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samedi 17 octobre 2015

Régionales - Un cumulard socialiste de plus; après Bartolone, Le Drian

Les trois raisons de l'imposture de J.-Y. Le Drian, ministre-candidat à la présidence de la région Bretagne

Les va-t-en guerre socialistes ont fait de Le Drian un incontournable

Si Le Drian est un si bon ministre, Hollande a choisi de  laisser le champ libre aux islamistes 

Le "capitaine de pédalo" a jeté aux orties le pacifisme, l'une de ces 'valeurs' que le PS s'est appropriée, pour faire la guerre aux islamistes et se fabriquer ainsi l'image d'un chef d'Etat, d'abord, et  d'un chef d'Etat... "audacieux", ensuite. Savoir donc si l'islam radical à combattre du Mali à la Syrie ne serait pas une mauvaise raison pour promouvoir ce ministre dont Hollande a besoin pour tenter de conserver la Bretagne au PS. 

Le ministre de la Défense a choisi de se lancer dans la campagne des élections régionales comme tête de liste en région Bretagne. En cas de victoire, il pourrait devoir quitter le gouvernement. Une hypothèse incongrue si le ministre est aussi indispensable à Hollande qu'on le dit avec insistance, dans la perspective du scrutin, et quand on pense que Manuel Valls a voulu créer un nouveau poste de président-délégué à la tête des 13 exécutifs régionaux, en dépit du fait que cette nouvelle fonction ne plaît pas à tous les socialistes, notamment en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon. Ce président-délégué aura en effet prépondérance sur les vice-présidents.
Pour les détracteurs de l'actuel président PS du Languedoc-Roussillon, ce nouveau poste ne servirait qu’à recaser  Damien Alary, un dommage collatéral de l’accord entre le PS et le PRG. En cas de victoire, le poste de présidente reviendrait à la socialiste Carole Delga, actuelle secrétaire d'État insignifiante, chargée du Commerce, de l'Artisanat, et celui de première vice-présidente à la radicale Sylvia Pinel, actuelle ministre intérimaire du Logement et de l'Égalité des territoires. Damien Alary récupérerait donc le poste de président délégué.

Le suspense de la candidature Le Drian n'a duré que le temps de la décence. Après avoir fait le mort en région pendant des semaines, le ministre de la Défense a fait 17 déplacements depuis Paris en 10 jours. Jean-Yves Le Drian, a officialisé son entrée effective en campagne des régionales comme tête de liste en région Bretagne. Son entourage l'a confirmé mercredi 14 octobre, sans attendre que l'intéressé réserve au Conseil régional de Bretagne la primeur officielle de l'annonce de sa décision lors de la session  de vendredi

Trois raisons ont poussé ce fidèle de Hollande à replonger dans l'arène, au risque de devoir abandonner ses responsabilités ministérielles 

Les socialistes bretons ne savaient plus à quel saint se vouer

La région avait voté pour la gauche à 56,35 % en 2012, contre 43,65 % pour la droite au second tour. 
Mais la victoire n'est pas acquise d'avance et si elle votait ecore à gauche lors du scrutin des 6 et 13 décembre, la Bretagne n'aurait pas retenu la leçon. Elle est  en effet devenue un Far West, ébranlée par de nombreuses fermetures d'entreprises, sinistrée dans le secteur agroalimentaire, secouée par la colère des exploitants agricoles et agitée par les affrontements sur le site de l'aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes ou par les attaques de Sioux en 'Bonnets rouges'. Alors, pour garder une chance de conserver la région, les socialistes locaux ont multiplié les appels du pied à celui que le service de communication de l'Elysée s'est employé à présenter comme la véritable figure tutélaire du parti en Bretagne. A 70 ans, Bernard Poignant, un ami de trente ans de Hollande, aurait pu faire l'affaire, s'il n'avait pas été éjecté de son siège de maire de Quimper à l'élection municipale de 2014, dans le déshonneur, avec 43,35 % contre 56,65 % à la liste de droite. Et Stéphane Le Foll, ex-directeur du cabinet de Hollande à la tête du Parti Socialiste pendant onze ans, qui a démontré qu'il avait atteint son seuil d'incompétence avant d'être fait calamiteux ministre de l'Agriculture, en a pris ombrage de l'engouement pour Le Drian et ne devrait pourtant pas survivre au vaste remaniement ministériel annoncé. Quant à l'ex-députée du Finistère, Marylise Le Branchu, elle fait la potiche au ministre de la Décentralisation et la changer de pot ne paraît pas une solution envisageable.

"Nous sommes dans l’attente. Même si ce n’est pas le messie, la seule option est celle de Jean-Yves Le Drian pour mener la liste", confiait début octobre aux Echos le directeur de campagne des socialistes et des radicaux en Bretagne, Loïg Chesnais-Girard. Il suffit de jeter un œil à sa carrière politique pour comprendre la raison de cette attente : maire de Lorient pendant dix-sept ans (de 1981 à 1988), député du Morbihan durant vingt-quatre années, président du Conseil régional pendant huit ans... "Il y a une telle demande [désespérée] que je ne vois pas comment Jean-Yves peut ne pas y aller, commentait sa collègue bretonne du gouvernement, Marylise Lebranchu, le 6 octobre sur Public Sénat. Quitte à réfléchir [ensuite] à comment on gère la situation" quant à un maintien ou non au gouvernement. 
L'opération consiste à tromper l'électorat en attirant les voix des Bretons sur son nom, tout en le gardant au gouvernement, quitte à lui faire faire des apparitions régionales au poste de président-délégué.

