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mercredi 5 juin 2013

Dérives sécuritaires de Voynet (Verts) à Montreuil

Voynet couvre, puis casse

Un journaliste a porté plainte pour violences aggravées contre   le directeur de la Tranquillité publique de Montreuil et  ses sbires.
 
Mikaël Lefrançois, le vendredi 31 mai 2013

Derrière ce fait divers, on redécouvre un service à qui la mairie a, petit à petit, confié les missions de police les plus rudes. 
Et des dérives violentes ont à maintes fois été signalées à la maire Dominique Voynet.  Rencontrée dimanche matin, l’ex-ministre promet désormais les sanctions attendues depuis de longs mois.

Or, dimanche 19 mai, à deux heures du matin, Mikaël Lefrançois, journaliste pour l’agence de presse TSVP, et un ami, se voient interdire l'accès au Palais des congrès de Montreuil. Sur le trottoir de la rue de Paris, le journaliste aperçoit des agents de la Tranquillité publique, reconnaissables au “ASVP” (Agents de surveillance de la voie publique) ou “Tranquillité publique” scotché dans leur dos. Censés s’occuper avant tout de dresser des contraventions et de la circulation, ils sont accompagnés de leur directeur de 52 ans, un certain Denis Hochard. Le journaliste affirme qu'il s'est déplacé pour le festival électro, mais tombe par le plus grands des hasards sur ce cadre municipal. Autre coïncidence, l’an passé, il a justement ouvert  pour la chaîne télévisée M6 une enquête sur cet ex-patron d’une entreprise de sécurité privée. Thème de l'investigation: les dérives supposées de son service.
L'agence de presse Tournez S'il Vous Plaît (TSVP) a été fondée en 2002 et produit des 26, 52 et 90 minutes pour l'ensemble des chaînes françaises : des documentaires sur le patrimoine, pour Des Racines et des Ailes sur France 3, des films d'investigation (Prix spécial du Jury au FIGRA pour Les oubliés du 11 septembre en 2009, Grand prix du Scoop d'Angers pour L'Eta : au cœur d'une police très secrète en 2007). Et des reportages et documentaires de société pour Zone Interdite, 66 Minutes (M6), Reportages (TF1), France 5, LCP-Assemblée nationale, Planète.

A la ceinture de certains pseudos "agents municipaux", Mikaël remarque des bombes lacrymogènes. Le journaliste se doute que ces agents non assermentés n’ont pas le droit de porter ce type d’arme défensive. Il sort son iPhone et prend une photo. Denis Hochard le voit faire, s’approche immédiatement et réclame la destruction des clichés. Le journaliste de chaîne privée refuse et se fait projeter à terre, avec confiscation de son téléphone.

Une vidéo de l’affrontement jette le doute sur la défense des agents municipaux
"Tu vas te le mettre dans ton cul ton appareil." Avec les ASVP, des policiers municipaux présents n’interviennent pas et se contentent de faire cercle autour des protagonistes, comme pour la cacher aux curieux: une technique de voyous. Denis Hochard exige ensuite le code du téléphone, finit par l’obtenir et efface les photos. 
Deux jours plus tard, Mikaël Lefrançois se voit prescrire trois jours d’ITT pour une hémorragie à l’œil droit. Il porte plainte pour violences aggravées. Sur le fait divers, une agence de presse ne tarde pas à publier une dépêche qui conduit à la suspension de Denis Hochard de ses fonctions. 
Dominique Voynet, la mairie de Montreuil, se couvre alors en déclenchant une enquête administrative et le Parquet de Bobigny, une enquête judiciaire. Jusqu’à présent, Denis Hochard affirmait qu’il avait été invectivé par le journaliste aux cris de “facho”, “milice” et “mort aux vaches”. Les agents municipaux ont expliqué lors de l’enquête administrative être intervenus lorsqu’ils auraient senti leur patron menacé. Aucune conclusion n’a été encore rendue. 

