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mardi 21 juillet 2015

Face à la colère des éleveurs, le gouvernement se met au travail

Hollande et Valls ont mis un mois à se mobiliser

Pour que le gouvernement prenne en compte la détresse des éleveurs, 
Face à la colère des éleveurs, le gouvernement prépare un plan d'urgence
Le gouvernement finit par se manifester
il aura fallu qu'ils fassent éclater leur colère et étendent leurs blocages à travers la France. Hollande avait commencé par se défausser sur la grande distribution, pour qu'elle réduise ses marges sur la viande, et sur les consommateurs pour qu'ils paient plus cher la viande d'origine nationale -sans garantie de qualité supérieure et sans considération pour le maintien de leur pouvoir d'achat. 
Pépère a finalement annoncé la présentation mercredi d'un plan d'urgence en Conseil des ministres -après un mois de turbulencesSigne de l'apathie de son ministre Stéphane Le Foll, "c'est le président François Hollande soi-même qui monte en première ligne," selon la presse militante qui ne s'indigne nullement de la responsabilité du pouvoir socialiste dans la dégradation du secteur agricole.

Sur ce dossier -ouvert samedi- que le pouvoir a laissé pourrir pendant trois jours, jusqu'à mardi, 
le Premier ministre s'est finalement mobilisé

Plutôt que d'impliquer ses services, Manuel Valls a moralisé la question en appelant à "la responsabilité de chacun", en particulier aux "industriels" et à la "grande distribution", pour agir sur les prix et donner un coup de pouce aux éleveurs en colère.

Et le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, a finalement décidé de céder en se déplaçant à Caen dans l'après-midi. Il avait initialement refusé de se rendre en Normandie, principal foyer de mobilisation des éleveurs, préférant les recevoir jeudi à Paris, après quatre jours et une réunion sur les filières d'élevage à Matignonrestant droit dans ses bottes immaculées.
La remise d'un rapport, très attendu mercredi à 17h00, sur les prix de la viande bovine a également été avancée de 24 heures. Il sera présenté mardi soir au ministre par un médiateur indépendant.

On ne peut pas plus "indépendant" que ce médiateur. Il a pour nom Francis Amand. 
C'est un administrateur de l’Institut national de la statistique (INSEE) -qui dépend du ministère de l'Economie et des études économiques- avant de rejoindre la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes... au ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie. Francis Amand est actuellement chef du service de la régulation et de la sécurité à la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), au ministère de... l’Économie, des Finances et de l’Emploi. Les propos du pouvoir sont-ils crédibles ?

Sur le terrain, les éleveurs normands ont étendu leurs blocages et leurs tracteurs bloquent l'accès à Caen et Evreux, au Mont Saint-Michel et aux ponts de Normandie et de Tancarville. Les manifestants ont aussi élevé des barrages sur plusieurs routes ou autoroutes de la région. 
Et les actions se sont propagées à d'autres régions. 
En Bretagne, des blocages s'organisaient à Saint-Malo et un autre a été signalé à Brest. 
Dans le Sud-Ouest, une vingtaine de producteurs laitiers bloquaient l'accès à la grotte de Lascaux 2, avec cinq tracteurs et deux bennes.
En Picardie, quelque 130 manifestants paralysaient tous les principaux axes de la commune d'Abbeville depuis mardi matin, selon une porte-parole de la FDSEA. Tandis qu'à Amiens, la circulation était également très perturbée, notamment sur la rocade nord, par environ 300 manifestants. "Ca peut durer de façon illimitée", a prévenu la porte-parole.

Le problème des prix du lait et de la viande, trop bas pour couvrir leurs coûts de production, doit être réglé au niveau "national", a insisté mardi le très désinvolte Stéphane Le Foll, entant d'expliquer ainsi son refus initial d'aller en Normandie, qui a justifié un "tir nourri de critiques de l'opposition" que la presse a peu relayé. C'est ainsi que l'ancien ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire (Les Républicains), a observé un signe de "mépris".
Des mesures seront dévoilées en Conseil des ministres. Bruno Le Maire salue la démarche qui vient toutefois un peu tard, après un mois d'actions syndicales.
"C'est une réaction tardive qui traduit le mépris du gouvernement pour les paysans français" (Bruno Le Maire)
"Ça fait des semaines que l'on sait que l'agriculture française est dans une situation dramatique, déplore-t-il. C'est une réaction tardive qui traduit le mépris du gouvernement pour les paysans français". Le député normand n'a pas craint, quant à lui, d'aller à leur rencontre lundi.

Mais surtout,
il espère que "ce plan d'urgence sera à la hauteur des attentes des paysans et qu'il ne s'agira pas simplement de bonnes paroles mais d'actes et décisions fortes. Les paysans en ont besoin."

Une quinzaine de mesures "d'urgence" attendues un mois


Le gouvernement pourrait opter pour des mesures de désendettement des exploitations (un milliard d'euros de dettes cumulées selon la FNSEA) en prenant à sa charge une partie des intérêts. "Il va falloir sortir le chéquier dans la mesure du possible", juge le président de la FNB (fédération des éleveurs bovins) Jean-Pierre Fleury. Et quand c'est l'Etat qui prend quoi que ce soit en charge, ce ne sont pas -comme chacun sait-  les contribuables qui paient... 

Stéphane Le Foll a estimé récemment que 10% des élevages, ou 22.000 exploitations, étaient au bord du gouffre: ça lui en touche une sans faire bouger l'autre !
Thomas Diemer, le patron des Jeunes Agriculteurs (JA),  attend "des annonces fortes sur l'endettement et une mise au pas des acteurs de la filière qui ont refusé de s'engager sur les hausses de prix". Mais si certaines mesures peuvent être bienvenues, elles ne sont pas la première revendication des éleveurs, rappelle la FNSEA.
"Des mesures d'urgence, c'est pas ça qui va sauver l'élevage", a commenté Samuel Bidert, secrétaire général adjoint de la FDSEA du Calvados. "On veut des mesures sur le long terme pour structurer la filière et l'augmentation immédiate des prix", a-t-il ajouté, tandis que la Confédération paysanne reste très en retrait.

Le rapport du médiateur "indépendant-maison" sera scruté de très près 

Ce rapport vise à stigmatiser celui qui, de la grande distribution ou des industriels des abattoirs, manque à l'accord passé le 17 juin pour augmenter les prix d'achat de la viande bovine. Les professionnels s'étaient engagés à les augmenter de 5 centimes par semaine jusqu'à atteindre 4,50 euros le kilo. On en est loin: les prix n'ont gagné que 7 centimes au total.
Pour Thomas Diemer, "le rapport du médiateur n'est pas une fin en soi, mais il va nous aider à cibler plus finement les opérateurs en cause". 
Les éleveurs en détresse n'ont donc pas l'intention de lâcher prise sans garanties et les opérations devraient se poursuivre la nuit prochaine contre les mauvais joueurs.

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