Une vingtaine de cantons réellement à risques

Dans plusieurs cantons incertains, les candidats de gauche justifient leur maintien par la certitude d'un report de voix d'électeurs ayant voté pour d'autres candidats de gauche éliminés au premier tour. Illustration : à Mont-sous-Vaudrey (Jura), le binôme divers gauche accuse sept points de retard sur celui du FN et cinq sur celui de l'union de la droite. Un retard qu'il espère combler au second tour avec les voix des 12% d'électeurs qui ont voté EELV. Un automatisme des plus douteux considérant les rancunes écologistes contre l'Etat-PS.

A la vérité, le maintien d'une candidature de gauche arrivée troisième présente un risque de victoire du Front national dans une vingtaine de cantons. Au Cateau-Cambrésis (Nord), le PS, avec 14 points de retard sur le FN, n'a aucune chance de s'imposer au second tour. Pourtant, Laurent Coulon et Valérie Lheureux avaient, dans un premier temps, décidé de se maintenir. "On refuse de baisser les armes avant de mener le combat", expliquaient-ils. Le Parti socialiste, constatant cet éclatant non-respect de la consigne nationale, leur avait retiré son investiture. Les candidats ont finalement annoncé leur retrait. Mais cette contrainte venue de Paris sera-t-elle subie par les électeurs des récalcitrants? Rien n'est évidemment moins sûr. Le Parti socialiste ne sera plus présent que dans 14 des 41 cantons que compte le Nord. Dans le canton de Sin-le-Noble (Nord), proche de Valenciennes, le FN a fait 38,11% des voix et Darmanin est encerclé. Il fait de la résistance, alors que le PS, qui semble résigné à perdre un département qu’il dirigeait depuis 17 ans, a déjà fait une croix sur la forteresse occupée par Martine Aubry.

Mais les foudres du parti sont injustes. A Bologne (Haute-Marne), la paire socialiste est arrivée 4 points derrière les deux binômes au coude-à-coude du FN (A. Chatelain-F. Fabre) et UMP (Brigitte Fischer-Patriat- Nicolas Lacroix), dans un canton où il n'y a aucune réserve de voix. Malgré tout, le PS départemental a décidé que le binôme pouvait se maintenir. "Denis Maillot est conseiller général sortant et il a fait un excellent travail. Il est donc implanté sur ce territoire. Et il n'y a jamais que 200 voix de retard", a décrété le patron des socialistes de Haute-Marne, Georges Voirnesson. Ainsi, les quatre semaines de vitupérations de Valls à travers la France se soldent-elles par un "ni-ni" socialiste vilipendé comme "faute morale" chez l'adversaire...  

Seulement douze désistements à droite

A Grand-Couronné (Meurthe-et-Moselle), le duo d'union de la gauche (UD) se maintient également, malgré leur troisième place. Ici, la droite (Jean-Pierre Dessein-Catherine Krier) est arrivée en tête, d'un cheveu, devant le FN, lequel pourrait récupérer une partie des 6% de voix du binôme Debout la France au premier tour. Là encore, la décision de la fédération PS de Meurthe-et-Moselle est en totale rupture avec le discours officiel clamé sur tous les media. "Nous nous sommes retirés là où nous sommes arrivés troisièmes et où le FN était en tête", explique le fédéral, qui se justifie par les cas des deux cantons de Lunéville. "Mais à Grand-Couronné, le FN n'est arrivé que deuxième. Tout est possible. Y compris notre victoire."  Même pas peur de Valls: même pas au PS...

Dans le canton de Longuenesse (Pas-de-Calais), le FN est également arrivé deuxième, juste derrière la droite. La gauche, troisième, se maintient en espérant bénéficier d'un report de voix de la part des électeurs du Front de gauche. "Partout où le FN est arrivé en tête, nous avons retiré nos candidats. C'est ce que nous avons fait dans trois cantons : Avesnes-le-Comte, Saint-Pol-sur-Ternoise et Bapaume", plaide Yann Capet, patron du PS du Pas-de-Calais. "Tous les cantons", ça se résume à trois, sans les autres où le PS se maitient!... "Quant au canton de Longuenesse, la polémique alimentée par la droite (!) est particulièrement mal venue. Ils sont en train de faire le lit du FN et se couchent dedans. Pourquoi ne parlez-vous pas de Desvres, ou d'Arras-3, où la droite a décidé de se maintenir ?" polémique-t-il, passablement de mauvaise fois, puisque le Front de gauche n'a pas grand chose à offrir:  4,50 % qui ne suffiraient pas à lui offrir la victoire, même si se reportaient sur le PS toutes les voix des mécontents de l'austérité et des malversations d'élus PS.