Le Drian assure l'après-2017
 et ses vieux jours politiques

En se replongeant - avec les moyens de l'Etat - dans une bataille électorale régionale, Jean-Yves Le Drian prépare l'avenir.
Il anticipe donc une éventuelle défaite de la gauche à la présidentielle de 2017, qui le laissera sans mandat: il ne siège plus à l'Assemblée depuis 2007. Or, le ministre de la Défense est un pantouflard naturel. En novembre 2013, dès les premiers échecs du gouvernement Ayrault, Jean-Yves Le Drian confiait au Nouvel Observateur "faire son service" au ministère de la Défense. "Un service de trois ans, 2012-2015", précisait-il déjà, avant d'évoquer son avenir, en Bretagne évidemment : "J'aurai alors 68 ans, disait-il, retour à la maison. Retour parmi les miens."

Pendant son séjour à l'hôtel de Brienne, Jean-Yves Le Drian a entériné les engagements de Hollande sur de nombreux fronts, avec un oeil inquiet sur  les multiples difficultés de la Bretagne plongée dans la crise. Présent à toutes les réunions lors de la révolte des Bonnets rouges, Jean-Yves Le Drian n'aura pourtant pas convaincu ses concitoyens, mais il aura en revanche travaillé à sauvegarder l'intégrité de son fief, puisque François Hollande n'a pas modifié les frontières de la Bretagne lors de la réforme territoriale. Intacte, la région reste ainsi taillée sur mesure pour lui. Les Bretons le récompenseront-ils dans les urnes d'avoir oeuvré à protéger sa carrière ?

Hollande n'a pas encore pas mieux 
à se mettre sous la dent qu'un septuagénaire

Si l'exécutif navigue à vue sur les conséquences de la candidature Le Drian,
la décision est la responsabilité de François Hollande, en concertation avec lui.
Jean-Yves Le Drian n'a pas hésité comme on le dit. Mais est-il plus utile au gouvernement - à temps partiel - qu'en Bretagne par intermittence ? Pour le moment, François Hollande l'a autorisé à mener de front sa campagne régionale et son poste de ministre. Sauver des élections régionales qui s'annoncent difficiles pour la gauche justifie-t-il d'abandonner encore davantage le ministère et Les militaires sur les terrains d'opérations à des hauts fonctionnaires ?

La presse est très critique du cumul d'un ministre et candidat 

Qu'adviendra-t-il en cas de victoire en décembre ?
Claude Bartolone a créé un précédent qu'on a peine à qualifier de 'républicain'... Il mène en effet la campagne des régionales comme tête de liste en Ile-de-France sans avoir démissionné de sa fonction de président de l'Assemblée nationale. 
Les règles édictées par François Hollande en début de mandat étaient claires jusqu'ici : on ne peut être à la fois ministre et président de conseil régional. Si Jean-Yves Le Drian décidait d'occuper le poste immédiatement après les élections régionales, il devrait en toute logique démissionner du gouvernement. C'est pourquoi il pourrait alors décider d'attendre 2017 au poste de président-délégué, pour prendre alors la présidence de la Bretagne. "L'hypothèse de son départ est tout à fait réaliste, mais aussi celle de son maintien", raconte une source proche du ministre...

La presse de samedi critique la décision de Jean-Yves Le Drian. 
Dès vendredi, dans Le Monde, David Revault d'Allonnes affectait de penser que c'est un choix "des plus délicats pour M. Le Drian, écartelé entre les deux piliers de sa carrière politique", tandis que Raymond Couraud de L'Alsace écrivait que " le baroudeur du Mali ou du ciel irakien, est envoyé sauver la Bretagne, sa terre natale".  Jeanne d'Arc aussi a été sacrifiée sur le bûcher, mais c'était à Rouen, à côté, mais en Normandie. 

"Petite décision, mais grande conséquence", selon Yann Marec du Midi libre, qui ne cache pas son incompréhension
: "Alors que le Moyen-Orient est à feu et à sang, que la France est engagée militairement sur le terrain, Jean-Yves Le Drian zappe et change de disque dur. La cible n'est plus Raqqa, mais Rennes. Oups !" Il reste que l'entrée en campagne avec un "adoubement élyséen a tout d'un cadeau empoisonné" pour Raymond Couraud (L'Alsace).
Un "mépris des usages politiques"
"S'il s'asseyait le 13 décembre au soir dans le fauteuil présidentiel à Rennes, on voit mal comment l'exécutif pourrait, dans le climat actuel, justifier le maintien du ministre à son poste. Fût-il le meilleur d'entre eux..." ironise Christophe Lucet dans Sud-Ouest.
Dans La Charente libre, Dominique Garraud relève que "la seule logique de cette double casquette inédite serait de permettre à Jean-Yves Le Drian de rester ministre de la Défense en cas de défaite historique dans son bastion breton". L'éditorialiste y voit un "mépris des usages politiques qui veulent qu'un ministre battu dans les urnes démissionne".
Aux Bretons de trancher, non pas à Paris.

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