération dont sa lutte a fait l'objet. » et Le Journal de la Haute Marne se lamente « …le spectaculaire (la pub, selon notre Antoine cité plus haut) devient le passage obligé de l'efficacité. La contestation de masse contre le CPE avait fait reculer le pouvoir sur une loi dûment votée. Une grève de la faim, peut-être légitime eu égard aux attentes d'une population spécifique, vient maintenant de faire mordre la poussière à un groupe international. (imagerie éculée, mais inusable de la lutte du pot de terre contre le pot de terre.) Qu'il s'agisse de l'insertion des jeunes dans le monde du travail ou de la saine articulation de la France avec un monde en plein bouleversement économique, notre pays ne paraît pas vraiment comprendre ce qui se passe. (Quant à la gauche réac ? Et les avantages acquis?) On peut incriminer la classe politique, mais ce serait trop facile. (C’est pourtant ce que l’opposition développe !) Il y a plus globalement toute une élite qui est en train de dévisser. » Mais l’Antoine n’appartient à aucune élite et s’accroche à la doctrine de son adolescence: il va continuer à nous servir sa soupe réchauffée.

Les exégètes patentés se sont longtemps désintéressés de l’action désintéressée de ce représentant du peuple et pointent maintenant du doigt une médiatisation excessive ! Mais qui est responsable ?? Nous avons pu observer que nos braves journalistes s’y sont finalement collés, tant il est vrai qu’ils n’ont de convictions que les plus colportées, mais dont aucune ne justifierait le sacrifice de leurs vies. Ceux qui ne prétendent même pas penser personnellement, mais tentent de nous dicter ce qu’il est juste de croire, découvrent que d’autres existent et agissent sans eux.

Politiquement, La République des Pyrénées note que : « on peut voir aussi dans ce genre d'issues, le même symptôme regrettable d'un écrasement des procédures négociées de réglement des conflits. (Exit les syndicats ? Mais où va-t-on ?)°Rien n'avance tant qu'une affaire n'a pas produit des images de violence collective -effectivement racoleuse- (ou de souffrance individuelle) -et ça ne vaut la une, faute de mieux- qui lui donne droit de cité à la télé. [...] Toute crise doit être portée au paroxysme avant d'être prise en considération.(...)" Auto-critique ? Justification implicite de la violence ? Incitation ??

Le problème est que, si la cause est juste, la méthode est contestable. La Liberté de l’Est s’interroge : « La grève de la faim fait-elle partie de l'arsenal mis à la disposition d'un élu du peuple? (Réaction conventionnelle ?) On veut croire que non et que le parlementaire a d'autres moyens pour défendre ses dossiers. (...) Il serait affligeant que cette stratégie, que Le Figaro qualifiait avec justesse de "marketing politique du désespoir", fasse école. »
Outre qu’elle a été dans l’incapacité de s’adapter à ce cas inconnu dans le petit livre de la révolution permanente et non enseigné à l’ESJ, il reste que la presse démontre encore en la circonstance qu’elle se complaît dans le dénigrement et la haine ordinaires. Trop de journalistes nous font honte en passant à côté d’une occasion de valoriser le courage d’un représentant d’un système qu’ils préfèrent décrier à propos de tout et de rien. Multinationales, globalisation, etc, etc…
Il ne faut pas, en outre, manquer de respect aux jeunes…, mais ricaner du courage d’un élu de 50 ans, c’est permis dans la presse, au nom du civisme et… de la citoyenneté ! Le détournement qui est fait par la plupart des médias de l’action de cet élu est indigne de l’homme qu’est Jean Lassalle.

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