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jeudi 11 octobre 2007

Cogestion : les ministres dirigent-ils leurs ministères ?

La gauche s’accroche à la cogestion
Ce qui se passe actuellement en réponse à la volonté de réforme du gouvernement le démontre pleinement. Partis et syndicats, pour ne mentionner qu’eux, réclament la concertation à cor et à cris, veulent en fait imposer leurs vues, mais découvrent que les pressions ne fonctionnent plus comme jadis et que leur culture du dialogue à une voix est remise en cause par le gouvernement. Les enfants gâtés de la gauche nous font une grosse colère, toute rouge.

La cogestion, c’est encore un avantage acquis, mais ça consiste en quoi ?
La cogestion est un système consistant en la gestion, sur le principe du paritarisme, ou gestion paritaire, d'un organisme par un nombre égal de représentants des employés et des employeurs. On parle alors d'un organisme paritaire.
La cogestion ou paritarisme est introduite pour la première fois en France par la loi du 19 octobre 1946 portant sur le statut de la fonction publique, et la mise en place des instances paritaires de concertation. Ses commissions sont consultatives et non décisionnelles, mais elles permettent d'introduire les syndicats aux différents échelons de l'administration française. Les structures administratives étaient précédemment gérées par les seuls supérieurs hiérarchiques.
Avec la Sécurité sociale, le schéma est inversé. Alors que la gestion était confiée aux représentants élus des assurés depuis la création de l'institution en 1945, l'ordonnance Jeanneney du 21 août 1967 –le Général de Gaulle étant président- partage ce rôle avec les représentants du patronat, dont les contributions financières sont de loin les plus importantes.
En pratique, les représentants des employés sont souvent issus des syndicats qui sont considérés comme représentatifs. Seuls cinq profitent de cette reconnaissance officielle :
- CFDT (Confédération française démocratique du travail)
- CFE-CGC (Confédération française de l'encadrement - Confédération générale des cadres)
- CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens)
- CGT (Confédération générale du travail)
- CGT-FO (Confédération générale du travail- Force ouvrière)
Les autres sont justement exclus, car s’ils sont belliqueux et plus radicaux encore que les cinq, ils refusent souvent de participer au gouvernement et incluent trotskistes, anarchistes et révolutionnaires, ce qui n’exclut pas qu’ils puissent constituer une minorité agissante au sein des organisations représentatives.

