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lundi 21 janvier 2013

L'intervention de Hollande au Mali divise la gauche française

Hollande ne parvient pas à maintenir l'unité nationale

Noël Mamère qualifie de "propagande" les raisons de l'intervention au Mali

Le député écologiste Noël Mamère a qualifié mardi 15 janvier de "propagande" les raisons invoquées par le gouvernement pour s'engager militairement au Mali, assumant une "voix discordante" alors que la plupart des partis politiques ont apporté leur soutien à l'intervention.
"J'entends la propagande, j'entends ce qui est dit par les militaires, a déclaré Mamère dans les couloirs de l'Assemblée. Les militaires ne font que répéter ce qu'on leur dit au plus haut niveau."

"Quand on dit qu'on a répondu à l'urgence, on a d'abord répondu à l'appel du président malien qui n'est que la marionnette des militaires, lesquels militaires s'apprêtaient à le déposer dans la semaine, a-t-il poursuivi. Alors qui a-t-on sauvé ? Le président du Mali ou le peuple malien ?"


L'armée malienne, "une armée de traîne-savate"

"L'urgence, elle ne date pas d'aujourd'hui,
a estimé le député de Gironde et maire EELV de Bègles, aveuglé par la haine. L'urgence, elle a commencé le jour où Nicolas Sarkozy a décidé d'une intervention en Libye sans mesurer les dégâts collatéraux qu'on connaît depuis plus d'un an" au nord du Mali."

"J'assume d'être une voix discordante parce que je défends les idées que promeuvent les écologistes depuis longtemps. Nous avons toujours combattu la 'Françafrique'. Les gouvernements de droite ou de gauche qui se sont succédés n'ont fait qu'aider des dictateurs, des spoliateurs et des corrompus. Nous en payons le prix fort aujourd'hui avec cette intervention militaire", a-t-il estimé.

Nono Mamère s'est par ailleurs attaqué à l'armée malienne
"C'est une armée de traîne-savate, c'est une armée de familles qui n'ont pas envie de voir leurs cousins se faire descendre dans le nord du Mali."

Discordance de l'extrême-gauche de Mélenchon

Mélenchon, dans le geste du
"trou du cul"
Comme Eva Joly et Dominique de Villepin, Jean-Luc Mélenchon apporte une voix qui tranche avec le consensus national, hâtivement proclamé en Une de tous les media. Selon le leader du Front de Gauche, l’intervention de l’armée française au Mali est tout simplement " discutable ".

Mélenchon affiche ses réticences et détaille ses quatre objections dans  un communiqué et une chronique explicative.

1 - L’intervention s’est faite sans mandat de l’ONU
" Les paragraphes 10 et 11 de la résolution 2085 de l’ONU, demandaient d’ailleurs expressément aux parties engagées dans la planification militaire des opérations (Cédéao, Union africaine, pays voisins du Mali, autres pays de la région, partenaires bilatéraux et organisations internationales) de retourner devant le Conseil de sécurité “avant le lancement des offensives”. "
Le mandat de l’ONU était de fait attribué à la seule Mission internationale de soutien au Mali (Misma), placée sous conduite africaine. Et non directement à l’ancienne puissance coloniale.

2- L’appel à l’aide directe du pouvoir malien actuel n’a aucune légitimité
Selon Jean-Luc Mélenchon, le chef de l’Etat français ne peut se prévaloir de la demande d’aide d’un " gouvernement ami " (article 51 de la Charte des Nations Unies) pour la bonne raison que le pouvoir malien est exercé depuis le coup d’Etat de mars 2012 par le capitaine putschiste Sanogo, sans qu’aucune date pour une élection promise ne soit toujours indiquée.

3- Les intérêts de la France n’étaient pas en cause
Jean-Luc Mélenchon affirme encore que la France ne pouvait justifier son engagement par la menace de ses intérêt fondamentaux (à moins de penser que les gisements miniers du Mali et des pays limitrophes constituent des intérêts propres à la France).

4- Une décision prise sans consultation du Parlement
Enfin, il apparaît que la décision d’intervention a été prise par le seul président Hollande, non seulement sans consultation préalable du Parlement, mais même sans que le gouvernement de Jean-Marc Ayrault en ait été officiellement saisi.

Principal risque : l’enlisement
Il ressort de l’argumentation de Jean-Luc Mélenchon que le principe d’un soutien aux populations africaines sous la férule d’islamistes fous furieux ne saurait être remis en cause.
Mais un vrai soutien, oui, pas ce qui paraît avoir toutes les chances de passer pour une nouvelle guerre d’occupation. Un soutien mené avec un peu plus de préparation, de doigté diplomatique, un peu moins de naïveté politique et surtout sans cette arrogance balourde et précipitée qui fait si souvent de nous la risée de nos voisins.