Deux vidéos tournées ce soir-là, mais par l’ami qui accompagnait Lefrançois,  tranchent nettement en faveur de la version portée par le journaliste. 
Ces films ont été remis aux enquêteurs et leurs sous-titres ajoutés ont été authentifiés par un huissier.
Dans la première partie de la vidéo, les agents reprochent au journaliste de les avoir pris en photo. Ils le plaquent au sol pour récupérer de force son téléphone. Dans la seconde partie, Denis Hochard menace de “casser la gueule” à un Mikaël Lefrançois bredouillant. “Il était dans un état second“, prétendent les agents municipaux qui sous-entendent une éventuelle prise de drogue ou d’alcool, pourtant jamais médicalement constatée. Sur les images, on voit surtout le journaliste une minute avant son plaquage. Hochard lui lance alors : "Non mais ta gueule, je vais de démonter ta gueule". Mikaël Lefrançois demande à récupérer son téléphone. Hochard lui répond : “Tu vas te le mettre dans ton cul, ton appareil“.
Réaction de Dominique Voynet à la vidéo

Dominique Voynet a convoqué dans son bureau de l’hôtel de ville de Montreuil, son directeur de cabinet Sébastien Maire, sa directrice générale des services Géraldine Germain, et Véronique Bourdais, son adjointe à la Tranquillité publique.

En visionnant la video,
Dominique Voynet prend des notes sur les propos de Hochard, rapporte Les InRocks.
Cette vidéo est explicite et ces comportements inacceptables en démocratie, c’est évident, commente en première réaction l’ancienne ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement. Elle appelle des sanctions. La difficulté qu’on a dans cette affaire, c’est que Denis Hochard n’est pas juste une brute épaisse, il y a deux faces chez cet homme. Il a aussi rendu de grand services aux habitants de Montreuil.
- Cette seconde face, vous ne la découvrez qu’aujourd’hui ?
- On a déjà eu des alertes, certes, et on ne les a jamais négligées.”

A la vérité, il apparaîtrait que la maire de Montreuil a été interpellée personnellement sur les dérives de son shérif local par son propre premier adjoint, par des Rom venus manifester devant la mairie avec des banderoles pointant les agissements des ASVP, par des opposants politiques dénonçant ces dérives publiquement et enfin par un “journal mural” recensant les actions des ASVP. Les "murs des cons" sont plus nombreux qu'on ne pense...

Devoir de mémoire

Le 9 février 2012 à l'ouverture, le conseil municipal dirigé par Dominique Voynet est interrompu par une poignée de manifestants. "On s’est levé dès que la maire a pris le micro et on a gueulé : ‘Non aux expulsions !’ et ‘Guéant vert ! Guéant vert !’, pendant environ quinze minutes", nous explique un témoin à l'identité maquillée, l’un des manifestants-chanteurs présents à l’époque. Si ce jour-là les protestataires comparent Voynet au rigide ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy, c’est en référence à l’évacuation musclée du squat dit de "La Tourelle", réalisée une semaine plus tôt par les agents ASVP et Denis Hochard en personne. Une vidéo qui le montre, lui et ses hommes, en train de briser les fenêtres avec ce qui ressemble à des barres de fer, tandis que des policiers nationaux forment un cordon de sécurité en bas de l’immeuble.
Sur cet épisode Dominique Voynet se montre gênée. "J’admets une erreur sur La Tourelle, concède-t-elle. Ils ne devaient pas intervenir, ce n’était pas un bâtiment municipal." Mais avez-vous pris des sanctions ? La directrice générale des services prend alors la parole et précise : "Nous avons convoqué Denis Hochard dans mon bureau et dans celui de madame la maire et nous l’avons rappelé à l’ordre". Vous l’avez donc uniquement sermonné ? "Le rappel à l’ordre, c’est pas tous les jours quand même", tranche Voynet.

"En un an, le budget de la Tranquillité publique a bondi de 82%"
Dans un article publié sur leur blog (Montreuil autrement), des élus PS du "Renouveau socialiste" présents lors du conseil municipal de février 2012 condamnent la méthode des manifestants. Les élus relèvent néanmoins que "la majorité municipale semble exiger de ses agents en charge de la Tranquillité publique, qu’ils effectuent des tâches qui n’appartiennent pas à leur emploi. Nous avions déjà dénoncé cette tendance…"
En 2008, quand Dominique Voynet se présente à l’élection municipale contre le communiste Jean-Pierre Brard, maire de Montreuil depuis 24 ans, elle affronte une campagne mouvementée et violente. Denis Hochard, patron d’entreprise de sécurité privée fut auparavant directeur de la sécurité du centre Beaubourg, est l’homme qui assure alors la sécurité personnelle de l’ancienne ministre des Verts. En 2009, Hochard passe directeur de la Tranquillité publique de la ville. "En un an, de 2009 à 2010, le budget de la Tranquillité publique, qui était, il est vrai, plutôt faible, a bondi de 82 % !", se souvient l’ancien adjoint au maire Bruno Saunier.

