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jeudi 29 juin 2017

La photo officielle du président Macron : prétentieuse, chargée, angoissante

Une mise en scène léchée, intello et inquiétante

Ça y est, le portrait officiel est arrivé

Tout ça, pour çà ?
Mains crispées sur le mobilier officiel:
ouvrez la cage aux oiseaux...
Non pas qu'on l'attendait, mais le maître des horloges a pris son temps, cinq semaines, pour un résultat assez piètre, voire préoccupant.  
L'image a été finalement diffusée sur Twitter, dans un parti-pris de jeunisme ringard auquel ne croit plus que le service de presse de l'Elysée.
Son nouveau locataire a choisi de poser dans son bureau, devant une fenêtre ouverte donnant sur les jardins du palais.

Emmanuel Macron a donc opté pour la rupture avec son prédécesseur, tout en conservant une forme de continuité. 

En 2012, François Hollande avait choisi Raymond Depardon pour lui tirer le portrait dans les jardins de la demeure présidentielle et le produit fini ne restera pas comme un chef d'oeuvre du photographe. Certes, le sujet était ingrat et, pour faire bref, le président Hollande, les bras ballants, avait tout l'air d'un pingouin.

En 2007, la photographie officielle de Nicolas Sarkozy le montrait posant debout à côté des drapeaux français et européens, devant une imposante bibliothèque, comme François Mitterrand, photographié un livre à la main. 
Quant à Charles de Gaulle et Georges Pompidou, les deux premiers présidents de la Ve République avaient opté pour une photographie très solennelle, collier de Grand maître de la Légion d'honneur autour du cou.
Le nom de la célèbre Bettina Rheims, qui avait signé le portrait de Jacques Chirac en 1995, avait à nouveau circulé, mais c'est finalement Soazig de La Moissonnière qui a été chargée du cliché, sans surprise, puisque la jeune femme suit Emmanuel Macron depuis le tout début de sa campagne.

Cette photo de Macron est dérangeante

Elle promet un grand malaise dans le pays. 
Résultat de recherche d'images pour "photo officielle macron"Le président occupe un maximum de surface  sur l'avant scène, bras écartés en appui sur une table sur laquelle il est assis comme sur un tabouret de bar ou à la façon d'un présentateur de télévision, Yves Mourousi ou, plus près de nous, Jean-Pierre Pernaut, 67 ans, ci-contre. Le jeunisme, encore, mais surtout le pressentiment qu'il va être omniprésent et incontournable...


Il se tient d'ailleurs de face, accentuant ainsi l'affichage d'un ego surdimensionné, annonciateur de prises de décisions perturbantes.

Il aurait pu offrir son profil le plus avantageux ou se tenir de trois-quarts, mais son physique ne l'autorise pas : 
il a un quart de brie pour appendice nasal, la lèvre inférieure pendante et un menton prognathe, qu'Anna Cabana trouvera certes volontaire, mais qui inquiétera le Français moyen habitué à prendre des coups venus du haut de la pyramide sociale, et une denture protubérante, déformée par l'abus de doudous d'une enfance visiblement prolongée.
    
CheeseIl sourit, mais les maxillaires restent verrouillés, si bien que le spectateur éprouve une gêne indescriptible, du genre menace diffuse, renforcée par le regard perçant, inquisiteur, pupilles dilatées sous les projecteurs, et malencontreusement photoshopé, métallique et glacial, rappelant cette période sombre de notre époque que l'on croyait révolue. 
Voilà pour le personnage principal, à faire frémir jusque dans les mairies des contrées les plus reculées. 

Le décor est, quant à lui, oppressant.
Le président semble avoir horreur du vide. Il occupe tout l'espace qu'il peut et il ne resterait certes aucune place pour les montages humoristiques qu'a suscités le portrait officiel de Hollande, vide comme son quinquennat, mais les petits génies du numérique qui l'entourent ne sont pas les meilleurs sur la place et les amateurs ont su investir le moindre interstice qu'il leur a cédé, comme aux députés à l'Assemblée, quitte a superposer, comme sur un panneau électoral. 
On notera que, parmi les sponsors du banquier, ne figure ni Havas, ni Business France qui ont pourtant financé sa promotion à Las Vegas.

