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jeudi 15 juillet 2010

Le PS à Ali Soumaré: « Au revoir et merci ! »

L'élu de la diversité ferait des jaloux
Ali Soumaré, Huchon-ronron et la Ch'tite Aubry

Récupéré par le PS et jeté comme un « kleenex »

Ali Soumaré, Malien d'origine, s'est fait connaître comme porte-parole des familles et des quartiers lors des émeutes de 2007 à Villiers-le-Bel. Le PS a mis la main dessus: recyclé pour les Régionales, il vient de se faire virer.

Un CDD ? Suppression de postes ?
Sa lettre de licenciement, datée du 2 juillet, est signée du maire de Sarcelles, le socialiste François Pupponi, qui l'avait embauché à son cabinet pour s'occuper de la presse.
Lire PaSiDupes sur les désenchantés socialistes des lendemains d'élection
Motif officiel? "Abandon de poste".
Il est vrai que, depuis les régionales, l'ex-tête de liste PS dans le Val-d'Oise (95) ne fréquente plus guère la mairie et les relations entre les deux hommes se sont tendues. En février, ils s'étaient accrochés en marge d'un meeting, dans la maison des Jeunes et de la Culture de Villiers-le-Bel. "Pourquoi t'exposes-tu autant aux media? lui lança alors Pupponi. Tu vas te faire massacrer !" Et de soupçonner, hors de lui et jaloux: "Avoue que tu veux prendre ma place et qu'on t'a promis ma circonscription !"

Une ascension fulgurante
Soumaré n'est pas fils de... et a commencé sa carrière en bas de l'échelle. Membre du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), puis secrétaire de section à 24 ans à Villiers-le-Bel, il accompagne Dominique Strauss-Kahn lors des porte-à-porte dans sa circonscription durant la campagne pour les législatives de 2007. Assis parmi le public, il assiste aussi aux émissions de radio de son champion. Avant son départ pour Washington, le futur patron du FMI lui glisse: "En politique, Ali, il ne faut rien demander, il faut prendre et, pour cela, il faut toujours être prêt." Est-ce pourquoi Désirdavenir Royal n'arrive à rien ?
En août dernier, il profite de l'université d'été à La Rochelle pour s'empresser de ne pas suivre ce précieux conseil. Il convainc le responsable de sa fédération, Dominique Lefebvre, maire de Cergy, de lui laisser sa chance. "Es-tu conscient que c'est un job compliqué et que tu seras constamment attaqué ?" insiste Lefebvre. Personne n'imagine alors l'ampleur de la polémique qui va déchirer la campagne des régionales. En quête de candidats issus de l'immigration, le PS met la main sur Ali et le propulse aux avant-postes. Martine Aubry et Jean-Paul Huchon s'affichent bientôt avec le jeune homme dans les meetings. Les prétendants de plus longue date font grise mine. En privé, certains déçus persiflent. "Saura-t-il répondre aux journalistes qui l'interrogeront sur le budget du conseil régional, lui qui n'a même pas le bac ?" Mais bon. Hamon n'est-il pas professeur associé d'université avec ...bac +3 ?

Ali fait de l'ombre aux "culs blancs" du PS
Son patron local s'inquiète face à une jeune pousse que Le Monde ou Libération ont pris en affection. A 29 ans, Ali Soumaré est passé subitement de l'ombre à la lumière, à la faveur des polémiques dont il a été victime. Et il a pris goût aux lumières. Le voilà qui prépare une autobiographie, à paraître en octobre. Il n'en revient toujours pas de sa popularité dans la rue ou que l'administration d'Obama à Paris voient en lui un symbole Noir utile. "Je suis régulièrement invité", s'étonne-t-il. Les officiels américains, qui cherchent à tisser des liens avec des relais d'opinion en banlieue, lui déroulent le tapis rouge à chacune de ses visites.

Vicitime des attaques de l'UMP en campagne
Le 28 janvier, Francis Delattre (UMP), le maire de Franconville, envoie une première bordée, en comparant Soumaré, d'origine malienne, à "un joueur de l'équipe réserve du PSG": rétrospectivement, cette comparaison à Thierry Henry au Mondial était-elle vraiment tellement infâmante ? Puis, la campagne des régionales se prête à une deuxième salve, le 18 février. Dans un communiqué, F. Delattre publie une liste de condamnations - de la conduite sans permis au vol avec violence - et accuse Soumaré d'être tout sauf un exemple de réussite républicaine.