L'opposition socialiste - aujourd'hui encore soutenue par les InRocks déjà en campagne des municipales -  rappelle qu'il avait demandé en 2010 au comité technique paritaire de Montreuil de se prononcer sur la création "d’un groupe mobile" composé d’ASVP dits "volontaires". Le débat portait sur le point de savoir si les agents interviendraient non plus seulement pour verbaliser ou constater des infractions de stationnement, mais si ce groupe mobile pourrait se transformer en "milice" et exercer des missions de sécurisation du patrimoine, et ce jusqu’à 22h15. Mais la majorité des personnes présentes s’inquiétèrent d’un risque de "confusion des genres" avec des missions de police. Quinze voix se prononcèrent contre cette proposition, cinq pour. "De toute façon, ce comité dominé par l’opposition disait non à tout, se souvient Dominique Voynet. Donc je ne le suivais pas à chaque fois, sinon on ne faisait plus rien."


"C’est à ce moment là que ça a commencé, assure aux InRocks Bruno Saunier, l’ancien premier adjoint chargé de l'urbanisme de Voynet qui faisait partie du premier cercle de la maire mais a fini par démissionner. Hochard a recruté des gens qui faisaient partie d’un groupe distinct des autres ASVP qui faisaient classiquement leur travail. D’autres mecs que personne ne connaissait sont arrivés. Mais ils avaient manifestement travaillés dans la sécurité, genre des molosses, des gens pas perdus sur le terrain."
Après son départ de l’équipe municipale, Bruno Saunier a tenu un blog se focalisant sur les dérives de Hochard et de ses 'géants bleus'. Dominique Voynet lui écrit alors personnellement et défend son directeur de la Tranquillité publique. Lettre de Dominique Voynet à Bruno Saunier, son ex-premier adjoint

Une "milice", mais comme il en existe ailleurs à la sortie des écoles
Aussitôt dans les tours dès que l’on aborde le sujet des agents ASVP, Frédéric Foncel, secrétaire général national du SNPM-FO n’est pas étonné. "C’est une problématique qui n’est pas d’aujourd’hui à Montreuil, nous explicite le syndicaliste. On a déjà dénoncé les faits, mais Voynet préfère les ASVP aux policiers municipaux. C’est de la police à bas prix, une sous police. Ils ne sont évidemment pas autorisés à participer à toutes ces missions." Voynet, esclavagiste moderne, somme toute ! 


Se définissant comme “militants luttant contre les expulsions de logement”, des opposants socialistes ont accumulé des vidéos sur les ASVP. Dominique Voynet, elle, les qualifie "anarchistes autonomes", une expression fourre-tout très en vogue au cours de l’affaire de Tarnac, autant dire "terroristes". Dans ces films, on aperçoit des agents municipaux parfois en uniforme, parfois simplement vêtus de noir. Ils débarquent avec un maître chien, certains gardent leur casque de moto sur la tête lors des interventions et le sang froid n’est visiblement pas leur qualité première, raconte les InRocks, magazine socialiste, propriété du magnat de la presse socialiste Matthieu Pigasse, également actionnaire du journal Le Monde et du Huffington Post, tenu par Anne Sinclair. Petit récapitulatif non exhaustif de ce qui était déjà publié disponible sur le web.