La gauche récente a déjà eu à subir les assauts des uns et des autres, les marginaux, mais aussi les ‘officiels’. Prenons l’exemple de pressions ‘internes’ par les co-gestionnaires sur le ministre pourtant socialiste, Claude Allègre...
Claude Allègre est ministre français de l'Éducation nationale de 1997 à 2000, dans le gouvernement de son ami Jospin. À peine nommé ministre, il prononce à la télévision la phrase « Il faut dégraisser le mammouth. ». Restée célèbre, elle est généralement considérée comme le point de départ du conflit qui l'oppose par la suite aux syndicats enseignants (notamment le SNES (Syndicat national des enseignements de second degré), émanation de la FSU (et qui appartient donc à Attac, et d’autres du même acabit). Tout le corps enseignant se sentit d’ailleurs en danger.
Allègre parle aussi en termes concrets de l'absentéisme des enseignants, citant des taux faramineux et contradictoires avec ceux –qui doivent rester opaques- de ses propres services, parce qu’ils sont noyautés. Il collectionne ainsi les petites phrases jugées provocatrices par les syndicats, du style : « 12 % d'abstentéisme dans l'Éducation nationale, c'est beaucoup trop. Il y a des gens qui considèrent qu'ils ont droit à des congés maladie. Pas moi [...] Les enseignants ont quatre mois de vacances et, en plus, ils prennent leurs congés formation sur la scolarité ». Des pavés dans la mare !
Il prend à contrepied, le SNES (cf. FSU) et sa secrétaire générale, Monique Vuaillat, qui, dès son arrivée, avait poursuivi la tradition d’ingérence de ses prédécesseurs dans l’administration de l’EN, en brandissant la menace de mobilisation générale. Elle avait pris l’ascendant sur François Bayrou qui la consultait avant de décider et voulait ainsi passer pour un bon ministre consensuel : en fait, il lui délégua peu à peu. Le "laisser-faire" garantissait la paix sociale au futur candidat super-pur à la Présidentielle! Sous Jospin ensuite, de 1988 à 1992, elle s’était imposée au Ministère et participa toujours plus activement à une sorte de cogestion de l'Éducation nationale. C’était devenu à ce point indécent que, dès son arrivée, Claude Allègre clama « La cogestion, c'est fini. » Il déclara également qu'il « veut remettre l'enfant au cœur » du système -autant dire le libérer aussi des fédérations- , remettre les professeurs au travail, les obliger à « jouer en équipe », décloisonner le système, rapprocher l'école de l'entreprise, réduire les conséquences désastreuses de la « massification » de l'école par une prétendue individualisation de la prise en charge des élèves, redonner leurs lettres de noblesse à l'autorité et à l'excellence, méprisées depuis trente ans: on sait ce qu'il en est, sans le concours des enseignants.
Il met en œuvre la déconcentration de la gestion du personnel jusqu'à présent aux mains des syndicats. Il valait mieux adhérer à ce qui est devenu la FSU pour avoir une progression de carrière convenable. Les militants, eux, progressent à la vitesse V et les critères ne sont guère pédagogiques dans les commissions dirigées en fait par les syndicats… De nombreux recteurs et hauts fonctionnaires ont considéré que cette décision fut une des plus grandes réussites du ministre : les syndicats dominants étaient pour un temps marginalisés. Fort du soutien des parents d'élèves, des partis de droite et de son premier ministre, Allègre supprima les heures supplémentaires des professeurs pour payer l'embauche des emplois-jeunes -au dériment des enseignants qui se targuent d'uneavancée de la gauche!; décision qu'il regrettera plus tard car elle le coupa de la masse des enseignants-moutons.
Que croyez-vous qu’il advient en 2000 ? Claude Allègre est remplacé par Jack Lang au Ministère de l'Éducation nationale, à la suite de grandes manifestations en mars 2000 : grèves et mouvements pour plus de moyens et contre la ‘logique de privatisation’ et le vendredi 23, une manifestation nationale se déroule devant le ministère de l'Education Nationale, où sont présents des délégations des 4 universités en grève, Le Havre, Nantes, Montpellier III et Metz ainsi qu'une bonne délégation des universités Parisiennes.
Jospin le nomme pour son côté mou et sa démagogie auprès des jeunes, en cette période préélectorale, afin de calmer les esprits : « C’est la hantise de tout ministre d’avoir les lycéens dans la rue », raconte-t-il, nommé à deux reprises (1992-1993 ; 2000-2002) pour pacifier le monde éducatif, calmer les syndicats et les représentants des parents d'élèves. La vérité, c’est que la FSU téléguide ses satellites : la FCPE et l’UNEF. Depuis la Libération, la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves (FCPE) réunit et mobilise parents de gauche mis en mouvement par les enseignants-parents de gauche qu animent la FCPE .
L’UNEF ?
Jean Cornec (7 mai 1919 - 16 décembre 2003), avocat français, membre de … "La Révolution prolétarienne", revue fondée par Pierre Monatte, et président de la Fédération Conseil des Parents d'Elèves (FCPE) de 1956 à 1980 (24 années..., alors évidemment considérée comme la Fédération Cornec!)
Julien Dray : Lorsqu’il entre à l’université, Julien Dray rejoint tout naturellement le syndicat étudiant de prédilection de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), le MAS ("Mouvement d'action syndicale"). S'impliquant de plus en plus dans la politique et le syndicalisme, il devient responsable du secteur jeunesse de la ligue. En 1977, lorsque la LCR devient majoritaire au MAS, Julien Dray est élu au poste de secrétaire général. En 1980, le MAS participe à la création de l’UNEF-ID. À l'UNEF-ID, Julien Dray occupe alors le poste de vice-président mais surtout, il organise la "Tendance LEAS" (Luttes étudiantes ! Action syndicale !).
À l’automne 1981, Julien Dray quitte la fac (avec une licence d’histoire-géographie et un DEA d’Economie, qui en font un enseignant-chercheur !) et la LCR, pour faire carrière, au PS : c’est l’époque Mitterrand ... De la valeur de certains diplômes, certains postes et des convictions politiques qui vont avec.
Des similitudes entre les deux trajectoires : les DEA sont des diplômes-maison où réussissent à merveille les syndicalistes de l’UNEF, tel Bruno Julliard, outre Juju Dray : le grade de master peut être conféré par l'Etat -donc la fac- aux titulaires de certains autres diplômes, notamment le DEA (diplôme d'études approfondies, préparé en deux ans après la licence et qui récompense parfois les bons et loyaux services de quelques-uns : il faut seulement connaître les bonnes filières). Julliard, dont la maman est maire socialiste du Puy-en-Velay, a commencé au Comité d'action syndicale de Lyon II (CAL) et ne pouvait qu’être récompensé.
Autre syndicat, mêmes mœurs, mêmes courroies de transmissions ? Non ! L’Education nationale est une chasse gardée, un monopole de la gauche, sa chose, comme le sont les ministres…
Jusqu’à présent !
Dans ses luttes, la gauche défend donc moins sa base que son fromage.

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