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dimanche 13 octobre 2013

L'agroalimentaire breton ne veut pas mourir en silence.

L'agroalimentaire breton mobilise contre "l'hécatombe"

L'aéroport de Brest (Finistère) devrait être bloqué l
undi 14 octobre.
Garot appelle les Bretons
à innover et exporter

Des syndicats FO des sociétés Gad et Doux, et de la CGT des sociétés Tilly Sabco et Marine Harvest paralyseront la région, à partir de 8 h 30.
Selon ces syndicats, qui veulent mobiliser pour "défendre l'agroalimentaire breton", ce sont "8 000 emplois directs et indirects qui sont menacés dans les jours et semaines à venir". Devant cette "situation extrêmement urgente", ils appellent la population à se joindre à eux.

Le Finistère, épicentre du séisme breton


Près d'un millier d'emplois vont être supprimés dans les abattoirs de porcs GAD. Le verdict, attendu, a été prononcé par le tribunal de Commerce de Rennes, vendredi 11 octobre. En approuvant le plan de continuation de Gad, placé en redressement judiciaire, le tribunal a prononcé la fermeture de l'abattoir de Lampaul-Guimiliau, dans le Finistère, mais aussi du siège de Gad, également dans ce département, et d'un autre site à Saint-Nazaire. Seul l'abattoir situé à Josselin, dans le Morbihan, poursuivra son activité. 

Les salariés de Lampaul  en lutte ont été rejoints par les employés de l'usine de charcuterie voisine Jean-Caby, cédé le 13 mars 2012 par le groupe espagnol Campofrio Food Group, leader européen de la charcuterie, à Foxlease Food, représenté par l’entrepreneur Eric Steiner. Les produits concernés sont les jambons cuits, les jambons secs, les saucisses sèches, les saucisses de Francfort, les pâtés et les plats préparés, vendus sous diverses marques, dont Campofrio, Aoste, Justin Bridou, Cochonou ou Oscar Mayer. Jean-Caby avait tenté de se rapprocher de la société familiale Madrange, alors en difficulté, mais le projet avait échoué, la famille Madrangeas ayant préféré l’offre de rachat du groupe financier Turenne Lafayette. Celui-ci, propriété de Monique Piffaut, détient les jambons Paul Prédault et les cassoulets William Saurin.
Les salariés de l'usine Jean-Caby ont appris, eux aussi vendredi, qu'ils allaient subir une restructuration. L'entreprise veut sous-traiter son activité de désossage, ce qui devrait conduire à une suppression de 80 postes sur un total de 500.

La faillite du volailler Doux a ouvert la liste d'une série noire dans l'agroalimentaire breton
L'entreprise a supprimé un millier d'emplois en juin 2012 et en juin 2013, la société norvégienne Marine Harvest a annoncé la fermeture de deux sites, l'un à Poullaouen, près de Carhaix, dans le Finistère, l'autre à Châteaugiron, en Ille-et-Vilaine devraient fermer au printemps 2014. Le leader mondial du saumon devrait ainsi supprimer plus de 400 emplois. 

Connue pour sa marque de conserves d'Aucy, mais aussi pour sa viande de dinde ou de porc, pour les oeufs Matines ou la chaîne de jardinerie Gamm Vert, 
la puissante coopérative CECAB, premier actionnaire de Gad, a aussi prévu la fermeture début 2014 d'une usine de transformation de légumes de sa filiale Boutet-Nicolas, à Rosporden (Finistère). Elle emploie 140 salariés permanents et près de 200 saisonniers. "On peut estimer à 3 500 le nombre d'emplois directs menacés dans l'agroalimentaire breton", affirme Jean-Luc Feillant, chargé de l'agroalimentaire à la CFDT Bretagne.

Une lourde dette a plombé le groupe Doux, après avoir mené une stratégie aventureuse et dispendieuse d'expansion en Europe mais surtout au Brésil. Le piège financier s'est refermé et le volailler a dû déposer le bilan.

D'autres sociétés sont dans une situation financière délicate. 
Tilly-Sabco a dû annoncer une réduction de son volume de production de - 40%. Le Tribunal d l'Union européenne a en effet rejeté le référé de Tilly Sabco, 2e producteur européen de poulet à l'export, qui demandait de réintroduire les restitutions, c'est-à-dire des aides européennes à l'exportation, supprimées cet été. Le manque à gagner annuel pour l'entreprise est d'environ 20 millions d'euros pour un groupe qui vend 90% de ses poulets à l'export. Tilly-Sabco abat 300 000 poulets par jour et emploie 332 salariés à Gerlesquin. Tilly-Sabco, le concurrent de Doux sur le marché de la volaille, emploie près de 400 personnes à Guerlesquin, dans le Finistère.
Cette longue litanie de fermetures ou de restructurations recouvre donc des réalités propres à chaque entreprise. 

