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vendredi 11 décembre 2015

Régionales : les coups bas de Bartolone contre Pécresse en Ile-de-France

Invectives, plaintes, polémiques… En Ile-de-France, le duel Bartolone-Pécresse pour le Conseil régional vire au pugilat.

"C'est une des régions les plus disputées, ça crée un peu plus de tension qu'ailleurs."



La presse, qui se fie aux sondages bien qu'ils n'engagent que ceux qui y croient, décrit le duel gauche-droite comme un coude à coude et, sur BFMTV, Hervé Gattegno présente le second tour comme difficile pour la gauche, bien  qu'elle gère l'Ile-de-France depuis 17 ans. Peut-être suggère-t-il donc que c'est à cause de son bilan, malgré la mobilisation de l'Etat-PS, y compris l'exécutif, puisque, délaissant les affaires de l'Etat, le chef du gouvernement est partout sur le terrain ? A l'exception du Nord-Pas-de-Calais-Picardie où la maire de Lille, Martine Aubry, l'a d'ailleurs déclaré persona non grata... 

Dès
 octobre, alors qu'il continuait à occuper la présidence de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone s'attendait à un climat sulfureux et se tenait prêt à pourrir la campagne. Et il a tenu ses promesses, provoquant  de vives réactions des Républicains, notamment de Valérie Pécresse, leur candidate -et ancienne ministre du Budget- qui se prépare depuis de longues années avec détermination et une parfaite connaissance des dossiers.

Iest de bonne guerre électorale entre personnes dignes du mandat qu'elles convoitent de tenter de déstabiliser l'adversaire. Mais les provocations doivent être assumées et les mensonges exclus. Or, lorsque ses rivaux dénoncèrent le communautarisme de Claude Bartolone après qu'il ait cité l'intellectuel Tariq Ramadan, un musulman radical, dimanche 25 octobre, l'équipe de Bartolone avait indiqué qu'elle porterait plainte pour diffamation. Dimanche 25 octobre, Claude Bartolone accorda en effet un entretien à Radio J et la tête de liste de la gauche se prévalut d'une phrase de Tariq Ramadan, en clamant que ces propos lui servent de "boussole" dans son engagement politique. La provocation ne manqua pas de faire fuser les condamnations : "Pour nous, la pensée de Tariq Ramadan n'est pas une boussole mais un repoussoir !" déclinèrent sur tous les tons les républicains et les laïcs, dont Valérie Pécresse qui rédigea son propre tweet.

Plaintes en diffamation, polémiques artificielles… 

Des tracts de Pécresse montés en épingle
Fin septembre, la mairie de Lizy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne), dirigée par les Républicains, sollicite, par mail, une vingtaine de mairies du canton pour venir chercher "des tracts pour les élections régionales". Des documents qui sont, en fait, des tracts de Valérie Pécresse : près de 4.000, constate un huissier, après que des mairies socialistes ont sonné l'alerte. Bien que rien n'oblige à venir prendre livraison, "c'est totalement interdit par le Code électoral", estime le directeur de campagne de Claude Bartolone, le jeune marié, Luc Carvounas, le 1er octobre, dénonçant même "un vrai dispositif à l'échelle départementale". Le PS dépose plainte pour "aide prohibée d'une collectivité à un candidat".

Dans le camp de Valérie Pécresse, on dénonce "une nouvelle boule puante dans la campagne détestable" de Claude Bartolone. Le porte-parole de l'ancienne ministre, Geoffroy Didier, invoque "une initiative malheureuse" d'un militant. Le lendemain, l'équipe de campagne de Valérie Pécresse annonce le dépôt d'une plainte contre X pour éclaircir ce qu'elle décrit comme un "détournement" de ses documents. Mais aussi pour diffamation contre Claude Bartolone et Luc Carvounas.