Car le principal risque est celui de l’enlisement, comme en Afghanistan ou en Libye. Voilà pourquoi la France de François Hollande se retrouve aujourd’hui isolée en première ligne, mal préparée aux événements qu’elle affronte, avec pour toute aide le seul soutien moral de ses prudents alliés.

Le soutien de l’ONU est tout aussi ambigu. 
Convoqué par l’ambassadeur français Gérard Araud, le Conseil de sécurité a pris acte des intentions de la France de faire appliquer la résolution 2085, mais a assorti son avis de ses doutes quant à la capacité des forces africaines de la Misma à intervenir avant plusieurs mois. On ne saurait donner plus de crédit à l’analyse de Jean-Luc Mélenchon.

Le groupe écologiste soutient le gouvernement 

Les parlementaires  se désolidarisent des critiques de Noël Mamère. 
Invité de RFI ce 16 janvier, François de Rugy, co-président du groupe écologiste à l’Assemblée, tente de maintenir le lien avec l'exécutif. L'arriviste Verts estime, non sans condescendance, que les propos très vifs de Noël Mamère, qui a déclaré avoir le " sentiment de revenir aux méthodes anciennes de la Françafrique", ne sont que le reflet d’une opinion personnelle, et "polémique": "Je pense qu’il ne faut pas faire de polémique inutile sur ce genre de sujet, il faut garder son sang froid. (…) Certains propos relèvent de la polémique et relèvent de propos individuels."

Aspirant à un poste gouvernemental, François de Rugy  affirme en outre que les écologistes apporteront leur soutien aux objectifs du gouvernement dans la région. Le groupe a communiqué dans ce sens dès le début de l’opération, vendredi 11 janvier, rappelle-t-il.
"Nous allons apporter notre soutien par rapport aux objectifs qui sont ceux de cette intervention", a-t-il encore ajouter, avant de commenter: "C’est-à-dire stopper cette guérilla islamiste qui n’a d’autre but que de désintégrer le Mali dans un premier temps (...) et destabiliser la région toute entière. Nous sommes d’accord pour faire une intervention pour stopper cela."

Le petit chef du groupe écologiste répond aussi à Jean-Luc Mélenchon
L'ex-socialiste s’est plaint à plusieurs reprises qu’il n’y a pas eu de débat au Parlement avant de lancer l’opération militaire. Le co-président du Front de Gauche qui dit soutenir le gouvernement du moment où des forces militaires sont engagées sur le terrain, n’a pourtant pas manqué de pointer à son tour le spectre de la Françafrique sur cette question. 

François de Rugy affirme que les parlementaires étaient informés et "la sonnette d’alarme a été tirée depuis longtemps" :
"Il y a eu [des débats] dans les commissions concernées," maintient-il (..) Mais l'arrogant dépasse les bornes: "Les parlementaires qui s’informent un peu, je pense qu’ils n’ont pas découvert le problème du Mali vendredi soir ou alors s’ils l’ont fait, c’est vraiment qu’ils ne s’intéressent pas aux affaires internationales."

Mais que répond Rugy à Daniel Cohn-Bendit
Le co-fondateur d'EELV a tancé la " lâcheté de l’Europe"
" Je suis pour l’intervention. Je dis simplement qu’il faut aller un peu plus loin. Il n’y a que des soldats français là-bas. Nous n’avons pas une force civile ou militaire européenne d’intervention. C’est là où le bât blesse. "
Lien
PaSiDupes :
" Mali: le coup de gueule de Daniel Cohn-Bendit "

Et à Eva Joly, la recalée de la présidentielle ?

La députée européenne et ancienne candidate écologiste radicale à l'élection présidentielle, Eva Joly a lancé une vive mise en garde sur l’intervention militaire française "à hauts risques" au Mali : "un conflit avec des terroristes islamistes dans ce pays "risque d'être un remède pire que le mal, selon la binationale altermondialiste.

"Je pense qu’il était urgent d’arrêter l’avancée de ces groupes mafieux et fascistes, et je pense notamment aux femmes maliennes, mais je pense également qu’il est urgent de ne pas y rester trop longtemps", a déclaré l'ex-juge vendredi devant des journalistes. "L’intervention n’est jamais la solution. Sans un projet pour le Sahel, qui ne se réduise pas à la défense des intérêts stratégiques, la guerre au Mali, à l’instar de celle menée en Libye, risque d'être un remède pire que le mal ", a estimé la députée européenne.
La France risque d'être entraînée "dans une guerre longue et coûteuse" et «"malgré toutes les déclarations (...) sur la fin de la Françafrique, conduit une fois de plus une opération à hauts risques en Afrique (...) Nous devons en terminer avec cette fonction de gendarme de l’Afrique ", a  poursuivi la septuagénaire. "Nous devons abandonner immédiatement la rhétorique de la guerre contre le terrorisme qui, de l’Irak à l’Afghanistan, a renforcé le jihadisme et l’idéologie de la guerre des civilisations sans rien résoudre sur le terrain ", a-t-elle accusé.

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