Un travail d'investigation totalement à charge des InRocks

Le magazine cite trois militants pour qui Hochard faisait "le sale boulot".
Le premier témoin, anonyme, répète que les embauches supplémentaires ont été des molosses dotés d’uniformes similaires à la police et de lampes maglite s’apparentant à des matraques. "Dès lors, on a compris que les ASVP n’allaient pas se cantonner à distribuer des contraventions." Véronique Bourdais, l’adjointe à la Tranquillité publique, se souvient d’un ASVP qui lui avait "naïvement" montré sa matraque télescopique. "Il a immédiatement été muté au cimetière", se félicite-t-elle, sans savoir que ses propos seraient retenus contre sa riante commune de Seine-Sait-Denis.

La dernière violence en date attribuée aux ASVP de Voynet est justement rapportée par Franck Boissier, co-secrétaire départemental du Parti de Gauche. La scène se déroule le 3 mai dernier, à Montreuil, alors qu’il faisait entrer des Rom dans une salle municipale pour la nuit, en présence  d'ASVP. Franck Boissier assure avoir été poussé dans le dos... Il aurait chuté dans les deux marches extérieures avant d’être gazé à bout portant. Manuel Valls ne l'avait pas encore entraîné... Le magazine assure que deux témoins confirment cette scène, mais qui peut vérifier. Franck Boissier fournit un certificat médical lui donnant deux jours d’ITT, mais Dominique Voynet fait remarquer qu’il n’a pas porté plainte. Franck Boissier se justifie ce choix par le fait que Denis Hochard est venu le relever: “Lui était sympa, il m’a conseillé de mettre de l’eau sur les yeux. On est en pleine campagne électorale (municipales de 2014); je ne voulais pas être vu comme une victime des agents municipaux." On est toujours en campagne 2014, mais le PS met la pression, avec le soutien de l'extrême gauche, quoi qu'en dise Mélenchon. Et si le PC parvenait à reprendre la mairie...

Dans un café situé dans le 15e arrondissement, loin de Montreuil, Les InRocks rencontrent "une personne" ayant travaillé avec Denis Hochard à la direction de la Tranquillité publique: autant dire une personne qui a vu la personne qui a vu l'ours... "Elle accepte de parler sous couvert d’anonymat: "ça, c'est du journalisme ! 
L'inconnu nous ramène au fait divers. "Ce qui s’est passé avec le journaliste, fallait bien que ça arrive un jour", nous assure-t-elle. Avec lui, tu avais l’impression que c’était le Vietnam à Montreuil. Quand il partait avec ses gars, il les chauffait à blanc avant et disait des phrases du genre : ‘on va leur péter la gueule’. Le témoin s'exprime, notons-le, comme s'il avait toujours été étranger au groupe qu'il est supposé décrire de l'intérieur... 
Le témoin s'intéresse moins au journaliste qu'à Voynet. "On se demandait pourquoi Voynet le défendait à ce point-là. Ça nous paraissait fou qu’elle se mette autant en danger avec un mec comme ça. Il n’a aucune culture des communautés territoriales, il a une culture du terrain." 

La politique de Voynet est-elle sécuritaire ?
C’est actuellement l'angle d'attaque de ses oppositions coalisées. La plus grosse responsabilité de la maire : avoir confié à ses ASVP des missions déconnectées de leur formation initiale. 
"On assume totalement, coupe court Dominique Voynet. Quand un groupe de gens arrivent avec un baluchon pour dire c’est à nous, on leur répond 'non, ce n’est pas à vous'." 

Le Front national aura du mal à glisser le coin sécuritaire dans les querelles de la gauche.


(réflexions inspirées par la mission partisane accomplie par Geoffrey Le Guilcher, pour Les InRockuptibles, vidéos Basile Lemaire) 

N.B. L'écléctisme de Geoffrey nous laisse sans voix. 
Il faut être un authentique pro des témoignages anonymes pour passer des querelles de clocher du 9.3 et se consacrer dans la foulée à l’exfiltration de Bachir Saleh, l’ancien directeur de cabinet de Kadhafi, trésorier du régime libyen, "rapatrié" à Paris après la chute du Raïs, recherché par Interpol, et qui, comme le résume le magazine rock, détiendrait (conditionnel!) " une note secrète, dont l’authenticité est débattue [sic], mentionnant le feu vert de Kadhafi pour financer la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007 à hauteur de 50 millions d’euros ."
 Ah, le doux parfum de ce doute qui entretient la rumeur déontologiquement correcte et vendeuse.


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