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lundi 3 septembre 2007

‘La Défaite en chantant’ : entretien d’Allègre avec J.-M. Apathie

Hollande,un magouilleur, selon Allègre

L'ancien ministre socialiste de l'Education Claude Allègre, qui publie "La Défaite en chantant" (Plon), répondait jeudi matin (sur RTL) aux questions de Jean-Michel Aphatie. Il estime que son Premier secrétaire François Hollande, qu'il qualifie de "magouilleur", est "le responsable principal de toute cette pagaille", car il "a foutu un bordel noir" lors de la campagne présidentielle .

LU sur le blog de Jean-Michel Apahatie:

Jean-Michel Aphatie : Bonjour, Claude Allègre.

Claude Allègre :
Bonjour.

Donc, vous publiez ce livre aux éditions Plon Fayard et c'est une mise en cause terrible du Parti socialiste et de ses dirigeants. Page 15, vous écrivez ceci : "La caractéristique des socialistes, c'est qu'ils ne travaillent pas énormément. Beaucoup sont d'authentiques paresseux". Alors, paresseux, en politique, ça veut dire quoi pour vous, Claude Allègre ?


Ils ne travaillent pas.

Ils ne travaillent pas, quoi sur la société française ? Ils n'essaient pas de la comprendre ?


Eh bien, oui, ils ne travaillent pas. Ils ne réfléchissent pas. Y'a plus de groupes d'experts. Y'a qu'à lire le programme du Parti socialiste, c'est un patchwork dans lequel on parle de ceci, de cela, de ceci. Y'a pas d'idées, y'a pas de corps de doctrines, y'a pas de réflexions d'ensemble. Ils n'ont pas travaillé.

C'est terrible : de ne pas travailler et demander à leurs concitoyens de voter pour eux, c'est terrible ça ?

Oui, mais parce qu'ils ont eu l'illusion au moment de la victoire des régionales, ils ont cru que c'était gagné et que ... François Hollande disait, à l'époque : "Un chien coiffé gagnera à l'élection présidentielle".

Un chien coiffé !


Oui.

Ah, tiens, ça il ne l'a pas dit publiquement, honnêtement. Il l'a dit à vous ?


Non, mais enfin c'est ce qu'il pensait.

C'est ce qu'il pensait. Ségolène Royal, elle a bien travaillé avant d'être candidate à l'élection présidentielle ? Elle a bien regardé les dossiers ?


Ecoutez, je ne sais pas si elle a regardé les dossiers mais elle a dû les regarder très vite.

Ca vous fait marrer, ça ?


Oui, ça m'amuse beaucoup parce qu'à la fois, ce que je dis dans mon livre, beaucoup de gens aujourd'hui la méprisent totalement, ce qui est une erreur parce que je ne pense pas que ça soit quelqu'un qui soit non intelligent, etc ... Simplement, je pense qu'elle est centrée sur elle-même. Et je crois qu'elle va reprendre l'offensive dans le Parti socialiste. Et elle ne sera pas toute seule.

Et elle peut en être la dirigeante au fond ?


En tous les cas, elle le souhaite.

Elle le souhaite.

Vous dites puisque c'est un livre d'entretiens avec Dominique de Montvallon, journaliste au Parisien, quand il vous demande : A qui vous fait penser Ségolène Royal, vous avez cette réponse quand même ; on peut se dire, tiens Claude Allègre, il est excessif, vous dites : à Pierre Poujade. Alors, pour les plus jeunes, Pierre Poujade c'était la représentation des intérêts catégorielles ...

Non, mais au point de vue de l'idéologie qu'elle a développée parce qu'elle développe des arguments pour Madame Michu ; et elle plaît à Mme Michu, c'est-à-dire, c'est du genre des arguments ...

C'est une électrice, Mme Michu.


Mais je n'ai pas dit le contraire.

C'est une citoyenne, d'abord.


Oui, mais simplement je pense qu'elle a instauré quelque chose. Elle est contre les experts. Elle a instauré ce que j'appelle l'incompétence et le gage de la démocratie. N'importe qui pourra avoir une opinion sur n'importe quoi. Mais je ne crois pas. Je pense qu'il faut travailler. Les dossiers sont techniques et je pense qu'on ne peut pas avoir une opinion n'importe comment. Or, je crois qu'elle réagit. Je décris ses déclarations en politique internationale qui ont été particulièrement caricaturales ; mais sur des problèmes concrets, y'a pas de propositions autrement que "Madame, vous avez bien raison, il faut raccompagner les femmes policiers ... derrière chacune, on met un policier, etc ... " Je pense qu'il n'y a pas de fond, si vous voulez.

Alors, celui avec lequel vous êtes peut-être le plus violent, tout de même, c'est François Hollande.


Pas violent, mais sévère.

Violent aussi. Vous le décrivez comme un coq qui fait le mariole au milieu de la basse cour. Donc, ça c'est pas très gentil. Vous dites qu'il a perdu la confiance des membres de la direction du PS à force de leur mentir.

Juste une description, ça. C'est pas un jugement. C'est une description.

Oui, on peut le dire comme ça. Et vous dites : au fond, vous le dites comme ça, je me suis tellement trompé sur cet homme.


