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jeudi 10 mars 2016

La réforme du droit du Travail plonge Hollande dans la crainte du péril jeune

L'exécutif ne prend pas à la légère l'appel des organisations de jeunes à manifester encore 

"L'objectif de cette réforme n'est pas de précariser la jeunesse, mais d'encourager l'embauche en CDI notamment des jeunes"

"On vaut mieux que ça" affirme
"une jeunesse informée, lucide
et soucieuse de ses droits"
C'est ce qu'a vainement prétendu Myriam El Khomri, la veille de la manif contre la réforme du Code du Travail, pour tenter de la désamorcer. 
Un peu plus tard dans la soirée, Hollande a réaffirmé que sa responsabilité est de prendre toutes les décisions qui permettront aux jeunes d'avoir plus de stabilité dans l'emploi". Mais après quatre années d'annonces et de mesures dans sa direction, la jeunesse n'est pas convaincue. Pour preuve : 68% d'entre eux sont contre la réforme du Code du travail, révèle un sondage pour L'Humanité.

Les organisations étudiantes assurent que, déjà durement confrontés à la précarité dans le monde du travail, les jeunes seraient les principales victimes de la réforme du Code du Travail, pour autant qu'ils peuvent en savoir, puisque la concertation préalable à l'avant- projet n'a pas eu lieu et que le texte n'a été connu avant le 9 mars que pour ce qui en avait fuité.
 
Le projet "trahit la jeunesse", estime William Martinet, 27 ans, en troisième année de fac, président de l'UNEF, syndicat étudiant dominant. De nombreux nostalgiques évoquent la révolte contre le CPE qui, il y a dix ans, avait fait plier l'exécutif sur ce contrat "première embauche" destiné aux moins de 26 ans assorti d'une période d'essai. La pression de la rue, à l'époque exercée  par l'opposition de gauche, fait aujourd'hui trembler cette même gauche, d'autant que les opposants sont les mêmes, jusqu'à l'intérieur du PS.

"C'est un peu dégueulasse comme réforme," assure ce mercredi Mélody, 18 ans qui manifeste à Paris et se dit prête à "lutter jusqu'au retrait" du projet de loi Travail. "C'est pas normal qu'on fractionne nos droits au travail comme ça", dit l'étudiante en première année de licence à l'université Paris-Diderot, "particulièrement mobilisée", car traditionnellement politisée: c'est l'ex-campus de Jussieu.

C'est la première mobilisation estudiantine sous Hollande

Le président socialiste aura une réussite à son actif, le soulèvement de la jeunesse qui devait être la priorité de son quinquennat et ne s'était jamais mobilisée jusqu'ici contre une loi d'un gouvernement de gauche et "sur un projet qui ne concerne pas spécifiquement les étudiants, relève dans Le Parisien l'historien de l'éducation. "Le mouvement, en ce sens, est très nouveau et il est difficile de savoir s'il va prendre".

La semaine dernière, François Hollande et son gouvernement pensaient encore que les manifestations devraient "rester limitées," révèle Mediapart. Pour autant, l'exécutif reste vigilant. Toutes les éléments sont réunis pour donner à cette nouvelle génération l'occasion d'inscrire sa propre révolte estudiantine à son CV en 2016: impopularité du président, gauche fracturée et chômage toujours plus élevé. 
Ils appartiennent à la catégorie des 15-24 ans, privilégiée à grands cris par Hollande et pourtant frappée à 24%. La durée du chômage des 15-24 ans s'étend sur plus d'un an en moyenne, et près de la moitié des chômeurs viennent de terminer un emploi à durée limitée.
"Il n'y a pas de fébrilité mais cet appel à manifester n'est pas seulement un feu de paille. On ne le prend pas du tout à la légère," avouee une ministre anonyme à Mediapart.

Les socialistes ont perdu le contact avec la jeunesse

L'exécutif craint de ne pas pouvoir éteindre la flamme qui anime les associations de jeunesse pourtant couvertes jusqu'ici de subventions nationales et territoriales, notamment parce que le PS n'a plus aucun relais dans les universités et en a perdu dans les départements et les régions. Le président comptait sur son atout jeunesse, Najat Vallaud-Belkacem, mais la ministre "n'a aucun écho dans les facs", rapporte Europe 1.

C'est un ancien ministre démissionnaire et contestataire qui mobilise les étudiants, souligne Mediapart. "L'appel des organisations de jeunesse à manifester, c'est pas un mouvement naturel, affirme une ministre, sous couvert d'anonymat. Il y a sûrement du Hamon là-dessous, c'est signé". 
L'ancien dirigeant du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), proche de  de l'UNEF, dont la plupart des fédérations sont très proches du PS, dément pourtant : "Je ne suis ni intermédiaire, ni l'interlocuteur. On n'a pas de relation tutélaire, filiale. C'est fini ça (...) Je n'ai pas de bouton rouge magique sous mon bureau pour faire descendre les jeunes dans la rue", insiste le frondeur, flatté de se voir accorder du pouvoir. 
"Aujourd'hui, les partis sont incapables de contrôler les organisations de jeunesse, prétend également le député PS Pouria Amirshahi, ancien président de l'UNEF qui vient notamment de claquer la porte du PS. Pas même pour la logistique ?

Le pouvoir développe l'idée d'un complot tramé par un "Baron noir" qui tirerait les ficelles des organisations de jeunesse, tapi dans l'ombre. Selon certains media, l'Élysée tenterait de débusquer ce maître d'œuvre issu de l'aile gauche du Parti socialiste. 
L'état d'urgence servirait ainsi à démasquer les terroristes de l'intérieur !

Seront-ils interpellés avant le 17 mars, seconde journée de mobilisation, en attendant la grève générale intersyndicale du 31 mars ?

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