Le halal met la filière porcine en crise

Un rapport d’analyses a fait état de 
traces de porc dans ces produits 
La dette du groupe CECAB s'élevait à près de 500 millions d'euros fin 2012. 
Les apprentis-sorciers de la coopérative morbihanaise CECAB ont pris le pari de la course à la taille. Mais sa dette s'élève aujourd'hui à plus de deux milliards d'euros. Elle a en effet acheté au prix fort la société GAD, dont elle détient 65 % du capital, au côté de la coopérative porcine Prestor, 3e acteur du marché du porc breton. Une acquisition qui s'est faite par le biais d'un montage financier en "LBO", c'est-à-dire essentiellement par endettement.
La coopérative, confrontée à une situation financière tendue, a dû vendre ses actifs russes à Bonduelle. Puis huit usines de surgelés au groupe belge Pinguin. Et sa part de capital dans les oeufs Matines à Glon (Sofiprotéol). Ses prises de risques ont conduit la coopérative à se lancer dans la restructuration de ses activités de conserverie et a dû déposer le bilan de Gad...

Le contexte économique général contribue aussi aux difficultés. 


La crise de la filière porcine, avec la chute de production de cochons en France et la concurrence des abattoirs allemands à faible coût de main-d'oeuvre, n'a pas facilité la tâche de Gad. De même, la décision prise par Bruxelles, en juillet, de stopper net les restitutions, ces aides à l'exportation de poulets dont bénéficiaient Doux et Tilly-Sabco, fragilise les deux entreprises.
Doux, qui tente de négocier la sortie du redressement judiciaire, se serait bien passé de cette suppression qui modifie son plan d'affaires. Quant à Tilly-Sabco, il a réduit son activité de moitié et estime ne pas pouvoir tenir au-delà de la fin de l'année dans les conditions actuelles... Les deux sociétés, qui exportent vers l'Arabie saoudite, sont confrontées à une concurrence brésilienne d'autant plus féroce qu'elle bénéficie de la dévaluation du real.

Peut-on parler de crise du "modèle breton" ?
"L'agroalimentaire en Bretagne s'est développé dans les années 1960-1970, passant de l'artisanat à l'industrie. Maintenant, une page se tourne. Face à la mondialisation, des zones comme le Finistère ne sont pas prêtes", affirme le journaliste Christian Troadec, maire Divers gauche de Carhaix. Il fustige la société Marine Harvest, qui "affiche des bénéfices et préfère investir en Pologne où les salaires sont moins chers". "Ils se conduisent comme des requins", ajoute cet activiste, fondateur du MBP (Mouvement-Bretagne-Progrès,  autonomiste et indépendant du PS).
Sa commune a tout fait pour accueillir le chinois Synutra, qui a signé un accord d'approvisionnement en lait breton auprès de la coopérative Sodiaal et s'apprête à construire deux tours de séchage.  Troadec milite pour un modèle plus souple et plus réactif avec de plus grands pouvoirs donnés aux régions. "Le vieux carcan de l'Etat français est dépassé", déclare l'indépendantiste, maoïste nostalgique.

Des manifestations annoncées

Le mécontentement contre l'Etat centralisé se cristallise dans un front commun d'élus, de salariés comme d'agriculteurs ou de transporteurs
pour rejeter l'écotaxe poids lourds en Bretagne
En 1999, le gouvernement de Lionel Jospin avait tenté d'instaurer une écotaxe pour financer le passage aux 35 heures mais le projet avait été invalidé par le Conseil Constitutionnel.

Dans le cadre de l'achat d'une voiture, à partir de 141 g. d'émission de CO2 par kilomètre parcouru, le consommateur doit payer une surtaxe. Il s'agit dans ce cas d'une volonté de sensibiliser les consommateurs à une démarche d'achats durables.
Depuis juin 2013, la taxe poids-lourds concerne tous les pollueurs. Cette "redevance" est portée par Europe Ecologie-les Verts (EELV) depuis de nombreuses années dans les débats sur la mobilité.


Des manifestations sont prévues, le 12 octobre, sur les lieux d'implantation des portails censés permettre de prélever cette taxe.

Nadine Hourmant, déléguée FO de Doux, s'interroge "sur le mutisme des pouvoirs publics alors que l'hécatombe continue".

Auto-censure de la presse
libre mais militante 
Le Premier Sinistre, Jean-Marc Ayrault, sifflé par les salariés de ces entreprises et par les éleveurs lors de sa visite au salon de l'agriculture destiné aux pros de l'agrobusiness, inquiets "notamment" de la fin de subventions européennes, incriminait en septembre Libération, qui soulignait en revanche que le gouvernement avait élaboré "un plan spécifique pour la Bretagne", formalisé ..."d'ici à la fin de l'année" lui aussi .

Le vent de fronde qui souffle sur la Bretagne ne fléchit pas, face aux plans sociaux à répétition et au projet d'écotaxe.

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