Absolument.

Pourquoi ?


Parce que je ne pensais pas que ... Je pense qu'il est responsable de tout ce qui arrivé parce qu'il a joué la division. Il est venu rechercher Lionel Jospin qui, à ce moment-là, je peux vous dire, n'avait pas bien envie de revenir. Il a encouragé... Non, non, il n'avait pas...

Jospin, ça l'a quand même chatouillé longtemps l'envie de revenir !


Non, pas du tout. Je pense que vous vous trompez.

Non, non, d'accord.

Je pense que, moi, j'avais envie qu'il revienne ... Daniel Vaillant ... mais lui-même était très sceptique ...

Mais alors vous dites : je me suis trompé sur François Hollande ...


Oui, je me suis trompé.

Vous pensiez que c'était un grand dirigeant ? Et puis vous êtes déçu ?


Je pense que c'est un homme intelligent, vif, sympathique. Je pensais qu'il avait la stature de devenir un dirigeant et je me suis aperçu que c'était un magouilleur. C'est Guy Mollet. Et je pense qu'il n'est pas éliminé du jeu politique. Je pense que comme Guy Mollet ... Vous savez : vous, vous êtes peut-être un peu jeune mais à la SFIO ...

Je suis jeune !


... à la SFIO, c'était très, très amusant parce qu'il y a eu des tas de réformateurs à la SFIO, des couches successives. Alors, à chaque fois, Guy Mollet disait : je ne serai pas l'obstacle à la rénovation. Et puis le congrès d'après, il était réélu secrétaire général. Alors, là, je crains qu'on fasse exactement la même chose.

"Magouilleur" : c'est méchant !


"Magouilleur !" Attendez ! Ecoutez, quand on encourage Lang, Jospin, Ségolène pour espérer - parce que c'est clair sa stratégie - sa stratégie, c'était quand le marigot sera plein, on viendra chercher le premier secrétaire. Et finalement, il a mis ce parti parterre. Donc, je pense qu'il a une responsabilité énorme.

Il y a pas grand monde qui trouve grace à vos yeux. Valls et Montebourg, quand on vous demande si c'est des jeunes ...


Ah non, non, il y a beaucoup de gens qui trouvent grace à mes yeux, si vous lisez.

Vous répondez que ce sont des hyènes et des chacals. C'est pas fréquent dans le monde politique d'être qualifié comme ça ...


J'ai dit que c'étaient des chacals parce que ça suit, les chacals, ce sont les bestioles qui suivent les lionnes.

Mais c'est pas sympathique les chacals. D'accord, ça n'a pas une bonne image de marque !


Mais, ils n'ont qu'à avoir des idées. Ils ont qu'à travailler. Au lieu de penser au pouvoir, ils ont qu'à travailler. Moi, j'ai connu un Parti socialiste organisé par Lionel Jospin dans lequel on fournissait les textes, on travaillait. Il y avait un groupe d'experts. Il y avait 500 personnes dans le groupe d'experts qui produisaient des documents. Tout ça, ça n'existe plus.

Ca n'existe plus. Oui.

La révélation, aussi, vous vient tard puisque vous dites, page 196, "Le RMI, les indemnités chômage mal contrôlées, une Sécurité sociale trop généreuse, les RTT, nous avons donné naissance à une société d'Assistés."

Absolument.

Terrible, ça !

Est-ce que vous êtes aujourd'hui favorable à ce que dit, par exemple, Laurence Parisot : augmenter l'âge du départ à la retraite 61-62 ans...

Mais c'est une évidence. C'est une évidence, les deux grands problèmes qu'ont la gauche, aujourd'hui ...

Ou la société française.

..et la société française : c'est le vieillissement et la mondialisation.

Ce n'est pas que la gauche.


Il faut trouver deux solutions à ces problèmes.

Donc, Laurence Parisot a raison.


Là-dessus, elle a absolument raison, bien sûr.

Vous êtes encore de gauche, vous allez être exclu du Parti socialiste avec ce discours, Claude Allègre ?


Non. Non, mais je ne reprendrai pas ma carte au mois de janvier.

Vous vous auto-excluez ?


Non, je ne m'auto-exclue pas. Je me mets de côté. Je n'approuve pas ce qui se passe ; donc je me mets de côté. Si demain, une nouvelle direction, etc ... Je re-rentrerai au Parti socialiste. Ca me fait un peu mal au coeur parce que ça fait 34 ans que je suis membre de ce parti. Je connais beaucoup de monde, j'ai beaucoup d'amis. Mais voilà ! Non, non ... Non, non, je ne m'auto-exclue pas du Parti socialiste. Je reste profondément de gauche et beaucoup plus d'ailleurs que le programme du Parti socialiste.

D'accord. Alors, pour finir, que les auditeurs le sachent, vous dites, c'est votre dernière phrase : "J'observe avec beaucoup d'intérêt et je le dis, d'admiration : les efforts de Nicolas Sarkozy pour moderniser la France".


Absolument.

Claude Allègre, admirateur de Nicolas Sarkozy et qui a écrit un livre qui s'appelle "La défaite en chantant". C'est publié aux éditions Plon Fayard, le 30 août 2007.

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