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lundi 25 septembre 2017

Réforme du droit du travail: les routiers grévistes vont directement au blocage de raffineries

Des blocages pour le maintien de leur régime spécial, sans passer par des opérations escargot et des barrages filtrant 

Des routiers CGT et FO ont entamé lundi un mouvement reconductible contre la réforme du code du travail

Une quarantaine de points de blocage, selon la CGT
aux premières heures du jour, ce 25 septembre 2017 
Des bloqueurs ont ciblé des axes de circulation et des dépôts d'approvisionnement en carburant aux quatre coins de France.

Dès la nuit de dimanche à lundi, une trentaine de grévistes a bloqué la circulation des poids-lourds sur une autoroute dans le Nord, tout près de la Belgique. D'autres actions ont ensuite été mises en place au Havre, à Rouen, Caen, Bordeaux, La Rochelle, Marseille, Lyon ou encore Nantes, d'après plusieurs responsables CGT et FO.

La ministre des Transports a pris acte mercredi de l'échec des discussions. "La bonne réponse, ce n'est pas le blocage, mais le dialogue", a plaidé Elisabeth Borne, assurant que "le gouvernement est très mobilisé pour éviter le dumping social".

Sans ouvrir de nouvelle piste, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a toutefois estimé dimanche que le gouvernement doit "tenir compte des spécificités" du secteur du transport routier. Des spécificités qui demandent à être justifiées...

La grogne sociale s'est étendue lundi à plusieurs régions de France

Le début du mouvement est "à la hauteur de nos attentes", s'est ainsi félicité Jérôme Vérité, le numéro un de la fédération CGT des transports, citant des actions à un péage près de Lyon, devant les dépôts pétroliers d'Ile-de-France et de La Rochelle, et en Normandie.
A Caen, une "opération escargot" a ainsi été menée sur la rocade par "une quarantaine de véhicules", selon un responsable CGT, moitié moins d'après la préfecture. Un "barrage filtrant" devait ensuite être mis en place sur le périphérique sud.

En Charente-Maritime, à La Rochelle, "les dépôts de carburants sont fermés", précise Jérôme Vérité, numéro un de la CGT-Transports.

En Ille-et-Vilaine. les deux rond-points qui permettent l’accès au dépôt de Vern-sur-Seiche, près de Rennes, sont bloqués. Une soixantaine de routiers est sur place. L'atmosphère est tendue entre les forces de l'ordre et les chauffeurs.

Bordeaux et surtout Donges, près de Nantes, où c'est également "un peu chaud", mais toutes les actions se mettent en place "tranquillement", raconte Bruno Lefebvre (FO), qui met sinon en cause la présence des gendarmes, "déjà en place" avant l'arrivée des grévistes.

Dans le Nord
, où se trouve l'élu syndical FO, une opération-escargot était prévue sur l'autoroute en direction d'Arras, ainsi que des actions à Valenciennes et Dunkerque.
Mais en périphérie de Dunkerque, la dizaine de militants présents a dû renoncer au blocage des dépôts de carburants, protégés par les CRS. Ils ont en conséquence décidé de distribuer des tracts sur un rond-point très passant de ...Grande-Synthe, ville PS, puis EELV, dirigée par un ancien animateur socio-culturel, et lieu d'installation d'un camp de migrants clandestins.

En Ile-de-France, situation identique de blocage du port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), d'après la préfecture qui a relevé la présence d'une petite cinquantaine de manifestants.

Dans le Sud-Estau dépôt pétrolier de La Mède, près de Marseille,"rien ne rentre et rien ne sort", a lancé Fabrice Michaud de la CGT. Selon lui, des "plateformes logistiques sont aussi visées" par une "petite cinquantaine" de grévistes bloqueurs. Les barrages devraient être levé vers 15h00, selon La Provence.

Pour maintenir les approvisionnements, le gouvernement a publié samedi un arrêté autorisant les transporteurs d'hydrocarbures à déroger temporairement aux règles en matière ...de temps de conduite et de repos. 
Ce développement a été qualifié de "provocation" par la CGT, fer de lance de la contestation contre les ordonnances réformant le droit du travail.

Les revendications des routiers bloqueurs

Les organisations de chauffeurs dénoncent la possibilité de "faciliter" les licenciements économiques dans les grands groupes, "l'affaiblissement" des représentants du personnel ou encore le plafonnement des indemnités prud'homales.
Plus spécifiquement, elles s'inquiètent de la possibilité de négocier dans l'entreprise des éléments de rémunération (13e mois, prime d'ancienneté...), jusque-là fixés par la branche professionnelle.
Les syndicats redoutent que TPE et PME s'engagent dans une course au "moins-disant social" pour remporter les appels d'offres, soupçon que le patronat qualifie de "manipulation grossière".

Dans leurs négociations corporatistes secrètes, les syndicats CGT et FO ont également mis sur la table la question des salaires, notamment dans le transport de matières dangereuses, et le statut de travailleur détaché tel qu'il est actuellement défini par la directive européenne du 16 décembre 1996, permettant à un employé travaillant dans un État membre de l'Union européenne d'être détaché pour aller travailler dans un autre État membre, en cours de révision.

En revanche, ils ont obtenu de l'Etat un engagement ferme sur le maintien du dispositif de retraite anticipée propre à la profession, dont ils craignaient la disparition. Ce n'est donc déjà plus la "révolution copernicienne" promise par Emmanuel Macron...
Un recul du gouvernement nommé par Macron qui ouvre ainsi une brèche dans une "réforme ambitieuse, équilibrée et juste", selon Edouard Philippe en présentant les cinq ordonnances, mais déjà inéquitable, et que le président Macron  qualifiait d'historique, au mépris des quatre lois Auroux de 1982
Jean Auroux : « Macron fait fausse route »relatives aux libertés des travailleurs dans l’entreprise, au développement des institutions représentatives du personnel, à la négociation collective et au règlement des conflits du travail et aux comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail.
Le 18 septembre 2017, sur France Inter, leur auteur, 75 ans, ancien maire PS de Roanne, mais aussi plusieurs fois ministre de François Mitterrand, a estimé que les salariés seront moins protégés et les entreprises pas forcément gagnantes non plus.
"Il y a un abus de langage à parler de réforme. Car lorsqu'on regarde la définition de ce terme, on s'aperçoit qu'une réforme est destinée à apporter une amélioration. En l'espèce, parler de "contre-réforme" serait plus adapté." Et Jean Auroux de rappeler que les ordonnances de 1982 avaient pour objet de "passer à 39 heures de travail hebdomadaire payées 40, ajouter une 5e semaine de congés payés et ramener l'âge de la retraite à 60 ans". 
Jean Auroux oppose progrès social "à l'idée paradoxale consistant à dire qu'en facilitant les licenciements, on créerait de l'emploi", ainsi qu'il analyse la réforme en cours, née de "l'argumentation libérale" du président Emmanuel Macron, "consistant à dire que le travail coûte trop cher". Selon lui, "c'est bien plus l'incertitude économique que le coût du travail qui freine les entreprises dans leurs projets de recruter".

Auroux estime que cette réforme "fait fausse route en nous ramenant 35 ans en arrière. Elle n'est ni juste, ni équilibrée, elle marque un recul social qui n'est pas une garantie pour les entreprises."
"En la matière, c'est peut-être en marche…, mais en marche arrière", conclut-il.

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