Une enquête contre Bartolone après une saisie par ses opposants

Le 6 octobre, le parquet de Bobigny annonce avoir ouvert une enquête préliminaire sur un recrutement du cabinet de Claude Bartolone, en 2012, alors que celui-ci présidait le conseil général de Seine-Saint-Denis. L'objectif ? Déterminer si l'emploi de Didier Ségal-Saurel, ancien élu socialiste devenu chargé de projet, était fictif ou non. En pleine campagne, l'affaire tombe mal.
Claude Bartolone élude le problème de fond en polémiquant. "Il n’a échappé à personne qu’une campagne électorale est engagée. La ficelle est un peu grosse," un élément de langage réapparu dans l'affaire de la "race blanche" que Bartolone utilise pour stigmatiser Valérie Pécresse et discriminer les Français de la couleur de faciès qui déplaît à gauche. En effet, c'est le président du groupe Les Républicains en Seine-Saint-Denis qui a saisi le parquet, après la publication d'un rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC) sur la gestion départementale de Claude Bartolone. Le PS l'aurait-il fait ?? La CRC, obligée d'avertir le parquet quand elle constate un délit, avait failli à son obligation de saisir du cas de Didier Ségal-Saurel. Preuve, pour le candidat socialiste, qu'il est visé par "une campagne de calomnies" ou que la CRC a craint les représailles du parrain du 9-3... "Je fais confiance à la justice", commente, quant à elle, Valérie Pécresse.

Bartolone distille le soupçon: il a le sentiment d'être espionné par ses rivaux
Le lendemain, mercredi 7 octobre, Claude Bartolone tient sa conférence de rentrée devant les journalistes parlementaires à l'Assemblée nationale et s'emporte. D'abord contre son surnom de "Parrain du 9-3", ressurgi dans les media à la faveur de l'enquête pour emploi fictif, et dont il dénonce la "connotation raciste" en lien avec ses racines italiennes. Or,  l'un des media est... Libération, qui n'est pas connu pour ses sympathies de droite: lire PaSiDupes (Régionales : Bartolone accusé d'être un "mafieux" par un maire de son département)

Mais il accuse surtout ses opposants, sans les nommer, d'employer "des méthodes qui relèvent de la Stasi" pour espionner ses déplacements. "Hier, je faisais une émission à BFM et j'ai découvert que l'on m'envoyait un jeune gamin de 18 ans prendre en photo, à 6h30 du matin, la voiture avec laquelle j'arrivais", raconte le paranoïaque. "Claude Bartolone pète les plombs. (...) C'est surréaliste et diffamant pour Valérie Pécresse", riposte un de ses porte-parole.

Le CSA saisi du cas Bartolone par la droite
Une semaine plus tard, le 15 octobre, la quasi-totalité des députés des Républicains, dont François Fillon et le président du groupe à l'Assemblée, Christian Jacob, adressent un courrier au président du CSA, pour se plaindre de la diffusion de la conférence de presse de Claude Bartolone par LCP, chaîne de télévision de l'Assemblée nationale que préside Claudio Bartolone, et que dirige depuis 2015 Marie-Eve Malouines, journaliste et ex-directrice du service politique de France Info, qui refusa une décoration de Nicolas Sarkozy. "Un mélange des genres", estiment-ils, le président de l'Assemblée ne s'étant pas privé de commenter la campagne. Pour les démocrates, "la diffusion de cet événement porte un coup à la nécessaire équité dans le débat politique".

Dans le camp d'en face, on prétend, graphiques fabriqués à l'appui, que le président de l'Assemblée nationale n'aurait utilisé qu'une toute petite partie du temps qui lui était imparti à la campagne des régionales, l'essentiel de son intervention concernant la politique nationale. Pas comme la conférence de presse donnée en juin par Valérie Pécresse devant la même association de journalistes à l'Assemblée, insinue-t-il…

La manoeuvre resta impunie : le 21 octobre, le CSA présidé par le socialiste Olivier Schrameck, nommé par le président Hollande, répondit à Christian Jacob que la régulation de la chaîne LCP n'est pas de son ressort, mais de celui du Bureau de l'Assemblée nationale. Les tracts à usage local, pas bien, mais la promotion de la liste Bartolone sur une chaîne nationale, rien à dire !

Votez, mais votez bien !

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