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samedi 29 août 2015

Les Jeunes socialistes entrent "en résistance" contre Valls à La Rochelle

Le malaise d'EELV gagne le PS ? 

Outre que le mouvement des MJS garde rancune à Valls depuis l'éviction d'Arnaud Montebourg, Aurélie Filippetti et Benoît Hamon,
les jeunes socialistes condamne les propos sur les 35 heures de son ministre de l'Economie.


Sur la forme, "il y a un problème démocratique"
C'est la brutalité du remaniement qui a d'abord choqué les Jeunes socialistes, historiquement proches des 'frondeurs' et notamment d'Henri Emmanuelli et donc de son bras droit, Benoît Hamon, l'un des ministres congédiés. "C'est la première fois dans un gouvernement de gauche qu'on muselle le débat comme ça", s'agace Manon Comte, 23 ans, cadre de la fédération du Val d'Oise.
"On ne peut pas soutenir un gouvernement qui refuse le débat", lance Brian Mooroogen, 20 ans, "pour qui la Ve République arrive à bout de souffle". Sa compagne de voyage dans le train qui les conduit à La Rochelle (Charente-Maritime) pour l'université d'été du PS, une militante des Jeunes socialistes (MJS) tente vendredi 29 août de calmer ses camarades. "Vous n'avez pas pris vos brassards 'Front de libération de l'intérieur' ? Même Pierre Laurent - le patron du Parti communiste -, il est moins trash que vous avec le nouveau gouvernement", polémique la jeune femme.

La veille,  l'animateur de la fédération des Hauts-de-Seine du MJS a annoncé que le MJS 92 entre "en résistance" dans un communiqué,
Lénine gardé par Trotski sur la place Sverdlovà Moscou, 
devant le théâtre du Bolchoï, face à des unités 
de l’Armée rouge rassemblées le 5 mai 1920
 face au nouveau gouvernement. 
 
"Stupéfaction", "coup de poignard", "décision anti- démocratique"... Les mots sont durs, mais assumés: ce communiqué illustre le malaise d'une grande partie des militants MJS rassemblés à La Rochelle. Le texte a d'ailleurs disparu du site des Jeunes socialistes Hauts-de-Seine, comme lorsque Trotski disparaît des clichés officiels, par la volonté de Staline... Ce communiqué illustre le malaise d'une grande partie des militants MJS rencontrés à La Rochelle.
Photo truquée de G.P Goldstein: en 1927, Staline 
a dû  effacer le souvenir du rôle politique joué par Trotski
Hostiles à la constitution, les jeunes du MJS voient dans cette crise une nouvelle illustration de ses déboires. "Il y a un problème démocratique, avec trop de place pour l'exécutif et pas assez pour le Parlement", regrette Leila Frat, de la fédération du Nord. 

Sur le fond, "ce n'est pas la couleur annoncée en 2012". 
Les militants MJS reprochent à François Hollande de ne pas mener la politique pour laquelle il a été élu. "Ce n'est pas la couleur annoncée en 2012. Quand Marine Le Pen parle d'UMPS, elle est crédibilisée par la politique économique de François Hollande", déplore Brian Mooroogen. 

Le faible score de Manuel Valls (6%) et le discours du Bourget, où le candidat Hollande avait fait du "monde de la finance" son adversaire, reviennent régulièrement dans la bouche de ces jeunes militants. "Le Bourget, c'est le discours qui a donné le ton, rappelle Manon Comte. Ensuite, il y avait des marqueurs forts, comme la taxe à 75%. On voudrait retrouver ces marqueurs une fois au pouvoir".
Présidente du MJS, Laura Slimani tempère, se disant tout de même convaincue "que l'équilibre sur lequel se base le gouvernement n'est pas celui de la gauche". Elle déplore le "signal contradictoire", lancé en pleine université d'été, avec l'abandon de l'encadrement des loyers en dehors de Paris."On en arrive à reculer sur une de nos victoires", regrette-t-elle.

Emmanuel Macron a passé "la ligne rouge"

La presse dévôte le classe parmi les ministres les moins impopulaires, mais Emmanuel Macron, fait l'unanimité contre lui dans les rangs des jeunes socialistes. Son parcours de banquier d'affaires ne passe pas chez ces militants qui organisent à cette université d'été un atelier "l'adversaire, c'est toujours le monde de la finance". "Macron, c'est un affront, balance Manon Comte. Il a nommé l'un des plus grands financiers de la terre à l'économie".

Son entretien, accordé au magazine Le Point avant sa nomination, où il suggère d'assouplir les 35 heures n'a pas arrangé les choses. "Si Arnaud Montebourg a franchi la ligne jaune à Frangy, Emmanuel Macron a franchi la ligne rouge", grond Thomas Boudier-Pothier, 23 ans, de la fédération du Nord.
Attitudes de militants des Jeunes socialistes lors de 
l'intervention de l'ex-trotskiste et actuel premier secrétaire du PS, 
J.-Ch. Cambadélis, le 29 août 2014 à La Rochelle

L'impression d'être "retombés dans l'opposition"

Conscients du malaise de leurs jeunes radicaux, les caciques du PS tentent de calmer le jeu à La Rochelle. Alors qu'il aurait mieux à faire en se consacrant à temps plein à la détresse des éleveurs, le ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a fait une apparition dans la salle où le MJS organise des ateliers, pour briefer Laura Slimani, mère normande, père d'origine algérienne, soutenue par un ancien président du MJS, Razzye Hammadi, dont elle a été attachée parlementaire pendant quelques mois.
"Je comprends qu'il y ait des questionnements, a publiquement expliqué Le Foll. "On est en responsabilité devant les Français, on a une obligation de réussir, a-t-il admis, certifiant toutefois que "la ligne n'a pas changé depuis 2012". Emmanuel Macron ? "Il faut arrêter les procès d'intention", a-t-il insisté. Sous prétexte qu'il a réussi ses études et bossé dans une banque, il ne pourrait pas être de gauche ?", feint-il de s'interroger, avec la mauvaise foi qui le caractérise. "L'appel à la résistance ? "Il faut rester solidaire", réplique-t-il.

Gag du slogan 2015
Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, s'est lui prêté au jeu des questions-réponses avec la salle. Un drôle de jeu où les questions - sur l'encadrement des loyers - ont été beaucoup plus applaudies que les réponses - "c'est une idée généreuse mais difficile techniquement à mettre en oeuvre". "Il a botté en touche", regrette un militant, dépité.

En off, un membre du MJS croisé quelques heures plus tard à la réunion du courant de Benoît Hamon prend encore moins de gants avec le gouvernement et le parti :"nos militants ont l'impression d'être retombés dans l'opposition".

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