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lundi 20 novembre 2017

Le troupeau bêlant des élus LREM désorientés

"Les élus ne savent pas où l'exécutif veut les conduire," observe Olivier Rouquan 

Un entretien du politologue, consultant, enseignant-chercheur en science politique avec ladepeche.fr, publié ce lundi 20 novembre 2017.

Baisse des dotations, suppression de la taxe d'habitation, des emplois aidés, etc. Les élus ont-ils raison d'être en colère ?

Le congrès sera un bon indicateur pour connaître l'humeur de nombre d'élus locaux vis-à-vis de ce gouvernement qui, en effet, ne ménage pas les milieux territoriaux, à la fois par les décisions prises pour 2017 et parfois par le discours tenu. D'un autre côté, semble-t-il, le gouvernement parvient de temps en temps à discuter. Par exemple, lors du discours sur la politique de la ville de cette semaine qui n'a pas été forcément mal reçu. Mais la décision sur les emplois aidés dans ces quartiers ou plus largement la baisse des APL et toute la politique du logement, ou encore la baisse de la dépense publique locale, qui serait ciblée sur les grandes agglomérations, tout cela montre qu'il y a encore beaucoup de conditionnels, beaucoup de flou. On a des élus locaux qui sont inquiets et qui ne savent pas du tout pour l'instant où cet exécutif veut les conduire. [L'exécutif lui-même sait-il où il va ?]

Emmanuel Macron arrivera-t-il dans ce contexte à mettre en place son «pacte de confiance» avec les élus dont la grogne semble dépasser les clivages politiciens ?

Quand on a de l'inquiétude et de la crainte, c'est difficile de susciter la confiance. La confiance, ça se construit. Pour l'instant, on n'a pas l'impression qu'il y ait véritablement une association, une co-construction de projets territoriaux entre les associations d'élus et le pouvoir exécutif. On est plus sur des annonces parfois contradictoires. La confiance n'y est pas pour l'instant. Au-delà des questions fiscales et financières comme la taxe d'habitation – qui est un enjeu majeur, mais dont ne sait pas grand-chose sur ce qui va la remplacer – il y a aussi en ligne de mire la question des métropoles et des départements. C'est une vraie interrogation. Au-delà de l'inquiétude des maires ruraux, des petites intercommunalités, beaucoup de départements ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés. Tous ces points s'ajoutent… En toile de fond, on a beaucoup d'incertitude sur la stratégie de la République en Marche (LREM) vis-à-vis des collectivités locales.
 
Pour l'instant, ce parti n'est pas hors sol mais a été construit très vite et n'a pas beaucoup d'élus locaux. Les collectivités locales sont tenues par les partis classiques. La question qui se pose est : est-ce que la dynamique En Marche va se territorialiser et à quel prix cela va se faire pour les formations classiques ? Est-ce que ça va être la déstabilisation d'exécutifs locaux ? Est-ce que ça sera une transition lors des prochaines échéances électorales où il y aura de nouveaux candidats LREM ? Il y aura beaucoup de tensions politiques.

Finalement, derrière ces tensions, n'y a-t-il pas la difficulté de réformer le mille-feuille administratif français ?

On le dit depuis vingt ans… Et malgré tout, contrairement à un a priori, la France a beaucoup réformé ses territoires, notamment lors du dernier quinquennat. La question qui se pose est que pour l'instant on ne sait pas ce que pouvoir veut faire, c'est anxiogène. On ne peut pas travailler en confiance sans clarifier certaines lignes de la réforme. Pour l'instant, on ne sait pas ce que veut faire ce pouvoir des départements, des métropoles. 

On ne sait pas non plus s'il y aura une réforme fiscale décentralisée et dans quel sens ça ira. C'est sur cette somme d'incertitudes que se noue ce début de quinquennat et, pour l'instant, on ne peut pas dire que ça parte du bon pied.
Propos recueillis par Philippe Rioux

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