Les macron-maniaques ont salué l'ouverture étroite sur les jardins royaux. Une bouffée d'air frais dans ce monde artificiellement composé, si on ignore que les fenêtres ouvertes sur un Paris en période caniculaire au moment du cliché. De mauvais augure, sachant que la loi travail 2 va nous valoir une rentrée syndicale torride. 

Les communicants de l'Elysée ont fait savoir que le gamin lit.   
Une pendulette en or rappelle que le président est maître des horloges. Pour l'heure !

Trois livres sont ostensiblement tombés des mains du locataire de l'Elysée ou de Sybeth Ndiaye, sa maîtresse en communication.
Il faut savoir que les ouvrages sur le bureau ne sont pas un choix innocent. Le Rouge et le Noir de Sten­dhal (1830, dont le héros, Julien Sorel, rêve de devenir une sorte de nouveau Napoléon Bonaparte)Les Nour­ri­tures terrestres (1897, qui prône une vie hédoniste transgressant la morale traditionnelle) d’André Gide et Mémoires de guerre de Charles de Gaulle, qui y expose l'épopée de la France Libre au cours de la Seconde Guerre mondiale. Allusion au fascisme islamiste ? Les deux premiers semblent être des choix du coeur puisqu’en mars dernier, Em­ma­nuel Macron, encore en campagne, confes­sait au JDD : "J’aime autant Sten­dhal que Camus, Gide que Rimbaud". Une confidence qui avait  valu au candi­dat un article de Titou Lecoq dans Slate "Macron n'a jamais fait partie de notre géné­ra­tion". Les oeuvres complètes de NTM (Nique ta mère, version Z.E.P.) auraient probablement outragé Brigitte. Or, Gide n'était pas seulement homosexuel, mais pacifiste alors qu'en Allemagne montait le nazisme...

Le making of vidéo de la photo officielle publiée sur le réseau social Twit­ter par Sibeth Ndiaye (UNEF et Master 2 professionnel), "surprend" le président de la Répu­blique feuilletant amoureusement ces livres et choi­sir soigneu­se­ment les pages de Mémoires de guerre de Charles de Gaulle ouvert sur le bureau derrière lui. Tout en spontanéité et naturel... Mais la question est au fond de savoir si on peut être à la fois un intello et un homme de décision...

Mais le clou de la mise en scène est la paire de téléphones portables.

Il a soigneusement empilé ses deux smartphones, juste à sa droite sur son bureau, voulant ainsi véhiculer un image de président moderne et connecté. On peut aussi noter que la statuette du coq, symbole de la France - sur le fond rouge du drapeau tricolore ! - se reflète sur l'écran d'un des téléphones.
Et puis, il n'aura échappé à personne que dans sa volonté de s'inscrire dans la continuité républicaine, Macron et son équipe renvoient irrésistiblement à l'affaire des deux téléphones de Nicolas Sarkozy, alias Paul Bismuth !

Enfin, l'alignement de Macron sur les Etats-Unis est frappante 

Scénographie identique: personnage principal (Obama, 1m85; Macron 1m73) posé en premier plan, entre deux drapeaux, devant une fenêtre en arrière plan (fermée en janvier à Washington, ouverte en juin à Paris), sans ostentation intellectuelle aux Etats-Unis...
L'un à droite a l'air bienveillant, l'autre, à gauche, prend un air sibyllin et froid.

Et les photographes amateurs de l'Elysée font se retourner Charles de Gaulle dans sa tombe. L'alignement du président Macron s'étale en effet en filigrane sur sa photo officielle. Clairement, Emmanuel Macron se la joue Obama. Mais même Trump (1m88) sait sourire, sans prétention, ni mise en scène, sobrement, simplement... 

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