Au QG de campagne, des socialistes sont saisis par le doute et la panique
Manque de chance, le week-end débute et les tribunaux sont fermés : impossible de vérifier l'exactitude des accusations. Depuis la Réunion, où elle attend son avion pour rentrer en France, Martine Aubry n'est sûre de rien et appelle Ali Soumaré. Elle doute et le met au pied du mur. "Que celui qui n'a pas fait de fautes te jette la première pierre. Si tu as fait des erreurs, on sera derrière toi, mais il faut que tu nous dises ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas dans tout ça." Aurait-elle eu confiance, Aubry aurait-elle ensuite appelé Lefebvre, à l'origine de la candidature de Soumaré ? Elle le met en demeure: "Chez moi, à Lille, quand un jeune a fait une connerie, on le sait. Alors renseigne-toi pour savoir si tout cela est vrai!" La confiance règne: il est vrai que ce n'est pas encore la "politique du bien-être"...

Sous le choc, Soumaré est abandonné aux media qui le harcèlent.
Il explique donc qu'il a eu des ennuis avec la justice (condamnation à six mois ferme en 1999 pour vol aggravé), il y a si longtemps !

Il admettra aussi une condamnation à deux mois ferme pour rébellion en 2009.
Effaré par tant de sincérité, l'équipe de Jean-Paul Huchon (ci-dessus), tête de liste en Ile-de-France, lui impose le silence : "Protège-toi, débranche, change de numéro."
Harry Roselmack, le journaliste « indépendant » de TF 1 prend son parti, tente sa chance et lui envoie un SMS : "Ali, décroche. STP." Il veut l'inviter, le lundi, au 20 Heures: "C'est dans ton intérêt, tu peux couper court, ainsi, à la polémique." Soumaré refuse.
Lire PaSiDupes sur ce membre du club Averroes pour l'intégration des minorités ethniques dans les media

Parallèlement, la riposte judiciaire se prépare. C'est l'avocat Jean-Pierre Mignard (ci-contre à droite), le parrain des enfants Hollande-Royal, bien implanté sur Villiers-le-Bel, qui est choisi pour orchestrer la contre-attaque. "Il fallait un avocat immédiatement disponible, qui ait un sens politique et soit capable de faire face à la pression médiatique", raconte Marie-Pierre de la Gontrie, la porte-parole de la campagne, au coeur de la cellule de crise. On appelle ensuite François Pupponi. Comme employeur, il dispose d'une copie du casier judiciaire de Soumaré. Il rassure ses camarades: "Il y a bien une affaire ancienne, mais c'est tout." N'aurait-il pas voulu tout dire ? Et à qui le "crime" aurait-il profité ? Le mardi, la procureure de Pontoise déclare que certains délits, en particulier un vol aggravé avec violences jugé en 2007, concernent un homonyme.

Un dédoublement de la personnalité serait donc la cause des aveux originaux de Soumaré. Ses vol aggravé et rébellion étaient-ils des vantardises ?
Lire aussi PaSiDupes

Ironie de l'histoire
Dans les coulisses d'une chaîne de télévision, Ali Soumaré croise Eric Woerth, alors ministre du Budget. Le ministre lui glisse alors: "Ce ne sont pas des méthodes."

Mais il est victime d'une rumeur interne
Le socialiste devient une icône pour ses camarades. "A-li ! A-li ! A-li !" crient les militants au soir du premier tour des régionales, au QG de la gauche.

A son arrivée au Conseil régional, en mars, ses camarades socialistes lui trouvent les dents longues: on lui prête aussitôt l'intention de briguer des vice-présidences, ce qu'il réfute. "On ne m'a pas trop mal traité", concède toutefois le jeune élu, qui se retrouve, pour un premier mandat, membre de trois commissions thématiques et de la commission permanente. Il se voit également confier une mission sur la coopération avec le Mali et la Mauritanie.

Sous le boisseau
"Dans l'hémicycle, il n'est pas une vedette, note Pierre-Yves Bournazel, conseiller régional UMP. Son groupe ne le met pas en avant sur des prises de parole politiques importantes. C'est comme s'ils le cachaient."
Un élu socialiste de son département ne s'en étonne pas : "Ali est jeune, il doit apprendre. On ne peut pas lui demander de rentrer dans le monde des institutions comme s'il était un énarque de 50 ans."

Comme au coin d'un bois
Il est désormais attendu au tournant. Convoqué le 25 juin, comme témoin, par la cour d'Assises de Pontoise, où sont jugés cinq hommes alors soupçonnés d'avoir tiré sur les forces de l'ordre lors des émeutes de Villiers-le-Bel en 2007 (et aujourd'hui condamnés), Ali Soumaré - qui fut le porte-parole des familles des deux adolescents tués dans une collision avec une voiture de police - témoigne en faveur de l'un des accusés et énerve la présidente, qui veut connaître les noms des personnes présentes au début des incidents. Soumaré élude. "Votre témoignage nous laisse une impression de flou, s'agace la magistrate, 80 policiers ont été blessés." Le lendemain, la presse crée l'événement la polémique: "Ali Soumaré malmené devant la cour d'Assises". Lien Le Parisien

Et que fait le PS des vieilles chaussettes noires?

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